Unabiz lève 25 millions de dollars pour faire passer l'IoT à l'échelle

Unabiz lève 25 millions de dollars pour faire passer l'IoT à l'échelle Le fournisseur de services IoT, qui gère 1,4 million d'objets connectés, élargit son terrain de jeux hors de l'Asie et développe des fonctionnalités pour lever le frein aux déploiements massifs. Avant d'investir dans l'écosystème français.

Connu en Asie pour ses déploiements IoT et pour être l'opérateur exclusif du réseau Sigfox à Singapour et à Taïwan, Unabiz entend désormais faire parler de lui à une échelle encore plus vaste. Le fournisseur de services IoT lève 25 millions de dollars (soit plus de 21 millions d'euros, ndlr) pour accomplir trois objectifs. En premier lieu son expansion géographique, avec l'ouverture de bureaux au Japon, en Asie du Sud-Est et en Europe. Une dizaine de personnes seront embauchées en France. "Nous ouvrirons au deuxième trimestre 2022 un bureau à Paris pour gérer nos activités européennes", se réjouit Henri Bong, cofondateur et PDG d'Unabiz, qui considère cette étape comme un retour aux sources. Lui et son cofondateur Philippe Chiu sont en effet tous deux de nationalité française.

Le deuxième objectif majeur d'Unabiz est le développement de sa nouvelle plateforme IoT UnaConnect. Sa particularité est d'être multi-technologies, "de la 0G à la 5G, en passant par les réseaux LPWAN". "Les clients ont du mal à adopter l'IoT sans socle commun. L'énergéticien japonais Nicigas par exemple a déployé plus d'un million de capteurs, la plupart en Sigfox mais 100 000 d'entre eux étaient connectés en LTE-M et ne remontaient pas les données de la même manière. C'est pour assurer l'homogénéité des données que nous avons initié le développement de cette plateforme", raconte Henri Bong. En plus de la possibilité de configurer les objets connectés, la plateforme UnaConnect va permettre un cryptage des données, quelle que soit la technologie utilisée (Unabiz a déposé un brevet sur cette fonction) et pourra assurer une gestion multicloud des données. "Les clients doivent pouvoir choisir entre les data à traiter en local ou sur un cloud", souligne le cofondateur. Des critères indispensables pour le passage à l'échelle.

Enfin, Unabiz se servira des fonds pour renforcer son activité dans l'asset tracking en logistique, dans les utilities et dans le facilities management. "Pour réussir dans l'IoT, il faut parler métier", soutient Henri Bong, qui agrandira ses équipes d'experts dans ces domaines. Unabiz mise sur ses tarifs pour attirer les clients. "Nos premiers tarifs commencent à 0,50 dollar par capteur et par an. En fonction des services à ajouter, comme le cryptage, cela peut varier jusqu'à 4 ou 5 dollars par capteur par an", poursuit Henri Bong.

L'ambition : doubler le CA de 18 millions de dollars

Fondée en 2016 par Henri Bong et Philippe Chiu, l'entreprise a déjà levé 10 millions de dollars en série A en 2018. Depuis cette date, Unabiz a triplé sa valorisation. Des résultats qui s'expliquent par les déploiements à grande échelle réalisés en Asie. Unabiz opère la connectivité de plus d'un million de compteurs d'eau et de gaz pour Nicigas au Japon et assure le suivi de 70 000 fûts de bière entre l'Australie et la Nouvelle-Zélande pour le compte de l'entreprise Konvoy. Au cours de ces 18 derniers mois, Unabiz a fourni plus d'un million de capteurs dans la région malgré la pandémie.

Ce nouveau tour de table de série B a été principalement réalisé auprès de la société de gestion de patrimoine Sparx Group, mais aussi auprès de l'institution financière taïwanaise CDIB, de la société d'investissement singapourienne GK Goh et de la raffinerie thaïlandaise Thaioil. Du côté des acteurs français, Sigfox et Engie ont également participé au tour. Des projets IoT sont par ailleurs en cours avec ces acteurs. Unabiz travaille notamment sur une solution IoT à faible consommation d'énergie avec Engie.

Les nouvelles solutions d'Unabiz doivent également répondre à une tendance de fonds observée sur le marché : l'utilisation de l'IoT pour réduire l'empreinte carbone (lire notre article Comment l'IoT contribue à réduire l'empreinte carbone des industriels). "Les nouveaux fonds seront canalisés pour développer une expertise et des services spécifiques qui aideront nos clients à atteindre leurs objectifs énergétiques", fait savoir Philippe Chiu, cofondateur et CTO d'UnaBiz. "En plus des capteurs optimisés en énergie, la détection de modèles basée sur l'intelligence artificielle est la clé de nos nouvelles offres axées sur les données", ajoute-t-il.

L'entreprise ne s'arrête pas là : elle va lancer dans les semaines à venir un programme d'investissement dans des entreprises françaises de l'IoT. "Dans l'IoT, c'est en France que les pépites émergent, à l'image de Sigfox, de LoRa, d'Actility, ou encore de Kerlink. Je trouve dommage que les acteurs lèvent aujourd'hui des fonds pour faire face à la crise des composants, qui va encore durer, alors qu'ils devraient se focaliser sur leur savoir-faire. Nous voulons les aider et leur faire bénéficier de notre expérience pour codévelopper des solutions IoT", explique Henri Bong, croyant fortement dans l'écosystème. Unabiz, qui a réalisé 18 millions de dollars de chiffre d'affaires en 2020 et "des résultats aussi bons en 2021", prévoit de doubler son chiffre d'affaires en 2022.