Pour sortir sa flotte du flou, Enedis automatise l'attribution de ses véhicules

Pour sortir sa flotte du flou, Enedis automatise l'attribution de ses véhicules Pour éviter les rendez-vous manqués chez les clients, l'ex-ERDF va tester une techno qui aide les gestionnaires de flotte à anticiper et compenser les indisponibilités.

Chez Enedis, poser un lapin aux clients coûte cher. Gestionnaire du réseau électrique national, Enedis (ex-ERDF) possède des dizaines de bases opérationnelles en France, depuis lesquelles plusieurs milliers de techniciens partent chaque jour effectuer des interventions. Toute une logistique : le gestionnaire de flotte doit affecter le bon véhicule en fonction du lieu d'intervention, de sa nature et du niveau de risque électrique. Une tâche qui vire au casse-tête en cas d'imprévu. Par exemple, lorsque le vent ou la neige ont endommagé le réseau dans la nuit. Le planning d'interventions du lendemain s'en trouve bouleversé, car des véhicules ont été mobilisés en urgence par les agents d'astreinte, qui sont rentrés chez eux avec une fois leur mission terminée. Enedis est alors contraint d'annuler une intervention prévue chez un client. "Cela a des conséquences financières, mais aussi en termes de satisfaction client : ceux avec qui nous fixons des rendez-vous posent une demi-journée pour nous accueillir chez eux", rappelle Nicolas Viel, chef de projets numériques chez Enedis.

Pour tenter d'améliorer la situation, Enedis expérimentera en 2019 sur sa base opérationnelle de Rennes l'automatisation de ce processus. La société déploiera pour cela l'algorithme de gestion de flotte Autodispatch, développé par Mobility Tech Green, une start-up française d'autopartage pour entreprises. Dès qu'une intervention est programmée, Autodispatch détecte ses propriétés et attribue automatiquement le bon véhicule au bon technicien. Une tâche qui prend habituellement une heure chaque matin au manager de la base opérationnelle pour l'ensemble des interventions, assure Nicolas Viel.

Ce système lui donne également une meilleure visibilité : il est notifié dès son arrivée si des véhicules prévus au planning manquent car ils ont été mobilisés dans la nuit, au lieu de l'apprendre une fois qu'il est trop tard. Pour éviter d'avoir à annuler un rendez-vous, Autodispatch peut conseiller au manager de faire appel à une société de convoyage, qui va ramener le véhicule à la base opérationnelle. "Passer par un convoyeur a un certain coût", admet Nicolas Viel. "Mais c'est au pire le même prix, et au mieux moins cher, que de rappeler le client pour fixer un nouveau rendez-vous. D'autant qu'il est souvent trop tard pour réaffecter le technicien sur une nouvelle mission, son temps est donc gâché."

Aujourd'hui, il n'existe pas d'outil donnant une vision exhaustive des véhicules présents sur chaque base d'Enedis

Ce nouveau système doit aussi permettre de décloisonner les bases opérationnelles, afin de donner une vue d'ensemble de la flotte à l'échelle du département d'Ile-et-Vilaine. Car aujourd'hui, il n'existe pas d'outil donnant une vision exacte et exhaustive des véhicules présents sur chaque base . Avec Autodispatch, les véhicules ne sont pas géolocalisés mais le système renseigne leur localisation théorique en fonction du planning d'intervention, ce qui devrait permettre plus d'entraide entre les différentes bases opérationnelles, qui pourront plus facilement s'échanger des véhicules.

Outre la gestion de l'imprévu, Enedis espère aussi optimiser sa flotte à plus long terme grâce aux données générées par cette automatisation. "Parfois, les managers n'ont pas de données pour justifier leurs besoins de véhicules auprès de leurs supérieurs, mais se basent plutôt sur leur ressenti", explique Nicolas Viel. Ces nouvelles informations permettront de rationaliser ces besoins et d'adapter la flotte à la saisonnalité, (l'hiver entraîne de nombreux dégâts sur le réseau, et donc de nombreux imprévus) ou aux besoins particuliers de chaque base en fonction de ses chantiers en cours. Cette expérimentation, qui débutera avec une trentaine de véhicules et techniciens et devrait durer au minimum un trimestre, sera progressivement étendue à toute la base opérationnelle de Rennes, puis à toutes les bases opérationnelles d'Enedis en Ile-et-Vilaine en cas de succès.