La numérisation des entreprises est en marche

Facebook et Google ont annoncé récemment s'intéresser au marché B2B. Mais est-ce vraiment une nouveauté pour ces deux mastodontes du Net ?

Si vous êtes amateurs de signaux faibles, deux annonces ont probablement dû focaliser votre attention : la première concerne l’ouverture très probable, d’une version professionnelle de Facebook qui pourrait concurrencer LinkedIn, dont la croissance à deux chiffres doit susciter quelques jalousies; l’autre concerne les Google Glass, dont les ventes grand public ne décollent pas, et qui pourraient trouver une voie de secours du côté des entreprises.
Dans ces deux cas, on parle d’un géant du web, d’un regain d’intérêt vers les entreprises, et de modèles économiques à revoir. De là à dire que les géants du net se recentrent sur le B2B, il n’y a qu’un pas. Mais est-ce vraiment une nouveauté ?
Google et Facebook, ces mastodontes… du B2B

Détrompez-vous, Google et Facebook sont déjà des géants du B2B

En voici quelques exemples.
Avez-vous déjà payé un sou de votre poche à Facebook ? Evidemment non, et tous les messages qui annoncent une version payante du réseau social se sont avérées des « hoax ». Facebook est une entreprise florissante, rentable, dont le chiffre d’affaires dépassera probablement la dizaine de milliards de dollars cette année, mais dont l’essentiel des revenus provient des entreprises, qui dépensent des fortunes en achat médias. Facebook est avant tout une régie publicitaire, organisée autour d’un réseau social grand public. Les utilisateurs de ce réseau social, c’est vous et moi, certes, mais les clients sont des entreprises…
En ce qui concerne Google, l’affaire est un peu plus complexe. En une quinzaine d’années, Google s’est développé tous azimuts, et propose une large palette de produits, du moteur de recherche à la régie publicitaire en passant par un système d’exploitation pour mobile, un navigateur, une offre d’hébergement de données dans le cloud, et du partage de vidéos.
La majeure partie de ces produits concernent le grand public – souvenez-vous que Google veut changer le monde et le rendre meilleur, c’est dans son slogan – mais certains sont également employés en entreprise : la messagerie, par exemple, a séduit de nombreuses PME et même quelques groupes désireux de se libérer de l’emprise Microsoft. Mais si l’on observe bien, à l’exception de la messagerie, de l’hébergement de données (le Google Drive), et de Google Play – l’AppStore de l’environnement Android) rares sont les produits grands publics strictement payants chez Google.
Les vrais clients de Google sont donc les entreprises, qui paient déjà depuis plusieurs années pour passer par la régie publicitaire ou pour utiliser l’offre de messagerie dédiée. Avec ses Google Glass, le géant de Mountain View s’est probablement risqué sur un secteur qu’il connaît finalement assez mal en direct.

Les mastodontes du net sont déjà et resteront probablement – à quelques exceptions près – des entreprises B2B

Twitter, LinkedIn, Yahoo! sont des compagnies mondiales dont les revenus proviennent de clients professionnels, dans une large mesure. Seul Amazon s’est construite autour d’une offre purement grand public, et encore s’est-elle étendue aux entreprises, en intégrant une place de marché dont la croissance est assez spectaculaire.
C’est peut-être une leçon à retenir du côté des jeunes entrepreneurs et des créateurs de start-up : dans une période de crise économique qui se prolonge, de faible évolution du pouvoir d’achat des ménages, la croissance se construit avant tout auprès des entreprises et d’une offre produits ou de services adaptés à leurs besoins pour toucher le plus grand nombre ?