Banques et incubateurs : une complémentarité au service des start-up
La complémentarité entre banques et incubateurs est un plus pour les start-up et permet de préparer la relance.
La crise économique actuelle a remis sur le devant de la scène le rôle primordial des banques auprès des start-up. Les banques ont été le pilier du Prêt garanti par l’Etat (PGE) mis en place par le gouvernement au printemps 2020 et coordonné par Bpifrance. Les start-up, entre autres, se sont massivement tournées vers elles pour obtenir ce prêt et 115 milliards d'euros ont ainsi été distribués à plus de 550 000 entreprises, toutes tailles confondues. Dans cette opération financière, certes garantie en très grande partie par l’État français, c’est la banque qui réalise l’étude, prête les fonds et, au final, prend - elle aussi - une partie du risque. Sans banque, pas de PGE et donc une plus grande difficulté pour les start-up de poursuivre leur route. Ce rôle déterminant des banques n’est pourtant pas nouveau. Au-delà de la simple ouverture de compte et de l’accord de lignes de crédit, les banques jouent un rôle majeur dans l’écosystème entrepreneurial et constituent un maillon essentiel de l’ensemble de la chaîne de valeur.
Les incubateurs aident les startups à passer du stade de l’idée à la maturation puis à la concrétisation de leur projet. Ils connectent très tôt les start-up qu’ils accompagnent avec des acteurs qui les aident à se développer, à expérimenter, à confronter leur projet au marché. Ils permettent aux start-up de franchir les premières étapes de leur développement en les accompagnant au quotidien, aussi bien sur des problématiques marketing, commerciales, RH que juridiques… En hébergeant physiquement les start-up, l’incubateur leur apporte aussi l’environnement, les services et les outils indispensables à leur croissance, ainsi qu’une mise en réseau avec à la fois des grands groupes, des investisseurs, des laboratoires de recherche et d’autres start-up complémentaires.
Des synergies à plusieurs niveaux
Alors que l’incubateur intervient dans la phase amont, la banque intervient plutôt, quant à elle, dans la phase suivante lorsque la start-up est en possession d’une solution en état de développement avancé. Son besoin de mise en relation avec des grands comptes évolue pour commercialiser ladite solution, désormais robuste et en phase d’industrialisation. Le rôle de la banque va être de "connecté pour déployer". Tiers de confiance naturel, la banque est en effet à même de mobiliser son réseau d’entreprises clientes, ETI et grands groupes à la recherche de solutions innovantes, pour organiser des rencontres et permettre aux start-up de présenter leurs produits.
C’est une démarche win-win-win : la start-up, préalablement sélectionnée par la banque, a ainsi accès à des leads commerciaux intéressants, le grand groupe rencontre des start-up qualifiées, et la banque renforce ainsi sa relation avec les deux parties, avec une action différente de son métier de banquier habituel. La complémentarité entre incubateurs et banques est donc très forte et leurs réseaux sont interdépendants.
Dans certains cas, les banques, étant elles-mêmes de grandes entreprises dans un secteur en transformation et à la recherche d’innovation, se révèlent de potentielles clientes et partenaires des start-up. C’est particulièrement vrai dans le domaine de la fintech, l’e-commerce, ou bien encore dans celui du trade finance où les aspects supply chain et logistique sont primordiaux. Les banques ont ainsi depuis plusieurs années dédié des équipes à l’innovation, et multiplié les interactions avec les start-ups. Les start-up, elles, développent par nature, de nouveaux services et sont en recherche de partenaires leur permettant de consolider leur expertise dans le "paiement" mais aussi leur permettant de présenter une offre innovante, fiable et robuste à des clients très exigeants et ayant besoin d’être "réassurés" dès lors qu’il y a une dimension financière.
L’incubateur, parmi l’ensemble de son soutien aux startups les aide aussi à structurer leur plan de financement non-dilutif (aides et subventions, prêts d’honneur…). Les start-up ont besoin aussi assez rapidement d’aller chercher des financements dilutifs, en love money dans un premier temps parfois – même si c’est souvent déjà fait lors de leur intégration dans l’incubateur puis auprès de business angels et de fonds de Venture Capital. La plupart des banques tournées vers l’entrepreneuriat sont impliquées, en tant que LPs (Limited partners), dans un certain nombre de fonds d’amorçage ou de capital risque, et/ou se sont dotées de leurs propres capacités d’investissement avec des équipes de venture capital dédiées Elles constituent donc un relais supplémentaire idéal pour accompagner les jeunes pousses dans leurs démarches, en partenariat étroit avec l’incubateur.
Des acteurs engagés, parties intégrantes d’un écosystème global
On le voit, les banques sont des acteurs engagés tant auprès de l’entrepreneur que de la startup, qui dépassent au quotidien leur seule mission de banquier. En collaboration avec les incubateurs, elles ont cette capacité à créer des connexions avec les autres acteurs de l’écosystème innovation, ainsi qu’entre startups et grands groupes, dans une logique d’expérimentation et de développement collaboratif. Elles ont aussi, grâce à leur appartenance à un écosystème riche et varié, la capacité à accompagner les entrepreneurs lors des opérations d’amorçage, de séries A, B ou C ou bien encore de growth equity. En continuant à travailler ensemble banques et incubateurs accompagneront les startups pour favoriser la relance économique et poursuivre la dynamique entrepreneuriale nécessaire à la croissance et à l’innovation.