Tendance : Facebook aspire petit à petit les utilisateurs de Youtube
La progression du réseau social dans l'industrie de la vidéo est fulgurante, au point que le leader du domaine accuse le coup. Explications.
La domination de YouTube sur le marché mondial de la vidéo est menacée par Facebook, qui redouble d'efforts pour accroitre son influence sur ce lucratif marché. Au cours des derniers mois, le réseau social s'y est réellement imposé. En décembre dernier, Facebook avait commencé par diffuser des vidéos automatiques au milieu du fil d'actualités, suivies peu de temps après par des vidéos publicitaires. Lors de la présentation aux investisseurs de ses résultats trimestriels, le groupe a souligné l'importance la vidéo. Des rumeurs circulaient alors sur ses tentatives de recruter des stars de YouTube afin de créer des contenus spécifiques sur sa plateforme.
Il n'est pas difficile d'entrevoir les résultats d'une stratégie aussi volontariste. Les chiffres clés de Facebook sont à la hausse, alors que ceux de YouTube déclinent. Ces dix dernières années, YouTube a bénéficié d'un monopole dans le visionnage de vidéos en ligne ; il est à la vidéo ce que Google est à la recherche. Mais la situation risque de se compliquer rapidement pour lui. Car l'adversaire est de poids. Il s'agit de Facebook, et pas d'un spécialiste de la vidéo qui tenterait de s'arroger un reach de 5% des internautes. Le réseau social compte d'ores et déjà 1,35 milliard d'utilisateurs actifs par mois qu'il peut essayer de détourner de YouTube. Et les données fournies à Business Insider par comScore démontrent à quel point Facebook a grignoté la part de marché de YouTube sur le nombre de vues au cours de ces derniers mois.
Le visionnage de vidéos en ligne sur Facebook a augmenté de 38,5% d'années en années, pour atteindre les 491 millions au mois de septembre. Les vues de YouTube se sont accrues de 4,8% pour atteindre les 831 millions. Ce dernier est toujours en tête, mais Facebook se retrouve dangereusement sur ses talons. YouTube n'est pas le seul site dont le monopole est convoité par Facebook : AOL, Yahoo, Vidible.tv et Vevo sont dans le même cas. Voici l'état du marché en septembre 2013.
Et voici à quoi il ressemblait en septembre 2014.
Facebook s'est octroyé une petite partie des internautes de YouTube et s'est également approprié une grosse partie du public d'autres sites Web. La position de YouTube est particulièrement frappante aux Etats-Unis. Le nombre de ses visiteurs uniques est en chute libre, tandis que la tendance générale constatée chez ses concurrents (mis à part quelques baisses çà et là) est à la hausse.
Les données de comScore prouvent que YouTube accuse d'année en année une baisse de visiteurs de 9%, jusqu'à atteindre les 150 millions de visiteurs uniques au mois de septembre. Cette diminution peut en partie être attribuée au fait que davantage de vidéos sont visionnées sur mobiles, mais cette pratique est une tendance qui touche tout le secteur. A l'inverse, l'audience d'année en année des concurrents de YouTube a augmenté au mois de septembre : Facebook +45% ; Yahoo +32% ; AOL +16%. YouTube accuse également un retard aux Etats-Unis en ce qui concerne son impact publicitaire.
Le lancement de la dernière campagne de Noël de John Lewis – un événement publicitaire annuel majeur au Royaume-Uni – a constitué une preuve supplémentaire que la stratégie vidéo de Facebook mettait YouTube sérieusement en péril. 24 heures après le lancement, la société de marketing Unruly a communiqué à Business Insider des données illustrant l'attribution par Facebook de 40% des internautes pour la vidéo, là où il n'en comptait aucun auparavant (dans la mesure où, l'an dernier, John Lewis avait uniquement diffusé ses vidéos sur YouTube). L'ascension fulgurante de Facebook sur le marché de la vidéo pourrait sans doute s'expliquer parce que de nombreuses vidéos affichées sur la plateforme se lancent d'elles-mêmes et sont toutes comptées comme des vues. On pourrait donc avancer que leur nombre est à la hausse parce que les utilisateurs ne peuvent pas choisir de les lancer ou non, tandis que les utilisateurs de YouTube doivent cliquer sur un lien ou le bouton "lecture" pour qu'une vue soit comptabilisée.
Mais dans le cas de la campagne de John Lewis, Facebook a aussi affirmé sa domination en tant que média social au cours des 24 premières heures de diffusion (76,9% de partage contre 23,1% pour YouTube). Les partages sont un indicateur crucial pour les annonceurs qui y voient un engagement allant au-delà du visionnage passif d'une vidéo. Bien sûr, ce partage est très facile à réaliser sur Facebook (c'est la nature même du service), alors que Youtube ne permet pas de partager une vidéo sur la plateforme.
Ce dernier espère bien que la version bêta de son service d'abonnement musical sans publicité attirera à nouveau de l'audience grâce à quelques innovations (telles que le lecteur musical en arrière-plan). La plateforme continue également à investir des millions et des millions de dollars pour soutenir ses créateurs de contenus originaux et convaincre les annonceurs que sa plateforme propose des contenus de qualité.
Article de Lara O'Reilly, Traduction de Floriane Wittner, JDN
Voir l'article original : Facebook Is Gobbling Up YouTube's Audience