E-santé : les quatre tendances à suivre en 2019

Intelligence artificielle, blockchain, cloud...toutes les technologies participeront à l'essor de la santé numérique cette année. Tour d'horizon.

https://www.journaldunet.com/economie/finance/1195520-technologie-blockchain/

D’ici 2020, 1,5 milliard d’euros seront investis dans l’intelligence artificielle, selon le gouvernement. Principal enseignement de ce plan d’investissement : la digitalisation du secteur de la santé en France est aujourd’hui bien en marche. Et ce, depuis la visite médicale jusqu’aux moyens de s’informer pour les professionnels de la santé.

Parmi les premières avancées, ainsi, on retient le déploiement du carnet de santé et l’émancipation progressive de la télémédecine. Mais les potentialités de la technologie dans la santé sont encore nombreuses. Tour d’horizon des tendances à venir dans la santé en 2019, avec un focus particulier: l’imagerie médicale.  

1. Mettre l'accent sur l'optimisation des équipements  

De nombreux organismes de santé abandonnent l’idée de remplacer intégralement leurs systèmes à grande échelle face au coût que cela engendrerait. Les praticiens privilégient davantage l’intégration d’une technologie comme l’intelligence artificielle pour renforcer la performance plutôt que l’achat de nouveaux équipements.  

Les principales raisons qui motivent l'adoption de ces technologies reposent sur la réduction des tâches fastidieuses et répétitives pour les manipulateurs et les radiologues, ainsi que pour des décisions mieux informées. Mais encore, et surtout sur la possibilité de soigner un nombre plus important de patients, grâce à la qualité du processus de traitement des données et la capacité de l’IA à obtenir un aperçu prospectif et rétrospectif du diagnostic en quelques minutes. Les entreprises spécialisées dans les technologies notamment liées à l’IA l’ont bien compris, c’est pourquoi, elles privilégient la mise en place de partenariats avec les constructeurs d’appareils médicaux afin de donner la possibilité aux praticiens de gérer leurs outils depuis un logiciel ou une application.  

Ce virage soulève un besoin de collaboration et de partage plus important dans les années à venir entre les fournisseurs, les entreprises de la healthtech qui élaborent les applications d'intelligence artificielle, pour répondre aux attentes des organismes de santé. 

2. Le potentiel de l'IA, un rêve qui devient réalité 

Selon un sondage effectué après le congrès HIMSS 2017, 34 % des personnes interrogées par Healthcare IT se renseignent sur l’IA tandis que 14 % envisagent de l’adopter. Le sujet de l’intelligence artificielle reste au cœur des débats actuels concernant l’innovation en santé. La plupart des praticiens sont conscients que cette technologie est un tournant pour l’amélioration de la médecine, que ce soit dans la pratique ou pour les soins comme évoqué précédemment.  

Cependant, l'IA en est encore à ses balbutiements dans le domaine des soins de santé. Il existe seulement en France quelques applications concrètes de cette technologie comme en cardiologie, où l’IA est appliquée à l’imagerie médicale ou en pharmacie, pour pratiquer les bilans partagés de médication; il en reste de nombreuses à découvrir et à mettre en place pour faciliter le travail des praticiens et améliorer le parcours de soins des patients. 

3. la promesse cloud   

Lors du dernier congrès RSNA, seulement 7% des acheteurs démontraient un intérêt certain pour héberger leurs solutions sur le cloud. Il s'agit là d'un résultat surprenant, si l’on prend en compte les difficultés des organismes de santé à boucler leurs budgets ou à réduire les coûts, notamment pour le stockage des données patients.  

Or, la technologie cloud est devenue un modèle de stockage de données standard et économique qui offre de nombreuses opportunités dans d’autres industries et qui permet de condenser et simplifier certaines opérations techniques chronophages, avec une sécurité optimale dans le secteur médical. De plus, il réduit les dépenses d'investissements allouées aux infrastructures numériques.  
Le retard du secteur de la santé sur l’utilisation des nouvelles technologies est en partie liée à la difficulté des individus à comprendre les caractéristiques techniques, tarifaires et d'analyses entre les fournisseurs de l'industrie. Aussi, tout repose sur l’information et l’éducation des cadres administratifs sur les opportunités que le cloud apporte. L’objectif: faire des concernés des consommateurs informés et acquérir la confiance nécessaire pour adopter cette technologie. 

4. IoT et blockchain, encore aux balbutiements      

Certaines tendances comme la blockchain ou l’IoT émergent petit à petit dans le secteur de la santé. En effet, leurs marchés respectifs tendent à se développer et représenteraient 10 milliards de dollars pour l’un et 1 290 milliards de dollars pour l’autre d’ici 2020. Cependant, pour le moment leurs applications ciblent uniquement quelques secteurs d’activités déjà très développés en technologies et auprès d’un public averti. La blockchain cherche de plus en plus à sortir du secteur bancaire. Pour les organismes de santé, son potentiel s’appliquerait entre autres à la gestion de l'identité des patients, notamment au partage des informations et des images entre tiers accrédités. Cette innovation vise également à soutenir l’intégration de l'IA et du machine learning pour regrouper les données afin de les rendre accessibles pour la recherche, et nourrir les algorithmes. 

L’ensemble de ces applications jouent un rôle crucial dans l’amélioration du parcours de santé des individus. Cependant, la blockchain pose plus de questions qu’elle n’y répond, notamment quant à la faisabilité du déploiement de cette technologie. La mise en place du carnet de santé partagé est une première tentative de partage des données entre tiers, mais ses résultats détermineront la manière dont le secteur médical se structura autour de cette technologie.    

Les objets connectés sont de plus en plus présents que ce soit en domotique ou même dans l’environnement urbain. Leurs utilisations relèvent avant tout de l’assistance à l’activité humaine. Cette idée selon laquelle les montres pourront effectuer et lire des électrocardiogrammes en temps réel, reste encore utopique. Bien que l’idées soit plausible, les fournisseurs de soins considèrent que l'industrie n’est pas encore prête pour ce type d'innovation. Quid de la gestion des incidents pouvant porter atteinte à la santé des patients, ou encore de leurs intégrations dans les modèles de remboursement existants ? Ces préoccupations ne sont pas anodines, c'est pourquoi il est probablement trop tôt pour que ce type de technologie figure en tête de liste des préoccupations des praticiens.  

Bien que de nombreuses technologies font parler d’elles en se présentant comme le tournant de la médecine de demain. Les praticiens se montrent encore trop prudents pour les mettre en place. L’éducation et la collaboration entre les différents acteurs permettront d’encourager ce virage de la transformation digitale à grande échelle. La France est un marché en plein essor dans la santé numérique et doit poursuivre dans cette révolution en 2019.