Le robo-advisor Gambit s'implante en Asie

Le robo-advisor Gambit s'implante en Asie La fintech belge rachetée par BNP Paribas Asset Management en septembre 2017 ouvrira un bureau à Singapour d'ici fin 2019. Prochaine destination : l'Amérique latine.

Rares sont les fintech qui arrivent à sortir du marché européen. Le robo-advisor belge Gambit Financial Solutions déroge à la règle. Rachetée par BNP Paribas Asset Management en septembre 2017, la fintech s'implante en Asie avec un bureau à Singapour. Trois personnes seront présentes dans la cité-Etat d'ici fin 2019. Pour conquérir des clients, Gambit compte s'appuyer sur sa maison-mère. "Notre relation avec BNP Paribas Asset Management va nous permettre d'avoir des contacts sur place", souligne Geoffroy de Shrevel, directeur de la société. 

Créée en 2007 par des scientifiques dans les locaux de HEC-Université de Liège, Gambit conçoit principalement des robo-advisors pour les institutions financières et aux conseillers en gestion de patrimoine. Elle propose des logiciels de profilage client, d'optimisation de portefeuille et de gestion du risque. Elle compte aujourd'hui une vingtaine de clients en Europe comme BPCE, la banque privée OBC Neuflize ou encore Beobank (filiale du Crédit Mutuel Nord Europe). 90% de ses revenus proviennent de la France, la Belgique, le Luxembourg et la Suisse. Au total, 500 000 personnes utilisent les robots de Gambit pour environ 10 milliards d'actifs sous gestion.

"Aujourd'hui, les résultats des robo-advisors sont mitigés, ils parlent souvent assez mal."

Parmi ces utilisateurs, il y a quelques particuliers. Gambit a lancé un robo-advisor BtoC en 2016 en Belgique et au Luxembourg puis en 2018 en France. Baptisé Birdee, ce robot conseiller propose 20 portefeuilles à partir de 1 000 euros d'investissement et applique des frais fixes qui s'élèvent à 1% net annuel. Ce produit n'est qu'une vitrine pour l'entreprise belge. "On tente des choses sur le BtoC et, si ça marche, on met les nouvelles fonctionnalités dans l'offre BtoB", indique le dirigeant. Le monde du robo-advisor BtoC peine à décoller. Les start-up du secteur n'ont pas de portefeuilles clients très fournis et leurs finances ne sont pas au beau fixe. "Aujourd'hui, les robo-advisors dialoguent souvent assez mal. Quand vous construisez une solution BtoC, notamment un robo-advisor, vous savez que le cash est limité, ce qui signifie que technologiquement parlant, vous allez prendre le plus de raccourcis, vous allez faire du hard coding (c'est-à-dire coder en dur dans l'application, ndlr)", explique Geoffroy de Schrevel.

Pour le dirigeant, le marché pourrait finir par décoller mais les acteurs existants français doivent repenser leur manière de s'adresser aux utilisateurs. "On n'a pas la même éducation financière ni le même rapport à l'argent que les Anglo-Saxons. La plupart des robo-advisors ont été créés par des gens venant du monde de la finance et mettent en avant les termes financiers, plus que la tech et la personnalisation. Sauf que madame Tout Le Monde ne s'intéresse pas à la finance", assure le patron. Pour sa part, Gambit compte accélérer sur le volet de la personnalisation.

Autre chantier de 2019 : encore plus d'internationalisation. La fintech belge regarde déjà du côté de l'Amérique latine et d'autres pays européens non francophones comme l'Espagne, l'Italie et l'Europe centrale. Un recrutement de masse n'est pas prévu. "Nous sommes passés de 50 à 100 personnes ces 12 derniers mois. L'heure est à la consolidation, car nous souhaitons conserver notre ADN. Nous continuerons à recruter cette année, mais pas autant", confie le dirigeant. Rentable depuis 2016, la fintech ne communique pas sur son chiffre d'affaires mais assure enregistrer une croissance de plus de 50% chaque année.

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