Info JDN : Alma lève 3,3 millions d'euros pour sa solution de paiement fractionné

Info JDN : Alma lève 3,3 millions d'euros pour sa solution de paiement fractionné Cette jeune fintech, lancée en début d'année, espère conquérir plusieurs centaines de PME d'ici fin 2019. Elle travaille aussi au développement d'une solution en magasin.

Moins douloureux que le crédit et aussi rapide que le paiement comptant. Le paiement fractionné (en trois ou quatre fois) s'est progressivement installé sur le marché français ces dernières années. Et il s'est bien modernisé. La start-up Alma, spécialisée dans le paiement en trois ou quatre fois pour les PME, participe à cette dynamique. Elle vient de lever 3,3 millions d'euros auprès d'Idinvest, Isai, la Financière Saint-James, Kima Ventures et Bpifrance qui a participé à hauteur de 600 000 euros. La jeune fintech a aussi obtenu 4 millions d'euros en dette qui lui permettront de financer ses marchands. "Nous avons un modèle similaire à ceux d'October et Finexkap, on prête de l'argent aux commerçants, d'une certaine manière (Alma avance le montant total du paiement au commerçant alors que le client final rembourse sur trois ou quatre mois, ndlr). Pour faire tourner ce business, on a donc besoin de cash", précise Louis Chatriot, CEO d'Alma et ancien de Stripe.

Le financement en equity va lui permettre d'accélérer sur le marché français, qu'elle a officiellement attaqué en début d'année. Sa plateforme à l'interface léchée s'intègre à un site e-commerce en à peine une heure. Elle met également à disposition des plugins PrestaShop, Magento et WooCommerce. "On a pour ambition d'onboarder au maximum les petites entreprises en self-service. Aujourd'hui, elles peuvent créer un compte Alma et se mettre à encaisser les paiements de leurs clients sans jamais nous parler. En revanche, nous ne pourrons jamais décaisser de l'argent vers le compte du marchand sans qu'il nous parle. Car cela nécessite notamment un processus de KYC (know your customer, ndlr)", explique le dirigeant. Concernant le scoring du client, Alma a une méthode bien à elle. "On fait confiance aux consommateurs. Mais si nous détectons un risque, on demande plus d'infos aux clients. Pour cela, on se connectera à son compte bancaire (pour vérifier sa solvabilité par exemple, ndlr)", explique le CEO. Dans le monde traditionnel du crédit ou du paiement fractionné, il y a forcément des vérifications en amont.

Un cycle de vente ultra rapide

Aujourd'hui, environ 90 marchands de tous secteurs utilisent la solution d'Alma. Entre 10 et 20 % des transactions réalisées chez ses clients sont du paiement fractionné. D'ici la fin de l'année, la start-up espère compter plusieurs centaines de clients. "On a plusieurs centaines de leads actuellement. Le plus dur est de tout traiter car on n'est que deux à s'en occuper", raconte l'ancien de Stripe. La levée de fonds doit permettre de les décharger. Une directrice commerciale vient de rejoindre l'équipe et un directeur des opérations suivra. La start-up, qui compte 10 salariés, devrait compter une vingtaine de personnes dans ses rangs. "Mais après tout dépend si le business grossit vite ou pas. Comme pour toutes start-up, les prévisions sont souvent fausses", tempère Louis Chatriot. Pour convaincre un marchand de signer avec Alma, il suffit "d'un ou deux coups de téléphone", d'après son dirigeant. "On a même des marchands qui nous recommandent à d'autres marchands avant d'avoir implémenté notre solution."

Entre 10 et 20 % des transactions réalisées chez les clients d'Alma sont réalisées en paiement fractionné

En revanche, pas question de s'attaquer aux gros e-commerçants, déjà servis par les mastodontes du secteur que sont Banque Casino, Oney, Cetelem et Cofidis. "On y voit bien sûr de l'intérêt. Notre produit marche très bien, nos clients sont satisfaits. Mais nos concurrents ont aussi de très bons produits et leurs clients sont aussi satisfaits. On ne peut pas dire qu'on va passer devant Oney qui fait ce métier depuis 10 ans", confie Louis Chatriot. "On préfère s'adresser à un type d'entreprises qui n'était pas servi jusque-là", complète-t-il. En revanche, Alma est plus cher que ses concurrents, de l'aveu même de son fondateur. Elle prend 1,9% de commission sur la transaction pour les paiements fractionnés avec frais (le client a donc aussi des frais) et 3,8% pour le sans frais (le client ne paie rien, le marchand prend tout en charge). Elle ne facture aucun frais d'installation ni de frais mensuel. De son côté, Banque Casino propose une grille de commission plancher de 0,5% (en paiement sans frais), qui varie en fonction de la taille du marchand (taille du business, panier moyen, risque de l'activité…). Pas de frais d'installation ni de frais mensuels non plus.

Une solution pour le paiement en magasin

Parmi les chantiers à venir, il y a le réglementaire. Alma prépare un dossier d'agrément d'établissement de paiement. Actuellement, la fintech est sur un modèle basé sur du rachat de créances et dépend d'un acteur régulé, comme les fintech Qonto, Lydia et consorts qui sont agents de paiement via Treezor. De son côté, Alma utilise La Parisienne Assurances pour assurer les créances.

Autre chantier dans les cartons : le paiement en magasin. Pour l'instant, Alma a développé une solution encore en mode alpha, qu'elle co-construit avec ses clients. Elle n'a pas de date de lancement mais imagine déjà la portée de cette solution. "Ce n'est plus 200 000 marchands qu'on pourrait toucher mais 1 million. Le commerce physique représente environ 10 fois le commerce en ligne", souligne Louis Chatriot. "Contrairement au paiement fractionné en ligne qui est très bien fait par les gros acteurs, celui en offline n'est pas très bon. L'expérience utilisateur n'est pas terrible. Souvent, il faut que le client aille vers un comptoir de financement, situé dans un coin du magasin et passe 30 minutes à signer des papiers et scanner des cartes bancaires", complète le dirigeant. Aussi douloureux et bien plus long que le paiement comptant.