Petter Nylander (Directeur général d''Unibet) Petter Nylander (Unibet) : "20 % de nos paris sont passés par des internautes Français"

Alors que le gouvernement compte attribuer des licences aux opérateurs de paris au second semestre 2009, le patron d'Unibet dresse le bilan des discussions avec la France sur l'ouverture de son marché.

 

Il y a tout juste un an, vous avez été arrêté à Amsterdam pour infraction au monopole des jeux en France, à la demande des autorités françaises. Que regard portez-vous sur le chemin parcouru depuis cet incident ?
Les choses ont beaucoup changé, particulièrement en France, ce qui est extrêmement positif. La France s'est engagée auprès de l'Union européenne à ouvrir le marché des paris sportifs et je me réjouis de ce changement d'attitude. Les autorités françaises sont nettement plus réalistes qu'il y a un an. J'espère que la décision française de mettre fin au monopole des paris sportifs aura un effet boule de neige en Europe. Pour l'instant, la boule roule dans la bonne direction, alors que l'année dernière, elle menaçait plutôt de nous écraser, enfin surtout moi !

Et pourtant la France refuse de se plier au principe européen de réciprocité, qui veut qu'une entreprise autorisée à exercer son activité dans un Etat membre, le soit dans tous les Etats de l'UE...
Certes. Par nature, notre activité dépasse le principe de frontières entre les Etats. Nous comprenons qu'il soit difficile de construire un système réglementaire robuste qui parvienne à prendre en compte les spécificités nationales. C'est pour cette raison que nous souhaitons qu'une initiative soit prise au niveau européen sur ce domaine. En attendant, je vois l'ouverture du marché français comme une initiative positive.

Quel rapport avez-vous aujourd'hui avec la France ?
Depuis un an, Nous avons rencontré les autorités françaises à plusieurs reprises. Nous ne sommes pas forcément toujours d'accords sur tous les points, mais l'essentiel est que le dialogue ait été lancé et continue. J'ai été par exemple invité à exprimer le point de vue d'Unibet, auprès de la commission Durieux, mise en place par le gouvernement pour étudier les modalités d'ouverture du marché des jeux d'argent et de hasard en ligne en France. Nous avons reçu un bon accueil, digne d'une entreprise sérieuse et respectable. Mon arrestation est donc un vieux souvenir aujourd'hui.

Il y a un an, vous avez pourtant été mis en examen...
Non, je n'ai pas été mis en examen. J'ai été entendu comme témoin par la police française dans le cadre d'une enquête. Depuis rien ne s'est passé. Il faut dire que l'ouverture du marché est en marche aujourd'hui, donc je pense que le dossier est actuellement en suspen. Nous espérons qu'il sera bientôt définitivement clos.

"Nous avons déjà 300.000 membres français"

Vous devrez encore attendre 2009 avant d'obtenir le droit de lancer officiellement vos activités en France, mais vous devez déjà compter des internautes français parmi vos clients...
Oui et nous ne nous en cachons pas. Sur les 2,8 millions de membres que compte Unibet, 300 000 sont Français. En fait, 20 % des paris sur Unibet sont passés par des joueurs français. Je pense que nous sommes parmi les opérateurs de paris les plus populaires en France.

Le ministre du Budget, Eric Woerth, demande aux opérateurs de paris d'attendre, en guise de bonne foi, l'ouverture officielle du marché français avant de prendre des paris en France. Il menace de ne pas accorder de licence à ceux qui ne respecteraient pas cette consigne. Ne craignez-vous pas que cela joue en votre défaveur ?
Non, je ne pense pas. Nous disposons déjà d'une licence britannique et d'une licence maltaise. Selon la législation européenne, nous pouvons déjà prétendre à exercer notre activité dans l'ensemble des Etats membres de l'Union européenne. Nous sommes donc dans une situation tout à fait légale aux yeux de Bruxelles.

Quels sacrifices êtes-vous prêts à faire pour obtenir une licence française ?
Tout dépendra de ceux que les pouvoirs publics nous demanderont de faire. Mais il est encore trop tôt pour dire de quoi il s'agira. Nous leur avons exposé notre vision d'un système attractif de licences, mais nous ne souhaitons pas communiquer sur ce point, car les discussions ne sont pas encore terminées avec les autorités françaises. Cela étant dit, Internet permet déjà aux consommateurs français de choisir l'opérateur de paris qu'ils jugent le plus attractif...

 

"Les fédérations sportives ne doivent pas avoir de droit de regards sur les paris"

Vous avez été condamné par la justice française à verser 500 000 euros à la Fédération française de tennis au printemps dernier. Avez-vous fait appel de cette décision ?Oui et nous ne nous en cachons pas. Sur les 2,8 millions de membres que compte Unibet, 300 000 sont Français. En fait, 20 % des paris sur Unibet sont passés par des joueurs français. Je pense que nous sommes parmi les opérateurs de paris les plus populaires en France.Non, je ne pense pas. Nous disposons déjà d'une licence britannique et d'une licence maltaise. Selon la législation européenne, nous pouvons déjà prétendre à exercer notre activité dans l'ensemble des Etats membres de l'Union européenne. Nous sommes donc dans une situation tout à fait légale aux yeux de Bruxelles. Tout dépendra de ceux que les pouvoirs publics nous demanderont de faire. Mais il est encore trop tôt pour dire de quoi il s'agira. Nous leur avons exposé notre vision d'un système attractif de licences, mais nous ne souhaitons pas communiquer sur ce point, car les discussions ne sont pas encore terminées avec les autorités françaises. Cela étant dit, Internet permet déjà aux consommateurs français de choisir l'opérateur de paris qu'ils jugent le plus attractif...

Oui, nous avons effectivement fait appel car nous pensons que les fédérations sportives n'ont pas à avoir de droit de regard sur les paris que nous proposons. Cependant, l'affaire est encore en cours, la décision ne devrait pas être rendue avant 2009. Je ne peux donc pas commenter cette affaire.

Le secrétaire d'Etat aux Sports, Bernard Laporte souhaite qu'une partie des revenus des opérateurs soit reversée aux fédérations sportives. Que pensez-vous de cette proposition ?
Je n'ai pas entendu parler de cette proposition. Mais une fois que l'ouverture du marché français des paris sportifs sera effective, le premier gagnant sera le sport français lui-même. En tant que sponsor, Unibet investit par exemple 8 millions d'euros par an dans une équipe de cyclisme. Nous ne souhaitons pas nous arrêter là et nous discutons déjà avec certains clubs sportifs français.

Si vous obtenez une licence, quelle sera votre stratégie pour conquérir le marché français ?
Nous voulons développer notre marque sur le poker et les paris sportifs. D'un côté, les paris constituent notre activité historique et fonctionnent déjà bien en France. De l'autre, le poker est un jeu très en vogue. Nous avons d'ailleurs lancé cet été Pokerplus.fr, un site d'information sur le poker, qui propose aussi aux internautes de s'entraîner gratuitement face à de vrais adversaires.

En attendant 2009, êtes-vous confiant quant à l'obtention d'une licence française ?
C'est difficile à dire, car nous ne connaissons pas encore le détail du projet de loi français. Cela dit, nous avons déjà deux licences européennes, ce qui pourrait jouer en notre faveur. Je dirais que nous sommes donc prudemment optimistes.