Paiement : Ibanfirst lève 21 millions d'euros pour continuer ses emplettes

Paiement : Ibanfirst lève 21 millions d'euros pour continuer ses emplettes Après le rachat de deux concurrents européens fin 2019, la fintech franco-belge spécialisée dans les multidevises compte poursuivre son expansion géographique en Europe et en Asie.

Le confinement n'a pas empêché certaines start-up de boucler des levées de fonds. C'est le cas d'Ibanfirst qui annonce un tour de table de 21 millions d'euros, ce qui porte le montant total levé à 46 millions d'euros depuis sa création en 2013. Cette troisième levée de fonds est menée par Elaia, aux côtés de Bpifrance Large Venture ainsi que ses investisseurs historiques Serena et Breega Capital. Ce financement a été chamboulé, crise du Covid-19 oblige. "Avant le confinement, nous étions déjà en discussion avec d'autres investisseurs qui ont pris peur. Comme nous avions déjà bien travaillé sur la levée, nous avons rappelé quelques personnes, dont Elaia", raconte Pierre-Antoine Dusoulier, CEO d'Ibanfirst. Pourtant, la fintech qui gère les paiements multidevises de plus de 4 000 PME et ETI de façon plus rapide et moins chère que les banques, a bien supporté le confinement.

"Notre business s'est accéléré en mars et a été très soutenu en avril et en mai. En mars, nous étions même break even", indique le dirigeant, qui impute cette croissance au retard technologique des banques. "Dans une période de stress et de troubles, il est important que les fournisseurs d'une entreprise reçoivent en temps et en heure leur paiement. Plusieurs clients, des fabricants de masques et des fournisseurs de matières premières pour les masques, n'ont pas pu exécuter leurs paiements chez de grandes banques. Les paiements n'arrivaient jamais à destination, ils étaient tout simplement bloqués. En passant par Ibanfirst, ils ont pu être payés", assure l'ancien patron de Saxo Banque en France. En mars 2020, la jeune société a enregistré une croissance de 200% de ses volumes et 100% de ses revenus (10 000 transactions pour 600 millions d'euros) par rapport à mars 2019.

Une implantation à Singapour

Cette levée de fonds va donc lui permettre de soutenir sa croissance, en particulier en France, Belgique, et les Pays-Bas, ses trois premiers marchés. "On est toujours microscopique par rapport au marché qu'on attaque", affirme Pierre-Antoine Dusoulier. Le secteur du transfert d'argent à l'international est trusté par les banques. Mais le dirigeant est très confiant pour la suite. "Pour nous, la crise représente encore plus une opportunité de prendre le business des banques. Le gap entre leur service et le nôtre grandit de plus en plus. Les banques n'investissaient déjà pas beaucoup dans l'innovation, je ne pense pas que ça va changer dans le futur. En plus, elles sont touchées par crise, elles doivent prêter à des entreprises qui vont probablement faire défaut", avance Pierre-Antoine Dusoulier.

"Pour nous, la crise représente encore plus une opportunité de prendre le business des banques"

Certaines banques commencent tout de même à se "réveiller". L'espagnole Santander a racheté Ebury, le concurrent britannique d'Ibanfirst, pour 800 millions d'euros en fin 2019. "Ebury n'a pas autant investi que nous dans la tech. Surtout, Ebury devient Santander. Ce que veut une banque, c'est de la rentabilité. Ibanfirst veut de la croissance. Cela joue plutôt en notre faveur", observe Pierre-Antoine Dusoulier.

Ibanfirst ne reste pas non plus cantonné à la France et la Belgique. Elle compte poursuivre son expansion géographique, bien accélérée fin 2019 avec le rachat de deux concurrents : l'allemand Forefix et le hollandais NBWM. Prochaine cible, l'Italie. "On envisage une petite acquisition pour commencer, cela permet de prendre la température d'un marché. Cela coûte cher d'ouvrir un bureau et d'embaucher dans un pays étranger. Autant racheter une entreprise, cela revient au même", fait remarquer le CEO. Ibanfirst a également créé une structure à Singapour et devrait y obtenir un agrément prochainement. La fintech a déjà des clients dans la cité-Etat et l'Europe-Asie est son plus grand corridor. Sans compter que Singapour est un très bon hub pour couvrir ensuite toute l'Asie du Sud-Est.

120 embauches en 2020

La levée de fonds va également permettre à la start-up de 180 salariés de recruter 120 personnes en 2020. " Avec le Covid, on s'est dit qu'on allait réduire la voilure puis nous sommes revenus sur notre business plan car l'activité se passait bien", confie-t-il. Ce recrutement massif n'engendrera d'ailleurs pas un déménagement. Encore une conséquence du confinement. "La généralisation du télétravail permettrait de mettre 30% de personnes en plus dans les bureaux. La R&D, qui compte 60 personnes, peut venir seulement un jour par semaine, le marketing probablement 50-50. Seuls les account managers doivent venir au bureau plus souvent car ils doivent être connectés aux API des banques. Même chose pour les vendeurs qui travaillent souvent mieux en groupe et qui ont des jobs un peu durs", souligne Pierre-Antoine Dusoulier.   Côté revenus, la fintech table sur une croissance de 100% en 2020. Fin 2019, elle processait 7 000 transactions par mois pour 400 millions d'euros de volumes.