Tariq Krim quitte la direction d'un Netvibes en quête de rentabilité

Le fondateur de la plate-forme de widgets est remplacé par son directeur général, Freddy Mini. Le nouveau patron de Netvibes aura la charge de mener l'entreprise vers la rentabilité, qu'il espère atteindre mi-2009.

Tariq Krim quitte Netvibes. Le co-fondateur de l'entreprise a cédé, mercredi 28 mai, son fauteuil de PDG à son directeur général, Freddy Mini. Tariq Krim continuera à siéger au conseil d'administration de la société, dont il reste actionnaire. Recruté en 2006 par Tariq Krim et Pierre Chappaz, alors co-PDG de Netvibes, Freddy Mini a jusqu'à présent eu en charge le lancement de la filiale américaine de la plate-forme de widgets, ainsi que la mise sur pied d'opérations commerciales et de partenariats avec les médias. Un "collaborateur indispensable", dit de lui Tariq Krim dans un communiqué.

Freddy Mini indique que le départ du fondateur de Netvibes du poste de PDG ne lui a pas été imposé, mais reste une étape "normale" dans la vie d'une entreprise. "Nous en parlions avec Tariq depuis plusieurs semaines, explique-t-il. Avec le lancement de notre nouvelle version en avril, Netvibes arrive dans une phase de maturité. Tariq est parvenu à faire de cette société une belle réussite. Il est temps aujourd'hui de placer Netvibes dans la situation de n'importe quelle entreprise", celle de la recherche de la rentabilité.

Cette nouvelle version, "Ginger", doit justement permettre à Netvibes de gagner de l'argent, ce que la précédente, "Coriander", ne permettait pas de faire. Car Ginger, marque l'arrivée au sein de la plate-forme d'une sorte d'AdWords du widget. Netvibes met en effet aux enchères les trois meilleurs espaces de sa fonctionnalité d'ajout de widgets. Pour mettre leur widget dans les premières positions de l'outil "Ajouter du contenu", les annonceurs misent une somme qui leur sera facturée chaque fois qu'un utilisateur ajoutera leur widget à sa page. Une fois par semaine, les enchères qui tournent en moyenne entre 0,75 et 1,5 dollars, sont relancées.

A côté de cette source de revenus, la plate-forme mise également sur ses "Premium universes", des pages personnelles vendues en marque blanche, sur lesquelles l'entreprise se rémunère notamment par un abonnement mensuel acquitté par les sites. Une cinquantaine de sites partenaires font déjà usage de ce service, dont ceux du New York Times, de CBS, ou de USA Today.

En parallèle, l'entreprise vient de faire passer en open source sa technologie UWA (pour "Universal widget API") afin de permettre au plus grand nombre de créer des widgets. Cette technologie UWA rend également les widgets de Netvibes compatibles avec les plates-formes de ses concurrents : celles de Google ou de Yahoo. Mais également celles de Microsoft et d'Apple, ce qui permet à Netvibes de s'inviter directement sur le bureaux des Mac et des PC, ainsi que sur l'écran de l'iPhone.

En misant sur ces sources de revenus plus que sur la publicité, Netvibes vise le seuil de rentabilité pour la mi-2009. Les univers en marque blanche ont déjà permis à Netvibes de commencer à générer du chiffre d'affaires depuis le quatrième trimestre. "Nous croyons que le widget va devenir un outil marketing de plus en plus important pour les annonceurs, assure Freddy Mini. Le marché est encore petit mais si nous arrivons à atteindre 2 à 3 % de l'ensemble des budgets e-marketing dans le monde, nous serons heureux."
 

De son côté Tariq Krim devrait passer de moins en moins de temps chez Netvibes, indique Techcrunch. Le fondateur visionnaire indique avoir déjà un autre projet, pour l'instant confidentiel. Son départ du poste de PDG semble déjà donner raison à Pierre Chappaz, qui co-dirigea Netvibes avec lui jusqu'en juillet 2007. Les deux PDG n'avaient alors pas réussi à s'entendre sur la stratégie de distribution et de monétisation de Netvibes. Sur son blog, Pierre Chappaz a salué le remplacement de Tariq Krim comme étant une "bonne décision".