L'IoT irrigue les projets de la Compagnie de Craponne

L'IoT irrigue les projets de la Compagnie de Craponne L'établissement public de gestion de l'irrigation dans la basse vallée de la Durance tire un bilan de son expérience avec la technologie IoT et préconise une adoption à l'échelle nationale.

L'IoT est à la source d'un bon acheminement de l'eau dans les champs agricoles ou chez les particuliers. La Compagnie de Craponne, un établissement public de gestion de l'irrigation (ASA) qui gère un réseau de 50 kilomètres de canaux dans la basse vallée de la Durance, en a fait l'expérience : les 25 capteurs connectés, installés le long des canaux dans le cadre d'un projet mené avec l'éditeur et intégrateur IoT français Synox, ont prouvé leur efficacité quant à l'optimisation des ressources en eau et d'une bonne gestion des canaux. Pour le directeur de l'établissement, Guillaume Casella, l'IoT est de nature à répondre aux enjeux du secteur de l'eau et mériterait d'être davantage démocratisée.

L'enjeu premier auquel a répondu la technologie a été l'automatisation des processus. "Nous avions des installations vieillissantes, nos limnigraphes, servant à mesurer les variations de niveau du cours d'eau dans le temps, fonctionnaient avec du papier millimétré qu'il fallait relever manuellement", se rappelle Guillaume Casella, soucieux d'éviter les déplacements quotidiens inutiles. Les capteurs de mesure du niveau d'eau et du débit permettent désormais à l'ASA et aux exploitants de recevoir les informations quasiment en temps réel et à distance. En cas de déséquilibre sur le réseau, "une alarme se déclenche dès qu'un réseau de canaux secondaires perd trop d'eau", informe le directeur. Un gain de temps dont les équipes de l'ASA, qui peuvent programmer le pourcentage d'ouverture d'une vanne à une heure donnée, se réjouissent.

Les données de ces objets connectés industriels permettent par ailleurs à l'ASA de s'acquitter au mieux de son rôle de contrôleur. "Nous avons une mission de police des eaux qui nécessite de garantir une bonne répartition de la ressource entre les adhérents", explique Guillaume Casella. Les capteurs de niveau d'eau lui ont permis de détecter des vols de la ressource en week-end dans les stations de pompage. Avec cette capacité de contrôle, l'ASA anticipe les actions à mener en cas de période de restriction.

De cette mission de police des eaux découle un troisième challenge, à savoir une bonne visualisation de ce qui se passe le long des 50 kilomètres de canaux. L'état et la position des capteurs s'affichent sur une carte. "Nous avons créé pour l'ASA des tableaux de bord corrélant la hauteur de l'eau et le débit. Les dashboards peuvent être personnalisés en fonction des besoins", souligne Hugo Lemoine, responsable Partenaires chez Synox. C'est notamment cette caractéristique de plateforme ouverte qui a séduit Guillaume Casella.

Le choix des ultrasons guidés

Avant d'arriver à ce bilan positif, l'ASA Compagnie de Craponne a dû faire face à une problématique essentielle, qui a monopolisé Guillaume Casella plus d'une année : choisir les bons capteurs. "Après un premier Proof of concept avec un prestataire parisien qui n'a pas fonctionné, l'opérateur Objenious nous a orienté vers Synox. Nous avons testé différents capteurs ainsi qu'une caméra pour vérifier la fiabilité des données", raconte Guillaume Casella.

Les équipes de Synox, qui disposent de plus de 550 modèles de capteurs sur leur plateforme, ont pu aiguiller l'ASA Compagnie de Craponne. Après avoir écarté un premier modèle destiné à la mesure de niveau des eaux, les deux partenaires se sont orientés vers des capteurs à ultrason. Trois modèles ont été comparés les uns aux autres. "L'une de nos contraintes est d'avoir du mistral, le vent peut altérer le signal. Ce sont des ultrasons guidés qui sont les plus fiables dans notre cas", confie Guillaume Casella, qui s'essaie également aux capteurs radars.

Autre critère de choix : le coût de la solution, "qui revient à 150 euros par capteur, auquel il faut ajouter 10 euros pour la connectivité et 10 euros supplémentaires par an et par objet pour la supervision", détaille Mathieu Borie, business manager chez Synox. "Nous utilisons les réseaux publics LoRaWAN. Nous en sommes très satisfaits, notamment pour leur faible consommation d'énergie qui favorise l'autonomie des capteurs. Après quatre ans, nous n'avons toujours pas eu besoin de changer les piles", observe Guillaume Casella.

Cet obstacle franchi, l'IoT a tous les atouts pour drainer les prochains projets de l'ASA Compagnie de Craponne. Son directeur prévoit d'installer par la suite des stations météo connectées le long du canal pour suivre, par exemple, la quantité d'eau dans des tronçons du réseau en fonction d'orages. La prochaine innovation, aux yeux du directeur, sera de pouvoir contrôler les vannes agissant sur le réseau. L'ASA est déjà en pourparlers avec Synox sur ce sujet. "Nous avons créé cet été avec Synox deux capteurs visant à connecter les vannes martelières qui alimentent les canaux en eau, et qui s'ouvrent aujourd'hui manuellement", indique Guillaume Casella. Son souhait pour l'avenir : inspirer d'autres ASA pour répliquer ces possibilités en France. "Les Bouches du Rhône et le Vaucluse rencontrent des problématiques similaires aux nôtres", souligne Guillaume Casella, en espérant leur mettre l'eau à la bouche.