Comment Facebook multiplie-t-il ses sources de revenus ?

Facebook fait émerger de nouveaux concepts de business models pour capitaliser sur ses revenus de epublicité: du Social Relationship Management au f-commerce en passant par les Facebook credits...

Lancé par son très médiatique fondateur Mark Zuckerberg en 2003, puis officiellement créé en 2004, Facebook s'impose aujourd'hui comme le modèle des réseaux sociaux avec plus de 500 millions d'utilisateurs connectés dans le monde en 2010, 712 millions en 2011.

Il génère 25% du trafic internet et dépasse en nombre de connections journaliers celui de Google. Comptez combien de fois Google apparait sur votre page chaque jour. Facebook fait mieux. Étonnant. En 2011, Facebook est devenu le premier site visité au monde avec 8 inscriptions à la seconde.

En 2008, il y avait 5 millions de français connectés à Facebook, aujourd'hui mi-2011, on en dénombre 22,7 millions d'utilisateurs (35% de la population française totale !) dont 65% s'y connectent tous les jours.

Ce qui est intéressant avec les nouvelles start-ups d'aujourd'hui est que l'on ne part plus d'un concept avec un business model à la clé. On construit l'idée même d'une start-up et suivant l'appétence du public à adopter le concept on construit par-delà les modes de revenus pour rendre la société attractive commercialement.


Du concept bon enfant à la machine de guerre économique
 

Outre l'aspect sympathique de ce site, c'est le formidable concept de modèle social économique qui révolutionne le business du commerce en ligne. Un concept qui n'avait pas vu le jour lors de la conception du site qui se voulait uniquement dédié aux tissages des liens sociaux.

Ce qu'a inventé Facebook c'est l'achat avec vos amis, le « social shopping ».

Vous n'achetez plus seul en ligne vous le faites en groupe avec votre cercle d'amis. Vous demandez l'avis de vos amis avant d'acheter en envoyant vos photos simulés de vos achats pour obtenir leur consentement : le « j'aime ou je n'aime pas » ... ta tenue.


C'est aussi une façon de pouvoir effectuer via le modèle f-commerce un achat de bout en bout, un parcours client en ligne idéal : de la visualisation du produit, aux échanges d'avis, à la mise au panier et au paiement via la monnaie Facebook ou tout simplement grâce à votre carte bleue.

Pour les annonceurs une deuxième voie plus complète à leur site officiel : l'avis du groupe impacte l'achat et ainsi pour certains 20% de leur chiffre d'affaire provient du Facebook commerce. Outre l'aspect financier et CRM, ce que met en avant Facebook dans son applicatif en faveur des entreprises, c'est la possibilité d'essayer avant d'acheter et de demander l'avis des clients à ses « amis » connectés sur Facebook. Ainsi, Levi's a permis en installant une application spécifique de mettre en place des séries de jeans que l'on pouvait envoyer à ses amis pour savoir quelle coupe était la plus « in. ». C'est ce que l'on appelle l'intelligence sociale. Diesel va même plus loin en installant un miroir dans ses salles d'essayage, avec prise de photos renvoyées à Facebook dans ses magasins et permet d'envoyer les liens à ses amis sur Facebook pour connaitre leurs avis.

L'autre concept révolutionnaire de Facebook est d'avoir intégré les données de tout un chacun sur son mode de vie dans une base de données spécifiques appelée l'Opengraph Protocol. Une base de données gigantesque récupérant certes les inscriptions les plus communes de votre carte d'identité mais pouvant les modifier en temps réel et les répertorier entre différents sites amis liés à Facebook. Un système qui permet de tracer vos goûts même dans un autre site que celui de Facebook grâce aux boutons « j'aime » (ou pas) inscrits dans tous les sites commerciaux enclin à faire rentrer le social shopping dans leur processus de connaissance clients.


Dès que vous décidez d'aller voir un site marchand, que vous vous dites intéressé par une activité en particulier dans votre centre d'intérêt ou bien que vous aimiez un site spécifique : l'Opengraph l'enregistre et permet d'updater ses données et pousse les informations auprès de vos amis qui savent en direct quel type de produit a pu vous intéresser. Vous aimiez « Lady Gaga » il y a 6 mois, on vous pousse des « ads » de musique Pop, vous aimez actuellement « Muse », et la publicité sur le dernier concert de « Placebo » vient envahir votre page car il s'agit de la même catégorie de musique : le rock alternatif.

On comprend mieux pourquoi Facebook est valorisé aujourd'hui à plus de de 70 milliards de dollars (chiffre annoncé de juin 2011).


Facebook a généré en 2010 près de 2 000 millions de dollars soit 158% de plus qu'en 2009. La progression moyenne par année est de 120%. Spectaculaire en l'espace de 6 ans d'activité seulement !

Mais d'où proviennent les revenus de Facebook ?

1. La publicité que vous retrouvez sur votre page (publicité à droite en colonne de votre page d'accueil) suivant vos centres d'intérêts et vos amis, un classique repris de Google. Lorsque vous décidez en tant qu'entreprise, communauté, service, auto-entrepreneur, de faire de la publicité sur Facebook, vous rentrez dans la rubrique Facebook Ads, introduisez avec exactitude la cible que vous souhaitez toucher : sexe, genre, âge, types d'intérêts, convictions philosophiques, politiques (...) et configurez vous-même le message et le type de logo et/ou image que vous souhaitez voir apparaitre. Un jeu d'enfant. Une fois votre publicité créée, tous vos amis pourront alors voir apparaitre sur le côté droit la petite publicité réduite à sa plus simple description : une image, une phrase. Puis tous les amis de vos amis qui correspondent à la cible pré-décidée.

Facebook produit un taux de clic effectif d'environ à 0,04% soit 400 clics pour un million de pages vues (sachant que la norme sur les autres sites est de 0,08% soit le double), un taux plus faible que les web sites basés sur le même business model, mais au vu du nombre d'utilisateurs connectés sur Facebook ceci engendre néanmoins un revenu considérable : cette activité a engrangé 1.86 Billion de dollars en 2010 et est la principale source de CA de la société.

Les revenus publicitaires proviennent de plusieurs canaux d'alimentation. La mise en avant des publicités sur les jeux applicatifs spécifiques générés par les développeurs : voilà une autre source de revenu de Facebook. Tout un chacun peut développer des jeux dit « cool », d'utilité à débattre, mais qui permettent de passer le temps: tester votre Qi, construire une vielle ou une ferme, gagner des points cool. Vous jouez et vous voyez sur cette page deux types de publicités : l'une intégrée dans le jeu lui-même, l'autre à droite dans des liens commerciaux facilement reconnaissable qui engendrent des revenus directement pour Facebook. La publicité représente près de 90% du chiffre d'affaires de Facebook .

 

2. Une autre source de revenu provient des Facebook credits.


Le principe est simple. Vous payez en ligne grâce à votre carte de crédit ou votre compte Paypal ou bien encore via votre compte mobile, un crédit de dollars que vous souhaitez sur votre compte personnel. Ce compte engendre une valeur virtuelle de monnaie appelée Facebook credits. En lançant ces Facebook credits, Facebook a réinventé l'euro virtuel: une monnaie universelle sans limitation d'échanges mais lui permet également d'engranger une importante trésorerie, sans même que l'utilisateur final s'en rende compte et se souvienne même de la valeur des Facebook credits.

L'avantage d'obtenir des Facebook credits est que cette monnaie est valable quel que soit le jeu ou le cadeau que vous souhaitez. Vous pouvez passer d'un univers à un autre et acheter ce que vous voulez en dépassant les frontières des entreprises. Un peu comme le rêve du chargeur universel ; avoir un seul chargeur quelle que soit la marque de téléphone que vous ayez. Plus loin encore, une société (Ifeelgoods) permet, grâce à une plateforme dédiée, lorsque vous achetez des produits de produire des Facebook credits comme une carte de fidélité : ces points de crédits alimentent automatiquement votre compte et vous pouvez même bénéficier d'un rabais de 30% sur certains jeux vous permettant de doubler votre avantage d'achat (un rabais et des crédits) : obtenir des Facebook credits en achetant une paire de chaussure, jouer plus longtemps grâce à ces mêmes points suite à un accord entre le jeu en question et la société Ifeelgoods. Vous pouvez de plus acheter par exemple, des cadeaux virtuels collectés grâce, d'une valeur moyenne de 0,10 $ (juin 2011). Cette idée a été lancée en février 2007. Avec ces derniers vous pouvez offrir à votre dulcinée une rose pour lui faire savoir que vous seriez heureux de diner avec elle. Un moyen plus économique que de lui offrir de vrais roses. Le cadeau virtuel acheté coute en moyenne 0,33$**, représentant au global près de 10% du revenu de Facebook en 2010. Vous pouvez même si vous le souhaitez offrir de vrais roses : vous n'avez plus qu'à passer sur un site marchand dont vous aurez vu la publicité sur Facebook...

 

Facebook tire en grande partie bénéfice de cette monnaie virtuelle grâce à l'accès aux jeux applicatifs payant. Si l'application est payante, le Business model ressemble peu ou prou à celui d'Apple avec ces iApplications : 30% des revenus des applications reviennent dans ce cas à Facebook, et 70% est redistribué au développeur. Zynga est l'une des sociétés qui développent le plus de jeux et vient de signer un partenariat avec Facebook sur les credits Facebook, sur ses applications de jeux afin de permettre aux utilisateurs Facebook de payer ses jeux via le mode de paiement des Facebook credits. Zynga, comme beaucoup d'autres développeurs de jeux réussissent à vous attirer dans leur filet : vous essayez gratuitement au départ le jeu mais arrivé à un certain niveau de maturité du jeux, vous devez payer le jeu pour aller plus loin et vous faire d'autres amis en rentrant dans la communauté des joueurs.

Ce mode de rémunération reste révolutionnaire.

Et l'avenir ?


Le f-commerce est-il la solution au développement d'un autre style d'achat ?

Certains comme l'étude Forrester estime que le business model est « tiré par les cheveux ». D'autres évoquent une part de marché de maximum 4% sur le commerce digital, loin devant les prédications de certains. Booz Allen a effectué une étude démontrant que 73% des Facebookers n'achèteraient pas sur Facebook. Seulement 7% des distributeurs estiment que Facebook est une plateforme nécessaire au développement de leur commerce. Alors que les campagnes marketing classiques email engendrent généralement un taux effectif de retour d'environ 4%, Facebook n'aurait un effet positif que de 1%.Mais Facebook ne va-t-il pas trop loin ? Ne va-t-il pas perdre l'aura qui a fait de son entité un véritable success story ? À savoir une communauté d'échanges loin derrière les préoccupations business des jeunes premiers des Sophomore, ces premières années d'université?

Marck Zuckerberg a déjà annoncé qu'il souhaitait se retirer de son entreprise en mars 2012, voire à fermer sa société, ce qui provoqué un émoi grandissant dans la communauté des personnes en addiction totale au site. La pression médiatique, les procès, les remises en cause et les critiques de certains détracteurs dans les médias.

À chacun son camp : ceux qui y croient et les autres.


Pour l'instant les chiffres rassurent ; selon une étude de juillet 2011 signé Up Social, il est prévu une augmentation de +75% du chiffre d'affaire f-commerce sur 2015 avec un total de 11, 5 milliards de dollars.
De quoi faire rêver les investisseurs...