L'open source redistribue les cartes de la transformation numérique

Mutualisation des ressources, revalorisation de la chaîne de valeur, construction d'écosystèmes interopérables... l'open source constitue l'instrument essentiel pour s'installer de façon pérenne dans le numérique et pour accélérer la mutation des modèles en place, tant économiques, organisationnels que liés à l'innovation. La crise justifie à elle-seule un regard nouveau. L'heure est davantage à la collaboration et l'open source en est le facilitateur.

Dans ce climat de crise où les budgets subissent de drastiques cures d’amaigrissement, la mutualisation des ressources apparaît aujourd’hui comme une aide précieuse pour assurer et pérenniser les stratégies de transformation numérique menées dans l’ensemble de l’industrie. Les modèles d’innovation en place, freinés par les silos informationnels des SI des entreprises, doivent, encore plus qu’auparavant, être repensés en prônant une dimension d’ouverture. Plus qu’une roue de secours, cette ouverture devient une clé de la relance. Le redémarrage du système dans son ensemble.

Icône de cette ouverture, l’open source a aujourd’hui une carte à jouer. Il en devient même l’instrument maître. Ancré à la fois dans les technologies d’avenir les plus modernes, (big data, cloud, IA, IoT, blockchain), l'open source symbolise aujourd’hui le premier modèle de conception logicielle et de plateformes propice à l’innovation et contribue ainsi à poser le socle de la transition vers le numérique. Mais il n’est pas qu’IT, Infrastructure et logiciel. Si l’open source représente déjà une norme en matière d’innovation pour certaines entreprises, c’est aussi parce que ses valeurs véhiculent des principes de collaboration, de partage et de mise en commun qui re-modélisent le concept de fabrication du numérique et les modèles économiques. Une clé de voûte pour bâtir un système où le modèle de développement collaboratif trouve une place de choix dans l’innovation.

Il devient en effet naturel d’unir ses forces pour entamer cette mutation et repenser les circuits et les cycles de l’innovation quand “faire avec (beaucoup) moins” redevient la norme.  A l’heure où le gouvernement prévoit un plan de relance de 100 milliards d’euros dont 7 milliards alloués au numérique, il est opportun d’identifier la bonne mécanique pour distiller ces investissements et poser les bases d’une innovation et d’une transformation durables. Surtout quand le numérique constitue le principal levier de croissance pour les entreprises.

Mutualiser et repenser les relations avec les acteurs de sa chaîne de valeur

Pour cela, il est essentiel de modifier les fondements en place, à commencer par les relations qui existent entre les membres de chaque écosystème. Les entreprises ont la possibilité d’accélérer l’innovation et la construction de modèles économiques via la mutualisation et la complémentarité de leurs savoir-faire, sans créer d’interférences au niveau métier. Mais pour réussir, cette collaboration, continue et maîtrisée, demande un outil capable de faire émerger des actifs communs au sein même de cet écosystème. L’open source apparaît là comme un outil d’interopérabilité et d’innovation d’une part, et de pérennité et de maîtrise des coûts d’autre part. 

Les cas d’usages sont déjà visibles dans l’industrie. Ce principe de mutualisation peut être appliqué à une démarche sectorielle où les parties prenantes s’unissent pour faire émerger les maillons manquants de leur chaîne. Ce constat a été fait dans le domaine de l’industrie intelligente (smart factory) ou encore dans celui de l’industrie automobile. Pour ce dernier, l’enjeu est de taille car ce marché doit bouleverser les règles de son modèle très établi : transformer des automobiles, un bien de commodité, en objets autonomes gonflés de numérique et d’intelligence. Et que dire de l’agriculture ? Ce secteur primaire est généralement peu associé au numérique, pourtant sa mutation en cours le place au cœur de ce nouveau modèle (source : Eclipse IoT Developer Survey 2020). La smart agriculture symbolise à elle-seule le renouveau d’un secteur grâce à l’open source. Un secteur dans lequel la création de valeur part de cette mutualisation des compétences et des ressources.

L’open source pour se moderniser durablement

Si ces segments, très influents dans l’industrie française, ont adopté cette approche, c’est que les gains sont considérables : les barrières qui freinent l’innovation dans les entreprises sont levées. L’open source apporte l’outillage pour accélérer cette transformation, sans pour autant multiplier les investissements. Les mécanismes de collaboration et d’ouverture limitent aussi le verrou-vendeur. Mais les gains sont également - surtout - d’ordre structurel, d’une portée bien plus profonde : l’open source décloisonne les modèles et réinvente les circuits grâce à ces écosystèmes. Il permet aussi à une entreprise de se réapproprier ses systèmes en recrutant des développeurs et de gagner en autonomie dans son innovation. Toutefois, cette vision ne sera complète qu’à condition d’instaurer un modèle clair de gouvernance. Un environnement structurant capable d’encadrer les communautés et de sécuriser les liens qui existent entre les écosystèmes verticaux et technologiques. Cet environnement fertile où peut naître l’innovation est le rôle joué aujourd’hui par les fondations open source. 

Ces institutions, qui ne s’adossent pas à un modèle bâti sur le profit - et c’est ici clé -, apportent simplement la garantie d’un projet durable réussi. Un édifice solide pour dynamiser et pérenniser un projet. La garantie “open source”.