L'économie circulaire n'est pas un Graal inaccessible

La production industrielle et le développement durable ne sont pas contradictoires. De plus en plus d’industriels considèrent le recyclage comme une opportunité de créer de la valeur, de se différencier tout en tout en étant des entrepreneurs écoresponsables

Le 23 avril dernier lors de la visite d'une usine SEB à Mayenne, le gouvernement présentait sa feuille de route pour développer l'économie circulaire en encourageant notamment le recyclage. Alors que le taux de recyclage des plastiques en France se situe actuellement entre 20% et 25%, l'objectif visé est de 100% d’ici 2025.Voilà une formidable opportunité pour les industriels : qu’il s’agisse de PME ou de grands groupes c’est l’occasion, pour les entreprises, de s’investir dans un enjeu sociétal, dont l’impact sur leur activité peut être réellement vertueux. A l’heure où collaborateurs, clients et collectivités ont, en la matière, des attentes de plus en plus fortes en termes d’engagements écologique, local, durable…, l’industriel éco-responsable aura indéniablement une longueur d’avance en s’y investissant pleinement.

Oser se transformer
Pour les industriels, c’est aussi une question de survie. Pour préserver sa place sur le marché, son implantation sur le territoire et la pérennité de son activité, il est illusoire de vouloir faire l’impasse sur sa transformation écologique qui pourtant, dans un écosystème favorable, devient accessible à tous.Cette mutation passe d’abord par la capacité des dirigeants à s’adapter aux attentes des clients mais aussi de leurs collaborateurs en leur offrant plus d’autonomie dans la gestion de l’entreprise. Mais s’engager dans une démarche d’entreprise éco-responsable nécessite aussi une transformation de son offre et donc de son processus de production. Et cela passe d’abord par l’innovation en changeant par exemple de matières premières, en développant de nouveaux matériaux, en concevant de nouveaux procédés...

La R&D peut apporter des solutions étonnantes comme celles d’optimiser tout à la fois sa filière d’approvisionnement, sa chaîne de production et la qualité de ses produits finaux. L’anas de lin par exemple était un résidu de la plante de lin brûlé ou utilisé comme litière naturelle pour les animaux. Valorisé par l’industrie de la plasturgie, il est associé à du plastique recyclé pour produire un composite qui affiche des performance techniques, économiques et écologiques insoupçonnées.Un cas parmi tant d’autres qui illustre cette capacité à améliorer la gestion du cycle de vie des produits, de leur conception jusqu'à leur traitement lorsqu'ils deviennent des déchets. Outre le recyclage, un des principes de l'économie circulaire, d’autres comme le groupe SEB misent sur des produits pouvant être réparés ou sur un engagement encore plus global telle la marque de vêtements "outdoor" Patagonia dont la démarche, depuis de nombreuses années, vise à donner un sens à son action bien au-delà de ses seuls produits.

Un pari gagnant
Privilégier l’économie circulaire nécessite beaucoup de réflexions techniques, de R&D et d’évolutions technologiques. Compte tenu du temps et de l’argent que cela mobilise, l’open innovation, cette capacité à s’ouvrir aux autres (fournisseurs, clients…), à échanger, est dès lors incontournable surtout sur des sujets souvent très pointus. Mais le jeu en vaut clairement la chandelle.

Encore faut-il faire savoir et partager cet engagement. Le soutien à des associations de protection de l’environnement par exemple est aussi un moyen d’enrichir sa démarche d’entreprise éco-responsable et de mobiliser ses propres équipes.

Finalement, devenir acteur de l’économie circulaire n’est pas un Graal inaccessible, pas même dans l’industrie. Nous avons la chance aujourd’hui de connaître une dynamique plus vertueuse en faveur du développement durable. Les industriels aussi ont ce défi à relever. Le compte à rebours a commencé, il est grand temps de s’y mettre si l’on veut préserver le tissu industriel français.  Nous avons tout à y gagner.