Une bulle technologique sème la panique dans la Silicon Valley

Une bulle technologique sème la panique dans la Silicon Valley Combien de temps encore l'étonnante ascension que connaissent actuellement les entreprises IT va-t-elle se poursuivre ? Telle est la question que se posent les investisseurs.

Pour la première fois depuis deux ans, des capital risqueurs ont avoué ressentir une baisse de confiance vis-à-vis de leurs affaires. Pas de panique, cela ne signifie nullement que la vague de prospérité touche à sa fin. Néanmoins, il s'agit d'une preuve parmi d'autres, que les penseurs de la Silicon Valley s'interrogent sur la durée de cette période de réussite exceptionnelle. Cet avertissement n'est pas à prendre à la légère. Les capital risqueurs financent l'essor technologique que nous connaissons actuellement. Lorsqu'ils émettent des doutes quant à leurs investissements, on peut comprendre que l'ère d'expansion actuelle pourrait bientôt s'achever.

Les entreprises technologiques privées atteignent des valeurs astronomiques. Evidemment, c'est Facebook qui en détient le record, grâce à son acquisition de What'sApp pour environ 22 milliards de dollars, bien que la société ne possédait qu'un petit chiffre d'affaires et ne cherchait pas à générer plus d'argent par le biais de la publicité, comme le font la plupart des entreprises de ce secteur en monnayant les

Par rapport à 2007, les entreprises à fond de capital risque s'apprêtent à réaliser un nouveau record de levée de fonds

données de leurs utilisateurs. Airbnb a été évalué à 13 milliards de dollars tandis que la société suscite l'intérêt de nouveaux investisseurs avec la vente d'actions détenues par les employés. La valeur d'Uber est estimée à 17 milliards de dollars. Toutes ces sociétés enregistrent des rentrées d'argent et disposent de moyens conséquents pour les développer. Cependant, il existe également une catégorie d'entreprise à 1 milliard de dollars qui n'ont jamais enregistré de bénéfices significatifs, dont Snapchat et, plus récemment Tumblr, font partie. On rencontre aussi quelques aberrations : Ello vient de rassembler 5,5 millions de dollars d'investissement, bien que le groupe ait auparavant promis de ne pas diffuser de publicité ou de vendre les données de ses utilisateurs. Comment les investisseurs s'attendaient-ils à ce qu'Ello devienne un business vraiment florissant après de telles déclarations ?

Une étude sur les capital risqueurs du secteur des technologies, menée par le professeur Mark Cannice de l'Université de San Francisco, a démontré cette perte d'enthousiasme. Le Wall Street Journal en rend compte : "Sur une échelle de un à cinq – cinq étant l'indice de confiance le plus élevé – 33 capital risqueurs ont déclaré une moyenne de 3,89 points – un chiffre plus faible que celui du second trimestre, qui était de 4,02. Toutefois cette étude, réalisée chaque trimestre par Mark Cannice, n'a aucune vocation scientifique et n'inclut qu'un petit échantillon de capital risqueurs ; mais elle illustre la première baisse de confiance en deux ans.

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Evolution de l'indice de confiance des investisseurs. © Mark Cannice - Business Insider

Par rapport à 2007, les fonds de capital risque s'apprêtent à réaliser un nouveau record de levée de fonds. Mais de nombreux capital risqueurs ont publiquement mis en garde contre le secteur des technologies, qui se se dirigerait selon eux au-devant d'une catastrophe.

Marc Andreessen : "Lorsque le marché prendra l'eau, ce qui ne manquera pas d'arriver, nous découvrirons qui s'est baigné sans maillot de bain. De nombreuses entreprises dont la trésorerie est dans le rouge vont se volatiliser."

Fred Wilson a exprimé des doutes similaires par rapport aux sociétés qui dépensent de l'argent sans adopter un modèle commercial viable : "De multiples sociétés de notre portefeuille dépensent des millions de dollars par mois. Fort heureusement il ne s'agit pas de l'intégralité de note portefeuille. Mais les sommes dépassent l'entendement et celles que je suis prêt à tolérer. Cela fait des mois que je suis maussade pour cette raison... A un moment donné, il faut construire un vrai commerce, générer de vrais profits, faire subsister la société grâce aux largesses des investisseurs et produire de la valeur selon "l'ancienne mode". Il a également déclaré : "Partout où je vais, on me pose la même question : 'Y a-t-il une bulle financière ?' Cela fait au moins quatre ans que ça dure. Il est difficile de prouver l'existence d'une bulle au bout de quatre ans. Néanmoins, nous ne sommes pas dans un contexte de valorisation normal depuis plusieurs années."

Bill Gurley : "Chaque jour qui passe renforce le sentiment que j'éprouve à cet égard. Je suis d'avis que la Silicon Valley et la communauté d'entreprises à fonds de capital risque prennent beaucoup trop de risques à l'heure qu'il est. Ces risques sont sans précédents depuis 1999." Auparavant, il s'était inquiété du fait que les salariés de la Silicon Valley se réjouissaient trop vite de travailler pour des entreprises qui ne sont pas rentables, indiquant par là qu'ils n'avaient pas conscience des risques encourus. "Lorsque vous acceptez de rejoindre une entreprise qui perd de l'argent, vous prenez implicitement la décision de ne pas tenir compte des risques que cela implique. Si le macro environnement évolue, cette société sera davantage sujette aux difficultés que celles qui réalisent des bénéfices. Pourtant, de nombreux individus prennent une telle décision de nos jours."

Quoi qu'il en soit, tous les capital risqueurs partagent le même avis : même si les marchés atteignent des sommets, aucun signe ne prouve qu'ils soient sur le point de s'effondrer. Il s'agit d'une période de prospérité, pas d'une bulle spéculative ; la plupart des sociétés enregistrent des bénéfices réels grâce à des clients réels. Simplement, elles ne sont pas encore suffisamment développées pour réaliser des profits.

Article de Jim Edwards, Traduction de Floriane Wittner, JDN

Voir l'article original : 33 Silicon Valley Investors Are Starting To Freak Out About The Tech Bubble They Helped Create