Petit à petit, Huawei a bâti son IoT

Petit à petit, Huawei a bâti son IoT 800 partenaires, 2 000 références, 150 millions d'objets connectés vendus : le groupe chinois n'est pas qu'un fabricant de smartphones, il est aussi un géant de l'IoT, qui après l'Asie s'attaque à l'Europe, et notamment à la France.

Avec l'ouverture de sa première boutique à Paris début mars, le chinois Huawei entend prouver que son écosystème s'étend au-delà des smartphones. Le premier étage du lieu rassemble un pôle sur la maison connectée. "Nous avons voulu proposer un magasin expérientiel montrant aux consommateurs français l'univers de Huawei avec des produits qu'ils ne connaissent pas, notamment des objets connectés issus de partenaires tiers", explique Julien Verdier, à la tête de la communication des activités consumer chez Huawei en France. Pour le constructeur, 2020 marque un tournant. "La connexion ne se limite plus au smartphone et au PC. Nous entrons dans un monde du tout connecté via l'IoT et la 5G va propulser cette tendance", assure François Hernandez, vice-président des ventes chez Huawei en France.

Huawei déploie sa stratégie IoT depuis un peu plus de deux ans. Nommée 1+8+N (pour 1 smartphone pilotant 8 applications Huawei et supportant N usages), elle s'est d'abord appuyée sur des wearables, montres et bracelets connectés en tête. "Nous voulons répondre avant tout aux attentes des utilisateurs", explique Dorothée Dupuis, directrice retail & marketing chez Honor, filiale de Huawei positionnée sur l'entrée de gamme et ciblant un public plus jeune. La marque a lancé une montre connectée début février. Elle avait en parallèle commandité au cabinet Canalys une étude confirmant que les écouteurs connectés, les enceintes et les montres sont les produits IoT les plus attendus.

C'est au cœur d'un laboratoire IoT situé à Shenzhen que les deux marques développent leurs objets connectés. Huawei consacre 15% de son chiffre d'affaires à l'innovation, soit 15 milliards d'investissement en R&D en 2019.

Un écran pour piloter les objets

Au cœur de l'écosystème Huawei se niche la technologie HiLink. Le groupe a créé cette plateforme cloud pour fédérer tous ses produits. La firme a également mis au point son propre protocole réseau basé sur ses infrastructures de télécommunications pour connecter les devices associés, tous pilotables via son application AI Life.

En parallèle, Huawei a noué une série de partenariats, à la fois avec des fournisseurs technologiques comme l'acousticien français Devialet, pour enrichir ses produits, mais aussi avec de grands groupes, comme Legrand, Bosch, Siemens ou Netatmo, pour rendre compatibles leurs objets avec sa plateforme. Aujourd'hui, HiLink regroupe un total de 800 partenaires dans le monde opérant 150 millions d'objets connectés représentant 2 000 produits IoT labellisés Work with Huawei HiLink, et 50 millions d'utilisateurs enregistrés. C'est cette offre que le géant entend commercialiser à terme en France.

Au-delà des wearables, ce sont ainsi toute une série d'objets connectés que Huawei va proposer, de la brosse à dent à la bouilloire connectée. "Nous ne nous fixons pas de limite. À partir du moment où un bien facilite les usages, il est pertinent que Huawei soit présent sur ce marché. De nouvelles lignes de produits vont donc émerger", assure François Hernandez. Au deuxième trimestre, Huawei commercialisera une enceinte connectée, la Huawei Sound X, élaborée avec Devialet. Suivie, plus tard dans l'année, d'un écran connecté à partir duquel le consommateur pourra piloter l'ensemble de ses produits communiquant rattachés à HiLink.

Huawei ne compte par ailleurs pas s'arrêter au marché grand public. La firme chinoise a annoncé son ambition de cibler les hôpitaux et de se positionner dans l'agritech. En Suisse, un partenariat avec le fournisseur Sunrise lui permet d'équiper les bovins de colliers pour suivre leur état de santé. "Nous nous impliquons aussi dans l'essor des smart cities, nous avons notamment connecté une gare en Chine. L'objectif est d'appliquer ce que l'on sait faire pour le grand public à une échelle plus large pour nous étendre à tous les usages", souligne François Hernandez. Et Dorothée Dupuis de conclure : "Quand Huawei  s'engage sur un marché, comme ici l'IoT, c'est pour devenir une marque de référence."