Smart city : comment Issy-les-Moulineaux construit son tableau de bord climatique
La smart city doit servir à lutter contre le changement climatique, estime la municipalité d'Issy-les-Moulineaux. "La notion de smart city est vaste et ne fait référence à aucun projet concret au quotidien pour le grand public. La lutte contre le réchauffement climatique et la pollution est le sens que nous voulons lui donner", explique Eric Legale, directeur d'Issy Media, la société d'économie mixte en charge de l'innovation dans la commune. Affirmée en 2020 (lire notre interview "Issy-les-Moulineaux repositionne sa politique smart city sur la lutte contre le changement climatique"), cette politique se concrétise en ville par divers projets, coordonnés par un nouveau tableau de bord climatique.
Une première version du tableau de bord a été mise en ligne en 2021 en parallèle à l'adoption d'un budget carbone afin de réduire chaque année ses émissions. L'objectif affiché sur la page d'accueil : limiter fin 2022 l'émission à 111 619 tonnes équivalents CO2, soit une réduction de 3,22% par rapport à 2021. Les principaux secteurs émetteurs y sont détaillés, avec les actions clés menées et celles prévues l'année prochaine. "Le tableau de bord est encore trop technique, notre enjeu est de rendre sa compréhension plus aisée par les habitants", détaille Eric Legale, qui prévoit de le faire évoluer d'année en année. Ce dernier ne voulait pas d'un hyperviseur contrôlant toute la ville, mais d'un tableau de bord servant à un usage précis. "Avoir un tableau de bord pour savoir ce qu'émet le territoire et pouvoir dresser un bilan carbone par zones géographiques est un bon point de départ et c'est ce qui est de plus en plus recherché", analyse Sandra Ekima, responsable de l'offre Smart Cities & Territoires chez le cabinet Magellan Consulting.

Le premier secteur émetteur à Issy-les-Moulineaux est le bâtiment. Le résidentiel et le tertiaire ont été à l'origine en 2020 de respectivement 43 620 et 29 880 tonnes équivalents CO2. Parmi les actions réalisées pour contribuer à une baisse, la construction d'un troisième écoquartier alimenté par énergies renouvelables et géothermie, livré en cette rentrée. Issy-les-Moulineaux collabore avec les start-up françaises Agora Software et Ogga pour piloter l'énergie à l'intérieur des 400 logements. "L'intérêt de l'IoT est de proposer de nouveaux services, de disposer des informations en temps réel et de pouvoir gérer au plus près les consommations pour faire preuve de sobriété", se réjouit Eric Legale.
L'expérience IssyGrid dans les smart grids en 2012 lui a permis de déterminer comment lisser les pics de consommation énergétique liés à la chaleur ou au froid en redistribuant l'énergie de panneaux photovoltaïques (lire notre article Smart grids : le test d'Issy-les-Moulineaux se termine sur un goût d'inachevé). "Réduire les consommations énergétiques des logements a un impact sur leur empreinte carbone et les services IoT induisent une approche de durabilité, par exemple dans la gestion automatisée des chaufferies", confirme Stéphane Gagnat, président d'Ogga.
Bientôt un jumeau numérique de la ville
Une expérimentation est en cours avec l'entreprise française spécialisée dans les objets connectés Netatmo sur la gestion des espaces de travail. L'objectif : régler la température et l'éclairage des bâtiments publics en fonction du nombre de visiteurs. La ville réalise en parallèle tous les mois depuis la fin d'année dernière une web-série à l'attention des habitants sur différents éco-gestes duplicables. Dans la rue, pour lutter contre les îlots de chaleur, 150 arbres de haute dimension, dotés de nichoirs, ont été plantés afin d'accroître l'espace vert du quartier.
Une expérimentation est en cours avec Netatmo sur la gestion des espaces de travail.
Autre secteur émetteur : le transport, représentant en 2020 dans la ville 23 738 tonnes équivalent CO2 émis. Issy-les-Moulineaux travaille avec plusieurs start-up sur les sujets de mobilité, notamment avec My Anatol pour connaître via les données du fabricant de systèmes de navigation GPS TomTom l'état du trafic au niveau des rues afin d'identifier les ralentissements et les émissions de CO2. En parallèle, Issy-les-Moulineaux teste dans le cadre d'un projet européen des triporteurs à hydrogène et accélère ses services en faveur de l'hydrogène. Autre projet à venir : la création d'un jumeau numérique de la ville permettant de voir l'impact de telles mesures sur les émissions en ville.
Au-delà de ces projets liés au changement climatiques, Issy-les-Moulineaux expérimente le Lifi, la connectivité par la lumière, pour mettre au point un démonstrateur, ainsi que la 5G pour des usages en esport, en météo et en esanté, notamment avec la start-up Bioserenity afin de faciliter les examens médicaux lourds, en temps réel, depuis n'importe quel endroit. Ce qui évite ainsi les déplacements à l'hôpital. Enfin, Issy-les-Moulineaux place la rentrée sous le domaine de la culture et entend permettre aux artistes de pouvoir développer des œuvres numériques dans l'espace public, dans le cadre d'un projet européen d'une durée de trois ans.