Pourquoi privilégier la production en France face à la crise du Covid-19 ?

La crise industrielle causée par le Covid-19 nous montre combien il est nécessaire aujourd'hui de concentrer sa production sur le territoire pour parvenir à une productivité plus responsable et locale, au profit de la qualité et de la traçabilité des produits.

I –  Quels bénéfices pour une production en local ?

 La disponibilité des produits de première nécessité…

La crise du Covid-19 peut avoir ce premier enseignement pour les Français, à savoir l’importance de garder (ou de rapatrier) sa production sur le territoire. Ce choix, qui désormais devient économiquement stratégique, offre de nombreux avantages, et plus encore lorsque l’on fait le pari de l’économie circulaire et du tout en France. Tout d’abord, cela offre plus d’agilité et d’indépendance en cas d’événement mondial impactant les transports de marchandises, notamment dans la gestion des flux de livraison et des sources d’approvisionnement. Les Français doivent retrouver une autonomie face aux fournisseurs étrangers et se suffire à eux-mêmes, ne serait-ce que pour les produits de première nécessité ou les pièces permettant de les fabriquer, sous peine d’être durablement impactés en cas de crise majeure.

En faisant le choix du tout en France, les produits sont également livrés plus rapidement, grâce à la diminution des temps de transport, et cela, quels que soient les événements mondiaux.

…et une production plus citoyenne

Une production locale provoque indéniablement une diminution conséquente de l’impact carbone généré par le transport des marchandises, alors même que l’Europe réfléchit à une taxation plus importante des émissions de gaz. Bruxelles a en effet fixé comme objectif zéro émission de CO2 nette à horizon 2050. Penser d’ores et déjà à les réduire à son échelle en limitant le transport, permet ainsi d’anticiper de potentielles directives qui pourraient taxer à l’avenir les entreprises sur leurs émissions de C02.

D’autre part, faire appel à un fournisseur local permet d’exercer un meilleur contrôle sur la qualité et  la conformité avec les normes françaises. En effet, il est plus aisé de mettre en place une traçabilité des produits en ayant connaissance de leur provenance et de leur process de fabrication. A noter également que l’entreprise peut plus facilement s’assurer que l’activité du prestataire est conforme avec ses valeurs, comme par exemple sur les aspects environnementaux ou les conditions de travail. Enfin, une production française a également pour effet de revitaliser les territoires avec la création d’emplois durables et non délocalisables.

II L’économie circulaire, autre facteur de relance pour l’industrie

Enjeu économique de la préservation des ressources

Commençons par rappeler brièvement ce qu’est l’économie circulaire. Il s’agit d’un "système économique d’échange et de production qui, à tous les stades du cycle de vie des produits (biens et services) qui vise à augmenter l’efficacité de l’utilisation des ressources et à diminuer l’impact sur l’environnement tout en développant le bien-être des individus" selon l’ADEME. L’économie circulaire se caractérise donc tout d’abord par la réutilisation des matières premières, permettant ainsi de les préserver tout en amortissant les coûts de production. C’est un point particulièrement important pour le secteur du smartphone reconditionné car les téléphones sont composés entre 80 à 85 % de métaux rares comme le coltan, le cobalt ou le tantale[1]  que l’on trouve notamment en Afrique, et dont les conditions de travail sont connues pour être indécentes. Réduire leur extraction est donc d’abord un enjeu citoyen lié à la préservation de l’écosystème et au refus de cautionner des conditions de travail en désaccord avec les droits humains fondamentaux. L’enjeu est également économique pour l’entreprise, dans la mesure où l’extraction de ces minéraux devient de plus en plus chère compte tenu de leur raréfaction.

Par ailleurs, le reconditionnement de produits électroniques est une manière efficace de lutter contre leur obsolescence, et de diminuer les coûts de traitement des DEEE (Déchets d'équipements électriques et électroniques) ainsi que ceux de leur destruction.

C’est notamment dans la gestion du traitement des déchets que l’alliance de la production en France et de l’économie circulaire devient cruciale. En premier lieu, traiter ses déchets sur le territoire en faisant appel à des partenaires agrées et locaux, permet d’optimiser le recyclage et ce dans des conditions respectueuses de la règlementation française et de l’environnement.

Produire en France : un engagement citoyen de l’entreprise pour répondre aux attentes citoyennes des consommateurs

Enfin, produire en France répond également aux attentes des consommateurs dont beaucoup se montrent prêts à soutenir les entreprises qui feront cet effort. Selon le Baromètre de la consommation responsable 2019, produit par l’ADEME et GREENFLEX[2], 67% des Français disent avoir changé certaines de leurs pratiques et 13% déclarent faire tout leur possible pour réduire l’impact de leur consommation, notamment en favorisant les produits locaux. Mais nous sommes convaincus que cet engagement citoyen s’accentuera après le Covid-19. Acheter français sera une nécessité au-delà d’un engagement civique. Les consommateurs seront les principaux acteurs de la relance de l’activité pour bon nombre de commerces.

L’ensemble de ces éléments permettent de souligner combien il est important aujourd’hui de concentrer sa production sur le territoire autant que possible et parvenir à une productivité plus responsable et locale, au profit de la qualité et de la traçabilité des produits Beaucoup d’entreprises françaises viennent de nous prouver qu’elles étaient d’une grande agilité en adaptant leur production en un temps record, et ce pour de répondre à des besoins primordiaux et stratégiques tels que la fabrication de gel hydroalcoolique, de masques ou de surblouses. Nous sommes donc capables de produire vite et bien, et de faire face à une crise lorsque l’outil de production est sur le territoire. Et cela, tout en soutenant l’emploi et la croissance en France.

[1] Etude de l’ADEME « Les impacts du smartphone, un téléphone pas si « smart » pour l’environnement », Décembre 2019

[2]Baromètre de la consommation responsable Ademe GREENFLEX, septembre 2019