Luko lève 47,8 millions d'euros pour concurrencer l'américain Lemonade

Luko lève 47,8 millions d'euros pour concurrencer l'américain Lemonade L'assurance habitation en ligne, qui revendique 100 000 assurés, compte lancer une assurance emprunteur, s'exporter en Europe et recruter plus de 50 personnes en 2021.

Le petit monde de l'assurtech est en ébullition. Un an après sa série A de 20 millions d'euros, l'assurance habitation en ligne Luko annonce ce lundi 7 décembre une levée de fonds de 47,8 millions d'euros, mené par EQT Ventures aux côtés d'Orange Ventures. Ses investisseurs historiques, Accel, Funders Fund, Speedinvest et Assaf Wand, cofondateur de Hippo Insurance (l'équivalent de Luko aux Etats-Unis) remettent au pot. Plus étonnant, plusieurs business angels rentrent sur ce tour de table comme Thomas Plantenga (CEO de Vinted), Robert Gentz (CEO de Zalando) et Rachel Delacour (cofondatrice de BIME). "Nous voulions des gens qui soient déjà passés par les mêmes étapes que nous, afin de nous accompagner pour la suite", confie Raphaël Vullierme, CEO de Luko.

Environ 40% du montant levé sera investi dans la technologie. La start-up a développé une plateforme qui permet de s'assurer en quelques minutes et d'être remboursé rapidement (de quelques heures à quelques jours). Les contrats sont personnalisables et sans engagement. Avant de proposer une assurance habitation, Luko a également conçu des boîtiers à installer sur les compteurs d'eau, d'électricité ou les portes d'entrées pour prévenir les sinistres. Le projet est toujours en test dans 1 500 foyers européens. "La partie hardware marche très bien mais la partie data, qui consiste à entraîner les algorithmes, n'est pas encore assez mature. C'est pourquoi nous n'avons pas encore démarré la commercialisation", explique le dirigeant. L'ancien directeur produit de Withings a récemment rejoint la start-up pour s'occuper de ce projet au côté d'une équipe de 25 personnes.

La moitié de l'acquisition via les partenariats

La levée permettra de lancer une assurance emprunteur au deuxième trimestre 2021 ainsi que d'autres produits d'assurance autour de l'immobilier et du logement. Aucune diversification n'est prévue (autrement dit pas d'assurance auto). Luko restera sur l'univers du logement, en ajoutant progressivement des services autour. Dernier produit en date, un service de téléconsultation du foyer. Baptisé Docteur House, il met en relation ses assurés avec des professionnels du bâtiment afin d'établir une sorte de bilan de santé du logement et donc prévenir de potentiels sinistres. Selon la start-up, qui revendique 100 000 assurés, plus de 1 000 téléconsultations ont été enregistrées depuis son lancement fin octobre 2020.

"Nous allons signer des partenariats avec de de plus grandes entreprises l'année prochaine"

 

Un tiers de la levée de fonds servira à accélérer l'acquisition client en France. L'assurtech doit évidemment se battre contre les assureurs traditionnels qui sont de très gros acheteurs de mots-clés sur Google mais aussi contre la licorne américaine Lemonade, qui doit se lancer en France d'ici la fin de l'année et qui a de gros moyens depuis son entrée en Bourse en juillet dernier (319 millions de dollars levés). Son autre concurrent américain, Hippo Insurance n'a, en revanche, pas d'ambitions en France (en tout cas pour le moment) et travaille même avec Luko sur certains sujets. 

Pour conquérir de nouveaux client, la jeune pousse s'appuie sur une offre de parrainage, du bouche-à-oreille et des partenariats. Aujourd'hui, près de la moitié de son acquisition provient de ses partenaires. "Nous allons muscler ce pilier l'année prochaine. Jusqu'ici nous avons noué des partenariats avec des start-up et maintenant nous allons signer avec de plus grandes entreprises, toujours dans l'écosystème autour du foyer", précise Raphaël Vullierme. La start-up assure que son coût d'acquisition est trois fois plus faible qu'un assureur traditionnel, soit une vingtaine/trentaine d'euros.

Dernier objectif avec la levée de fonds : l'internationalisation. La start-up devait se lancer dans deux pays européens (dont les noms n'avaient pas été communiqués lors du dernier tour de table) en 2020. Covid-19 oblige, l'expansion est reportée à 2021. Le nombre de pays et leurs noms ne sont également pas dévoilés. Son concurrent Lemonade est déjà présent sur le sol européen, en Allemagne (juin 2019) et aux Pays-Bas (juin 2020).

Tous ces projets s'accompagnent d'un plan de recrutement. L'assurtech, qui compte 85 salariés, embauchera entre 50 et 80 personnes dans les 12 prochains mois. Elle ne communique pas son chiffre d'affaires mais précise que son loss ratio (coût des sinistres sur primes encaissées) s'élève à 68%. Un bon ratio pour une assurtech.