Le Chief Digital Officer est en passe de devenir un Chief GAFAM Officer
Si le CDO a un rôle primordial au sein même des entreprises, on sous-estime souvent sa responsabilité et son importance envers l’écosystème global, et en particulier les géants mondiaux du digital.
La mise en place d’une transformation digitale requiert de multiples talents, un leadership et une énergie à plein temps. Il convient donc de nommer en interne un dirigeant pour prendre les rênes du chantier et coordonner les actions à mener entre les différentes directions. Je parle ici de la mission du Chief Digital Officer, plus communément appelé CDO dans le jargon.Dans notre ouvrage Le Guide de la Transformation Digitale* (Editions Eyrolles), nous avons mis en relief les 12 travaux d’Hercule du CDO. Il se doit d’être évangéliste et stratège pour avancer main dans la main avec le Comex dans la définition d’une feuille de route. Il se doit de participer à la montée en compétences digitales des collaborateurs, développer de nouveaux business modèles de l’entreprise, communiquer, favoriser la collaboration en interne… Et bien d’autres chantiers à cadrer en vue d’achever la transformation digitale de l’entreprise dans un temps limité.
Si le CDO a un rôle primordial au sein même des entreprises, en interne, on a tendance à sous-estimer sa responsabilité et son importance envers l’écosystème global : start-up, influenceurs, investisseurs, institutions… et non les moindres les géants mondiaux du digital, les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft). Ceux dont la capitalisation boursière dépasse celle des 40 entreprises du CAC40, ceux qui interagissent avec les données de centaines de millions d’individus, ceux qui n’ont plus à prouver leur capacité incroyable à innover en permanence, ceux qui représentent à la fois des opportunités extraordinaires pour les acteurs traditionnels de l’économie mais aussi parfois certaines menaces…
Si notre CDO avait déjà d’importantes missions en interne, il doit projeter son entreprise dans un futur connecté qui ne pourra exister sans la prise en compte de l’influence des GAFAM sur le business. En effet le développement continu de ces derniers peut avoir des conséquences directes ou indirectes sur l’activité des groupes de l’économie traditionnelle. Si une relation stable, durable et directe entre l’entreprise et les GAFAM n’est pas suivie, les répercutions pourraient être graves. Je pense par exemple aux marques de grande conso, marques alimentaires et aux distributeurs qui ont tout intérêt à regarder de très près les avancées gigantesques d’Amazon avec entre autres Amazon Go, la premier supermarché d’Amazon sans caisse ni file d’attente ou encore Amazon Fresh, la livraison de produits frais à domicile.
Au HUB Institute, au fil des entretiens avec les Chief Marketing Officer (CMO), les CDO et les géants du digital, nous avons identifié quelques bonnes pratiques d’interactions entre acteurs traditionnels et GAFAM. Par exemple la recherche d’une collaboration exclusive sur un projet avec l’un de ces acteurs mais aussi une veille permanente sur leurs actualités, leurs rachats, leurs nouveaux déploiements aux Etats-Unis ou en Asie pas forcément encore opérables en France qui sont autant d’opportunités pour penser à travailler avec eux. Cette démarche doit se faire au nom de l’expérience client, nous savons que c’est bien vers elle que se tournent toutes ces problématiques.
Il faut bien comprendre qu’avec la plateformisation d’Internet, les CDO doivent passer d’une logique « je gère le digital » à « je pilote mon entreprise avec les GAFAM ». D’un Chief Digital Officer à un Chief GAFAM Officer. Je suis convaincu qu’il est de la responsabilité des acteurs de la transformation digitale de comprendre ce point afin de construire une relation pragmatique et constructive avec les GAFAM et leur copier leur croissance exponentielle.