The Merge : avec sa très attendue mise à jour, Ethereum joue à quitte ou double

The Merge : avec sa très attendue mise à jour, Ethereum joue à quitte ou double C'est LA nouvelle Web3 de l'année 2022. La mise à jour de la blockchain Ethereum divisera par 100 sa dépense d'énergie. Mais d'autres conséquences moins réjouissantes sont aussi redoutées.

Ethereum 2.0, The Merge… Si la mise à jour du réseau Ethereum a changé de nom, ses principes, eux, n'ont pas évolué. Il s'agit de la mise en place d'une évolution majeure de la blockchain, à savoir le changement de consensus de validation des transactions. Le réseau va passer de la preuve de travail (Proof-of-Work ou PoW), énergivore, à la preuve d'enjeu (Proof-of-Stake of PoS), qui l'est beaucoup moins.

L'évolution est loin d'être aisée, car le réseau n'a pas prévu d'être mis en pause durant cette mise à jour. En d'autres termes, c'est un peu comme changer un moteur d'avion en plein vol ! Cependant, le sérieux des équipes d'Ethereum, et notamment de son patron, Vitalik Buterin, fait que tout est préparé de longue date et millimétré. Sauf changement soudain, la mise à jour est prévue le 15 septembre 2022. Voici les essentiels à connaître sur The Merge.

Une révolution pour l'écosystème crypto

Comment fonctionne le réseau Ethereum (ETH) ?

Né en 2014, Ethereum est devenu en peu de temps la deuxième blockchain de l'écosystème crypto, derrière l'intouchable Bitcoin (BTC). Le protocole Ethereum est d'ailleurs un dérivé du protocole Bitcoin, puisqu'il reprend une large partie de son code.

Cependant, les fondateurs d'Ethereum souhaitaient aller plus loin qu'un simple système monétaire. C'est alors que Vitalik Buterin et les cofondateurs du protocole ont l'idée de pouvoir utiliser le code pour effectuer n'importe quelle tâche. En informatique, on appelle cela Turing Complete.

Ainsi naît Ethereum, la blockchain ayant permis la création des smart contracts, de toutes les applications décentralisées, incluant la finance décentralisée, le metaverse et les NFTs. Néanmoins, pour fonctionner, Ethereum recourt au même système que Bitcoin, à savoir le minage.

En effet, Ethereum utilise le consensus de validation de la PoW pour valider toutes les transactions. Or, comme on le sait, ce système est énergivore. Vitalik Buterin a donc prévu de longue date de faire évoluer le protocole afin de choisir un système moins gourmand en énergie. C'est la raison d'être de The Merge.

Quelles sont les évolutions apportées par The Merge ?

L'évolution unique est celle du consensus de validation, mais elle va entraîner beaucoup d'autres ultérieures, comme le fractionnement de la future blockchain.

Le 15 septembre 2022, Ethereum passe donc de la preuve de travail à la preuve d'enjeu. En d'autres termes, il n'y aura plus de mineurs pour valider les transactions, mais ce que l'on appelle des validateurs. Ainsi, pour valider une transaction, il n'y aura plus besoin de résoudre une complexe équation mathématique et d'être le premier à le faire. Cette puissance de calcul devient en effet inutile.

Dans le système PoS, les validateurs de nœuds immobilisent un certain nombre de tokens de la blockchain. C'est ce que l'on appelle le staking. Par cette immobilisation, on accepte de mettre son matériel à disposition pour faire tourner le réseau. Concrètement, le système choisit aléatoirement quel validateur va valider un bloc de transactions. Plus on immobilise des ETH, plus on a de chances d'être désigné validateur.

Si l'on n'a pas assez de jetons à immobiliser, on peut les "confier" à un validateur et être désigné délégateur. Les validateurs et les délégateurs reçoivent des ETH en récompense de l'immobilisation de leurs tokens.

Le PoS est un système déjà utilisé par de nombreuses blockchains, comme Polkadot, Cardano, la BNB Chain ou encore Avalanche. Néanmoins, ces blockchains sont nées PoS, ce qui n'est pas le cas d'Ethereum et ce qui complexifie la mise à jour.

Une plongée dans l'inconnu

La très complexe mise en pratique de The Merge

Le principal problème de cette mise à jour, c'est tout simplement sa mise en pratique. En effet, comment changer une locomotive lorsque le train est en marche ? C'est l'une des raisons pour lesquelles The Merge a été maintes fois reportée.

Au départ, un ETH 2.0 a été créé. Cela a permis à certaines personnes de bloquer leurs ETH afin de mettre en place une blockchain secondaire, la Beacon Chain. Cette dernière est une blockchain PoS, utilisant le consensus de la preuve d'enjeu pour valider les transactions. Les ETH immobilisés ne peuvent d'ailleurs pas être débloqués avant une prochaine étape, le temps que tout se mette en place correctement.

De mises à jour en mises à jour, la Beacon Chain évolue, fait des tests, valide de plus en plus de transactions, jusqu'au jour J : la fusion ou The Merge. La Beacon Chain et la blockchain d'origine fusionnent pour ne faire qu'une.

Cette étape est cruciale. En effet, il faut éviter tous les bugs possibles, les tentatives de piratage avec la validation de fausses transactions voire une "panne" de la blockchain. La difficulté est donc immense, car cela ne s'est jamais fait dans l'écosystème depuis la création de Bitcoin.

Une fois la mise à jour effective, Ethereum sera passé en PoS et consommera près de 100 fois moins d'énergie qu'auparavant. Rien que pour cette raison, beaucoup soutiennent la mise à jour. Cependant, elle n'est pas sans risque.

Un futur incertain

Les bugs techniques sont possibles. Néanmoins, nous savons que les équipes sont tellement préparées que cela paraît peu probable. En revanche, c'est la suite qui intéresse tout l'écosystème.

Tout d'abord, il ne faut pas s'attendre à une réduction des frais de transaction, alors que beaucoup l'espéraient. Certains frais se sont pourtant élevés, jusqu'à 100 dollars environ. Ensuite, il faudra mettre en place le sharding, soit le fractionnement de la blockchain. Un système ingénieux, mais qui complique encore plus la tâche des développeurs. Enfin, de nombreux observateurs s'attendent à une chute du prix de l'ETH, une fois que les jetons immobilisés pourront être vendus.

Par ailleurs, comment Ethereum va-t-il se comporter face aux blockchains désormais concurrentes, comme Cardano et Polygon (MATIC), qui utilisent déjà le consensus PoS ? Difficile d'avoir une réponse claire aujourd'hui.

En outre, si la preuve d'enjeu est moins énergivore, elle est moins sécurisée que la preuve de travail et présente ainsi plus de risques de prise de contrôle du réseau. Néanmoins, on suppose que les garanties les plus importantes ont été prises du côté d'Ethereum.

Les mois à venir seront donc décisifs pour Ethereum :

  • Soit la mise à jour se passe bien et Ethereum s'envole vers les sommets,
  • Soit la mise à jour se passe mal et Ethereum pourrait être dépassé par la concurrence.

En d'autres termes, Ethereum joue à quitte ou double.