La vocation de l’intelligence artificielle est d’assister l’intelligence humaine

Si nous pouvons l'aborder en tant qu'intelligence d'assistance et la mettre à profit pour améliorer nos compétences au lieu de les remplacer, les avantages de l'IA amélioreront notre quotidien.

Près d'un an après le lancement de France IA*, le discours public à propos de l’intelligence artificielle tourne davantage autour des inquiétudes qu’elle suscite. Son impact dépendra pourtant de l’usage que nous en ferons. Dans la réalité, l'intelligence artificielle est en effet bien loin de remplacer l’humain ; elle a pour avantage de pouvoir le suppléer dans les tâches répétitives ou chronophages.
Extension des compétences humaines 

Dans tous les secteurs, les nombreuses applications de l'intelligence artificielle ont le pouvoir de décupler les possibilités des collaborateurs et d'améliorer leur productivité. Le rapport de synthèse** de l’initiative France IA, lancée par le gouvernement en mars 2017, insiste sur les bénéfices de l’IA pour les emplois. L’automatisation tant décriée de certaines tâches s’accompagnera de la création de nouveaux postes, de nouveaux modes de travail et se révélera particulièrement utile dans certains domaines tels que la maintenance ou la création assistée. Ces bénéfices ne sont toutefois pas l'apanage des entreprises. Ils se feront également sentir sur le plan individuel.

En effet, bon nombre de collaborateurs, à des fonctions diverses, pourront se libérer de nombreuses tâches ingrates et répétitives, ce qui leur permettra d'endosser un rôle plus stratégique et d'explorer de nouvelles manières de se diversifier. L'intelligence artificielle va continuer de changer notre façon de travailler en nous permettant de consacrer davantage de temps à la réflexion et à la créativité, ainsi qu’aux tâches nécessitant des capacités d'analyse et de l'expérience. Des tâches qui ne peuvent pas être intégrées dans un algorithme.

L'humain toujours indispensable

Bien que l'intelligence artificielle n'en soit encore qu'aux prémices d'une utilisation généralisée, elle permet sous sa forme actuelle d'enrichir une tâche spécifique, en particulier lorsqu'il s'agit de gérer de grandes quantités de données et d'informations.La capacité à exploiter des données est d'ores et déjà l'une des compétences les plus recherchées par les entreprises. Même si les algorithmes exploitant le machine learning facilitent et accélèrent déjà l'accès à des données pertinentes et leur analyse, l'intelligence artificielle ne remplace pas pour autant la puissance de l'intuition humaine. L'être humain est le mieux placé pour poser des questions pertinentes en fonction d'un contexte donné et relier les réponses à des problématiques métier. 

L’IA est loin d’égaler les compétences humaines nécessaires à la résolution de problèmes liés au contexte de l’entreprise et à ses données. De tels enjeux ne peuvent être abordés qu’à l’aide de l’expérience du passé et de la prise en compte du contexte. Les décisions qui en découlent requièrent des capacités cognitives, une certaine intelligence émotionnelle et une ingéniosité qui ne relèvent que de l’esprit humain.

Alors que l'IA est capable de repérer des valeurs atypiques et d'identifier des tendances dans les données, l'analyse humaine joue donc un rôle crucial dans l'obtention d'informations exploitables. Les utilisateurs doivent s'assurer que les hypothèses générées par les algorithmes soient raisonnables et déterminer les mesures à prendre en fonction des résultats obtenus.

Collaboration homme-machine

Le recours à une collaboration entre l’humain et l’intelligence artificielle a déjà prouvé son efficacité dans plusieurs domaines. Ainsi, le Forum Economique Mondial a permis de déceler le niveau de maturité des entreprises, tous secteurs confondus, en matière d’usage de l’intelligence artificielle ; un niveau qui dépasse les 50% dans les secteurs de l’automobile, de l’aéronautique et des télécoms***.

Dans le domaine médical, les algorithmes complexes et le machine learning ont permis aux chercheurs de mieux traiter certains phénomènes physiologiques et biologiques (mutations génétiques, formation de mélanome), et d'analyser d'énormes quantités d'informations (rapports et études cliniques, dossiers des patients, …) qui nécessiteraient, en temps normal, plusieurs vies humaines. Ces avancées, sans précédent, permettront aux praticiens de mettre en place des traitements adaptés aux caractéristiques génétiques et à l'environnement des patients, ce qui est totalement inédit.

Toutefois, seule l’intelligence humaine peut surveiller les fonctions vitales d’un patient, ou, dans un autre registre, trouver des informations stratégiques dans une partie d'échecs et les appliquer à une problématique métier. A l’heure où les experts s’interrogent, il est donc nécessaire de bien faire la distinction entre bouleversement et destruction. L'automatisation génère des opportunités, et la véritable promesse de l'IA réside dans la possibilité de la combiner à l'ingéniosité et à la créativité humaine.


*Evènement deprésentation de la stratégie française en matière d’intelligence artificielle.

**Rapport de synthèse France IA, consultable ici

*** Etude réalisée par Infosys et Vanson Bourne en janvier 2017 dans 7 pays (France, Etats-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, Chine, Inde et Australie) intitulé « Amplifying Human Potential : Towards Purposeful Artificial Intelligence » (L'intelligence Artificielle à l'ère de la maturité : vers l'amplification du potentiel humain), à l'occasion du WEF de Davos. A consulter ici