Joko lève 10 millions d'euros pour son appli de cashback

Joko lève 10 millions d'euros pour son appli de cashback Cette start-up française, qui transforme la carte bancaire en carte de fidélité, revendique 500 000 utilisateurs et 1 000 marchands partenaires. Elle prévoit de s'étendre en Europe l'année prochaine.

Le cashback s'immisce doucement en France. Plusieurs modèles tentent de s'imposer, entre les widgets installés sur les ordinateurs (iGraal, Poulpeo…), les programmes bancaires (City Store de LCL, Le cashback de Société Générale…) et les applications comme Keetiz et Joko. Cette dernière annonce une levée de fonds de 10 millions d'euros auprès de ses investisseurs historiques Partech, Axeleo et Lafayette Plug and Play. Selon nos informations, le très discret fonds britannique Hedosophia (aussi investisseur de N26, Lydia ou encore Qonto) a également mis au pot. Au total, la fintech a levé 11,6 millions d'euros. 

Créée en 2018 par deux anciens de Jumia, souvent qualifiée d'Amazon africain, et un docteur en intelligence artificielle de l'Inria, Joko permet de transformer n'importe quelle carte bancaire en carte de fidélité. Concrètement, il suffit juste de connecter son compte bancaire à l'application. Lorsque l'utilisateur effectue un achat chez un marchand partenaire de Joko, il récupère des points qu'il peut ensuite transformer en bon d'achat ou se faire virer sur son compte une fois un certain montant atteint. Aucune autre manipulation à faire, contrairement à la majorité des programmes de cashback où il faut l'activer sur un site ou un widget. "Nous avons la même proposition de valeur qu'Amex sauf que nous avons enlevé toutes les frictions de ce modèle en permettant un onboarding d'à peine une minute et un service gratuit", raconte Xavier Starkloff, cofondateur et CEO de Joko. "Et Amex vaut environ 100 milliards de dollars", ajoute-t-il.

"Nous avons la même proposition de valeur qu'Amex, sans les frictions"

Pour maximiser l'utilisation de l'application, Joko a mis en place un système de gamification avec des tirages au sort hebdomadaires pour gagner des points et une sorte de roue de la fortune qui permet de multiplier ses gains pendant une semaine chez un marchand. Résultat : les utilisateurs de Joko se connectent à l'application en moyenne quatre fois par semaine.

A ce jour, la start-up revendique 500 000 utilisateurs en France, dont la moitié ont entre 25 et 35 ans. Une grande partie provient du bouche-à-oreille et du programme de parrainage qui permet à un parrain de gagner 1 000 points une fois que son filleul a collecté ses premiers points et 10% de ce qu'il gagne pendant un an. Elle fait également de la publicité via les réseaux sociaux mais ne communique pas sur le coût d'acquisition. 

Une aide pour le retour en magasin

Plus de 1 000 marchands sont partenaires de l'application. Au départ, la jeune pousse a misé sur des marques verticales comme Birchbox, Heetch ou encore CityScoot avant de s'étendre sur des grandes enseignes comme Franprix, Les Galeries Lafayette et Leroy Merlin. "Avec ces marchands, nous couvrons toutes les tranches d'âge. Et avec les petits acteurs, nous nous adressons à une cible de niche et permettons à nos utilisateurs de découvrir de nouvelles marques", explique Xavier Starkloff. C'est aussi une aubaine pour les retailers qui cherchent à faire revenir leurs clients en magasin depuis le déconfinement. En plus des points collectés suite à un achat, Joko propose aussi des offres personnalisées en boutique. Tout cela sans aucune intégration technique, la connexion étant réalisée entre Joko et la banque via Budget Insight. 

A chaque vente effectuée, le marchand, qu'il soit physique ou en ligne, reverse une commission à Joko, qu'il partage ensuite avec son utilisateur. Le montant de la commission varie en fonction du secteur et de la taille du marchand. Il faut cependant un certain volume pour devenir rentable, sachant qu'il s'agit de l'unique source de revenus de Joko. La start-up n'a pas prévu de commercialiser sa solution de cashback en marque blanche, du moins à court terme. "Nous voulons nous concentrer sur ce que nous faisons, créer la meilleure expérience possible, ce qui est très dur", justifie le CEO.

Grâce à cette levée de fonds, Joko va pouvoir continuer à investir dans l'application et créer "une galaxie de produits qui ont un impact sur le quotidien et le pouvoir d'achat des consommateurs", indique le cofondateur, sans en dire plus. La fintech prévoit aussi de s'étendre en Europe d'ici 2021 et étudie actuellement les pays où elle s'implantera en premier. Grâce à son statut d'agent de paiement (via Budget Insight) qui est "passeportable" dans tous les pays de l'Union européenne, elle peut facilement se déployer sur le Vieux continent. La diminution du cash, au profit du paiement en ligne et de la carte bancaire (en son contact ou non), lui donnera un avantage. En Allemagne, pourtant pays européen du cash, les paiements par carte bancaire vont dépasser les transactions en liquide en 2020, une première dans l'histoire du pays. Pour accompagner cette internationalisation, la fintech prévoit de doubler ses effectifs dans les 12 mois qui viennent, pour passer de 25 à 50 salariés.