L’immobilier d’entreprise : secteur qui résiste à la crise ?

Pour certains, le secteur de l’immobilier d’entreprise semble tenir bon malgré la crise économique actuelle. Il se développe depuis quelques années sur Internet et de nouvelles démarches en vogue se répandent rapidement : le crowdfunding ou le coworking rendent le milieu attractif pour les investisseurs. Toutefois, ce tableau est-il aussi rose qu’il le laisse paraître ? Retour sur une bataille musclée contre la crise.

L’immobilier d’entreprise semble traverser les difficultés économiques sans dommages apparents
 
Depuis la crise économique de 2008, de nombreux secteurs se sont littéralement écroulés : l’immobilier en premier lieu, qui fut d’ailleurs le premier touché. Toutefois, en ce qui concerne l’immobilier d’entreprise, les choses ne sont pas aussi noires. Si celui-ci n’a pas échappé à la crise, les chiffres ne mentent pas. En effet, 9,2 milliards d’euros y ont été investis en 2012 (1). En 2014, la roue tourne : 23,8 milliards d’euros engagés, soit la troisième meilleure performance après 2007 et 2006.

En ce qui concerne l’année 2015, une légère baisse se fait remarquer : 16,5 milliards d’euros engagés au cours des neufs premiers mois de l’année (2). Si les montants records de 2014 ne seront pas atteints cette année, 2015 prendra tout de même la seconde place du podium depuis 2007. Ainsi, 43 opérations de plus de 100 millions d’euros ont été enregistrées depuis début 2015. L’année devrait même se terminer à plus de 22 milliards d’euros (3). Les bureaux restent l’actif privilégié par les investisseurs : avec plus de 10 milliards d’euros, ils représentent 63% des acquisitions depuis le début de l’année.
 
A noter également que les SCPI (Sociétés civiles de placement immobilier) investies dans le secteur offrent de bons taux de rentabilité (4,75% de rendement au 3e trimestre 2015) (4). En effet, en 2014, elles collectaient près de 2,7 milliards d’euros dans ce secteur, sur une collecte totale (tous secteurs confondus) de près de 3 milliards d’euros (5). En 2015, elles représentent 13% des acquéreurs (6). Si des difficultés sont clairement passées par là depuis 2008, le secteur de l’immobilier d’entreprise repart et présente des chiffres très encourageants.
 
Les tendances et pratiques 2.0 contribuent au développement du secteur
 
Avec l’avènement d’Internet et l’omniprésence du numérique, l’immobilier d’entreprise n’échappe pas aux bouleversements. Si le phénomène reste relativement récent, contrairement au résidentiel, l’usage du Web a énormément augmenté depuis trois ans. Les entreprises y ont recours afin de poster leurs offres, d’entrer en relation avec leurs clients ou encore de prospecter. Il y a encore cinq ans, peu de solutions et outils existaient. Aujourd’hui, que ce soit via des services de géolocalisation, des applications mobiles ou les réseaux sociaux, la transformation digitale est en route.
 
Longtemps boudé par les technologies, l’immobilier d’entreprise rayonne. De nouvelles tendances lui apportent visibilité et attractivité, comme le crowdfunding (via Realty Mogul aux Etats-Unis ou Wiseed en France, par exemple) amenant des sommes toujours plus importantes. Le coworking également, véritable phénomène porté par le digital et les réseaux sociaux, se développe sans cesse et convertit de plus en plus d’entreprises au concept (plus de 200 espaces aujourd’hui en France, comme Numa ou WeWork, qui arrivera très prochainement). Les investisseurs ont bien compris les bénéfices que pouvaient leur apporter ces usages en France et engagent bon nombre de transactions en ce sens.
 
Le tableau serait-il moins idyllique qu’il n’y paraît ?
 
Paris demeure le premier marché européen et le deuxième marché mondial, après New-York, à la location en terme de mètres carrés "transactés" de bureaux (environ 2 millions par an pour l’Ile-de-France depuis 10 ans). Le marché locatif offre donc toujours des rendements élevés et l’immobilier d’entreprise séduit. D’un point de vue international, ce sont les start-up du secteur de l’immobilier d’entreprise qui ont levé le plus de fonds aux Etats-Unis en 2014. Quant à l’Hexagone, si les transactions sont centrées autour de la capitale, il existe un véritable second marché à Lyon. En effet, la ville a été le moteur du marché régional de 2015 avec 760 millions d’euros investis (7).
 
Ainsi, l’immobilier d’entreprise présente des chiffres économiques plutôt positifs. Les surfaces louées restent les mêmes que les années précédentes en Ile-de-France (estimées aux alentours de 2,1 millions de mètres carrés pour l’année 2015) (8). Cependant, la majorité des transactions restent l’apanage des grands groupes et les investissements et grandes opérations se concentrent encore en Ile-De-France, avec 79% des volumes investis (9). Les acquéreurs étrangers sont de plus en plus nombreux au détriment des Français. Ainsi, l’économie du secteur de l’immobilier pour les entreprises tricolores doit être à relativiser. Toutefois, les innovations technologiques n’ont de cesse de rendre le secteur attractif et des événements de plus en plus médiatisés - comme le Salon Rent, qui s’est déroulé début novembre 2015 à Paris pour la troisième année consécutive - tendent à réunir les acteurs majeurs et inventifs de l’immobilier d’entreprise français.
   

(1) Selon une étude publiée par le cabinet Cushman and Wakefield en 2012

(2) Chiffres BNP Paribas Real Estate, 2015

(3) Selon une étude menée par Savills France en 2015

(4) Selon le site MeilleurSCPI.com

(5) Chiffres IEIF, 2014

(6) Chiffres BNP Paribas Real Estate, 2015

(7) Chiffres BNP Paribas Real Estate, 2015

(8) Selon une étude menée par Savills en 2015

(9) Chiffres BNP Paribas Real Estate, 2015