La technologie blockchain fait trembler le milieu de la finance

Nombreux sont les observateurs qui s’accordent sur le pouvoir disruptif de blockchain et sa capacité à disrupter les marchés traditionnels.

En 2009, d’un œil sceptique les banques ont vu apparaître un nouveau type de monnaie virtuelle : la crypto-monnaie. Son principal intérêt est surtout d’être décentralisée : les utilisateurs qui échangent ce type de monnaie peuvent accéder à la chaîne de transactions de chaque Bitcoin. Cette technologie de traçabilité est la base de la blockchain. Cette dernière constitue ainsi une base de données publique qui contient l’ensemble des échanges effectués entre ses utilisateurs. Le site BlockChaininFrance pousse plus loin la définition en la présentant comme suit : "une technologie de stockage et de transmission d’informations, transparente, sécurisée, et fonctionnant sans organe central de contrôle".

Les champs d’exploitation de cette technologie sont immenses. Elle pourrait, en théorie, se substituer à n’importe quel tiers de confiance ayant pour rôle de valider et assurer la non répudiabilité d’une transaction. L’adoption de cette architecture pourra impacter tous les secteurs : e-commerce, transport, banque et assurance, professions juridiques...

Déjà, de nombreux services basés sur la blockchain émergent dans divers domaines comme la startup israélienne La ‘Zooz avec le covoiturage nouvelle génération, Ftopia pour le stockage cloud façon blockchain, Blockverify pour lutter contre la contrefaçon, et la liste ne fait que s’allonger chaque jour. Un domaine particulièrement concerné par la blockchain est celui de la finance, et plus particulièrement le secteur bancaire. Selon un rapport établi par la Santander Bank, la blockchain permettrait d'économiser entre 15 à 20 milliards de dollars par an d'ici à 2022 en coûts d'infrastructures liés aux paiements internationaux et au trading. Pour ce faire, il faudra qu’un groupement de banques crée une blockchain privée basée sur la confiance entre ses membres.         

·  Où en sont donc nos banques françaises par rapport à l’exploitation de cette technologie ? Et quel sont les enjeux et les opportunités d’applications ?

La bonne nouvelle, c’est que la technologie n’est pas vraiment laissée à l’écart par nos banques françaises. La course à la construction du Proof-of-Concept (POC) ainsi que les opportunités d’applications de l’architecture blockchain ont bien commencé. Nous sommes en train d’assister à une révolution silencieuse des moyens de paiements.

Depuis avril dernier la Banque de France s’est lancée dans l’étude et la mise en place de cette architecture avec deux start-ups parisiennes spécialisées. Tout au long de la construction du POC sur le ou les cas d’usage qui auront été examinés, la Banque de France étudiera les capacités et les risques de cette technologie.

La Société Générale a décidé de rejoindre fin septembre le consortium formé par la start-up new-yorkaise R3 qui explore les applications commerciales de la technologie blockchain. Selon la Société Générale, il s’agit principalement de déterminer les cas d’usages sur lesquels la technologie pourrait être utilisée. Les applications commerciales devraient se préciser d’ici 2017 même si toutes les options restent ouvertes. Quant à BNP Paribas, elle a mis un coup d’accélérateur en 2015 en organisant un "business Hackaton" d’un jour et demi sur les crypto-devises avec des experts du secteur et une quarantaine de cadres des métiers de la banque d’investissement du groupe. Ce travail a permis d’identifier une quinzaine d’opportunités en cours d’évaluation pour l’activité "post-trade", qui va de l’exécution des ordres à la conservation des titres.

Blockchain : Une opportunité ou une menace ?

Il est difficile à ce stade de répondre de façon ferme à cette question. D’après certains analystes, la blockchain constitue plus une menace qu’une opportunité pour les banques. Ce qu’on sait à ce stade c’est que la désintermédiation dans les échanges présente un réel manque à gagner pour les institutions bancaires quand il s’agit de transactions financières. D’un autre coté grâce à la blockchain, elles y gagneraient en frais opérationnels et administratifs répercutés sur le consommateur/investisseur, puisqu’il n’existe aucun organe de contrôle centralisé, ce qui présente en soit une alternative durable et "citoyenne".

Dans tous les pays membres de l'Union européenne, en cas de faillite, nos banques auront légalement le droit de supprimer une partie de nos épargnes ou de nos comptes courants pour se renflouer, selon la directive BRED en vigueur. Comme la valeur d’une monnaie réside dans la confiance que lui donnent ses détenteurs et que l’euro fait aujourd’hui face à un scepticisme de plus en plus important, la blockchain peut s’avérer un véritable levier économique.

Enfin, si la Blockchain a poussé les banques à réfléchir à leurs futurs modèles économiques, elle permet d’ores et déjà de repenser les activités bancaires, avec au centre de l’échiquier l’humain et comme axe de développement la capitale confiance pour réussir la transition.