La France, un marché si particulier pour la FoodTech responsable

Lorsque l’on pense « gastronomie », on pense irrémédiablement à la France : ce pays où l’on voue un véritable culte à la cuisine, où les repas sont des instants de plaisirs purs. Et le succès avéré des startups dites "FoodTech" renforce une exception culturelle.

Une dimension peine encore à s’imposer dans les us et assiettes : la nécessaire rencontre entre les innovateurs digitaux et les défenseurs d’une consommation plus responsable.

Terre de FoodTech 

Le secteur de la FoodTech est en croissance en France. En octobre 2018, le DigitalFoodLab référençait ainsi 472 startups hexagonales disruptant tant les produits, que la distribution, ou encore le modèle économique des géants de l’alimentaire. Le tout, pour 317 millions d’euros levés entre 2013 et 2017. Et pour cause ! Terre d’agriculture et d’industrie, la France dispose de tous les talents et atouts nécessaires pour innover, tester, et imposer le digital, de la fourche à l’assiette (Inra, CNRS, AgroParitech, pour ne citer qu’eux). Nul doute que l’élan politique autour de ce qu’il est désormais convenu d’appeler la « Startup Nation » a également favorisé ces dernières années les multiples idées et ambitions d’une génération soucieuse de consommer plus rapidement, et plus simplement… mais pas seulement. 

Terre de « responsabilités »

Dans le même temps, le contexte économique et social du pays a imposé une prise de conscience des consommateurs, comme de certains entrepreneurs : il nous faut manger mieux. C’est alors qu’un tout autre écosystème de startups est né, avec en ligne de mire, l’impact de leur activité sur le « bien-commun »… Or, si les premiers peuvent avoir eu tendance à écarter de leur modèle économique les prises en considérations environnementales, les seconds oublient bien souvent de proposer une expérience utilisateur suffisamment confortable, ou encore dénuée de tout argument culpabilisant, et in fine clivant. Alors faut-il impérativement souffrir pour faire le bien ? Nous sommes convaincus du contraire, et de l’impératif de réconciliation des géants du numérique et des pépites de l’entrepreneuriat social, au bénéfice de toutes et tous. 

Et pourtant… Exemple du gaspillage alimentaire 

Prenons pour exemple cette problématique qui nous est chère, et qui recoupe des enjeux économiques et écologique puissants. Pour rappel, ce sont chaque année en France, 10 millions de tonnes de consommables qui partent à la poubelle, soit une perte de 16 milliards d’euros. Malgré les nombreuses initiatives associatives et privées, aucune réelle révolution des usages n’est à ce jour perceptible dans le pays. Si différents facteurs peuvent de mon point de vue justifier ce statu quo, l’un d’entre eux est sans conteste une communication beaucoup trop culpabilisante, basée sur des arguments simplistes, ne tenant absolument pas compte des réalités de consommation des Français, (et a fortiori des urbains), et excluant, par principe, les acteurs désormais incontournables du secteur (livraison à domicile… pour ne citer qu’eux).

Les experts du GIEC ont pourtant alerté en août dernier sur l’urgence d’une réforme en profondeur de l’ensemble de la chaîne alimentaire : de la gestion des terres, à l’alimentation, en passant par la production agricole. Seuls un alignement et une coopération complète des “Tech” et des “For Good” permettront de franchir une marche supplémentaire. Entrepreneur.e.s, il est encore temps de mettre toutes nos bonnes idées et nos efforts sur la même voie : celle d’un progrès responsable.