Quels pièges éviter pour choisir des robots autonomes ?

Quels pièges éviter pour choisir des robots autonomes ? Les entreprises accélèrent leur automatisation par le déploiement de robots. Pour cela, elles doivent suivre un cahier des charges détaillé répondant à leurs besoins.

Les robots industriels profitent pleinement des besoins d'automatisation. Les annonces se multiplient sur le marché : Monoprix a inauguré en octobre à Moissy-Cramayel (77) son nouvel entrepôt neutre en carbone de 100 000 m², fonctionnant avec des robots d'Exotec. Plus tôt en juillet, Manutan a inauguré l'extension du sien à Gonesse, comprenant une soixantaine de robots. Selon un rapport de la fédération internationale de robotique paru fin août, le marché, estimé à un milliard d'euros en 2020, devrait croître de 31% d'ici à 2023 dans les applications logistiques. "La réindustrialisation de la France passe par la robotique", affirme Serge Crebassa, directeur des ventes chez la start-up Wyca Robotics, pour expliquer cet engouement.

Si les distributeurs semblent séduits par les robots autonomes, mettre en place ces solutions reste une problématique. "Pour choisir la bonne solution, il faut se baser sur ses besoins. C'est cette analyse du besoin qui est la plus mal faite dans les projets et beaucoup trop de clients se tournent vers des solutions génériques qui ne correspondent pas à leurs usages", a rappelé Christian Chichkine, responsable grands comptes EMEA chez Nutanix France, lors d'un événement du Club de la presse informatique B2B sur l'automatisation des industriels. Déjà l'an dernier à Robomeetings, Fabienne Derain, présidente de Yzytek, entreprise spécialisée dans l'aménagement du poste de travail, mettait en garde contre les erreurs de jugement et les cahiers des charges peu approfondis face à la simplicité apparente de la technologie. "Il faut choisir la bonne taille, au risque sinon qu'un robot moins cher car plus petit n'atteigne pas les zones où il doit intervenir. Il ne faut pas confondre non plus robots et cobots, qui n'ont pas les mêmes cadences. Ces derniers ne demandent pas de compétences en programmation mais supposent de réfléchir à leur centre de gravité pour bien les positionner."

La principale crainte chez Manutan, pour qui il s'agissait du premier déploiement en robotique, concernait le vieillissement des appareils. "Cette technologie est innovante, mais il nous fallait être sûr de la manière dont elle allait vieillir", raconte Grégoire Koudrine, directeur supply chain de Manutan, qui s'est déplacé en Norvège pour voir sur site des installations de système de stockage et de préparation de commandes de l'entreprise norvégienne AutoStore. Le deuxième critère d'attention de Manutan a porté sur la capacité d'insertion des robots aux côtés des salariés. "Nous avons impliqué ces derniers dès le début, sur l'adaptation des postes de travail, la manière d'interagir avec les appareils, etc."

Un coût de 800 à 1 000 euros par mois

La mise en œuvre doit ensuite être étudiée. "Il faut prendre le temps de configurer l'appareil avec une bonne cartographie, la plus grande difficulté pour un robot est de savoir où il est, d'autant plus quand son environnement change", confie Serge Crebassa, chez Wyca Robotics. "Ensuite cela va très vite. Chez Decathlon, où la solution (voir vidéo ci-dessous, ndlr) est en cours de déploiement en France, un magasin de 10 000 m² est équipé en 30 minutes", ajoute-t-il. Pour Grégoire Koudrine, l'accompagnement est un sujet clé. "Il faut déterminer de quelles ressources on dispose en interne pour gérer le projet mais aussi bénéficier d'un conseil en intra-logistique", conseille-t-il.

Chez Serge Crebassa, un projet de robots autonomes revient à un coût compris entre 800 et 1 000 euros par mois et par robot. Pour obtenir un ROI facilement, il conseille d'implémenter des robots autonomes quand les tâches concernent des déplacements réguliers. Chez Manutan, les robots du prestataire AutoStore (des boîtes motorisés placés sur un rail pour chercher les produits stockés afin de les ramener aux postes de travail) évitent de nombreux déplacements aux salariés. "Ces robots nous permettent d'atteindre des gains d'efficience avec des livraisons à nos clients en 24h/48h, assure Grégoire Koudrine. Notre croissance est fondée sur une offre stockée toujours plus importante, donc nous avons besoin de stocker deux fois plus de produits sur une surface deux fois inférieure d'ici la fin d'année. Le déploiement a pris du temps, à cause de la Covid et d'une cyberattaque qui a eu lieu au milieu du projet, mais au final cela fonctionne mieux que ce que l'on imaginait."

L'entrepôt de Gonesse traite environ 3 500 commandes par jour, soit un tiers du total groupe. Le conseil de Grégoire Koudrine pour que le projet réussisse : "Qu'il s'inscrive dans la stratégie de l'entreprise et que celle-ci reste pérenne sur plusieurs années." Le projet total, comprenant le nouveau bâtiment, l'installation intérieure, le nouveau système d'information, les 61 robots a représenté un investissement de 18 millions d'euros. Pour la suite, Manutan prévoit de modifier le design des robots et d'étendre leur installation, grâce à leur aspect modulable. Manutan mène en parallèle un projet pour doter sa filiale Papeteries Pichon à Saint-Etienne d'une nouvelle installation avec d'autres technologies. Sur le long-terme, Grégoire Koudrine n'a aucun doute que les projets concerneront l'IoT.