La compétitivité comme finalité politique, enjeu essentiel des pôles de compétitivité

A l'heure du lancement de la nouvelle phase de la politique des pôles de compétitivité 2023-2026, retour sur 18 ans de politique d'innovation et

A l'heure du lancement de la nouvelle phase de la politique des pôles de compétitivité 2023-2026, rappelons qu’ils sont depuis 18 ans l’un des piliers de la politique nationale d’innovation, en particulier au bénéfice des PME.

Cette politique de soutien aux écosystèmes d’innovation, menée en partenariat avec les Régions, trouve son pendant dans la plupart des pays européens.

La fabrique d'écosystèmes innovants et résilients

En maillant le territoire au plus proche des écosystèmes d’innovation, ces derniers contribuent à créer les produits, services et processus qui porteront la compétitivité de demain des entreprises, en particulier face aux grandes ruptures sanitaires, environnementales et technologiques. 

Ils contribuent au développement économique des territoires, aux politiques régionales d’innovation et à la structuration des filières nationales.

Dans un contexte d’action publique plus large, la politique des pôles traduit de nouvelles formes de politiques avec plusieurs niveaux (local à international) et types d’acteurs (publics, privés, chercheurs, industriels…)

1/ Sur un plan international, 

La politique des pôles s’inscrit dans une orientation quasi généralisée des politiques de compétitivité et de cluster. 

Wolfe et Gertler souligne le phénomène d'engouement pour ces politiques comme une tendance à l’instrumentalisation du concept et de district industriel par l’action publique. L’intérêt pour les clusters prolifère aux US avec la fascination pour la Silicon Valley, amenant les politiques à promouvoir ce modèle de géographie économique.

2/ En Europe, 

Cette volonté se manifeste dans la stratégie de Lisbonne d’injonction à l’innovation et au développement de l’économie de la connaissance. L’intégration européenne influence de plus en plus les politiques nationales, économiques, industrielles et de recherche.

3/ A l’échelle nationale, 

Ce genre de politique participe au « renouveau de la politique industrielle française », succédant à des années de politiques industrielles dirigistes voire colbertiste.

La politique des pôles marque également le prolongement de plusieurs années de politiques volontaristes en faveur d’un rapprochement science-industrie (et du transfert technologique), faisant des pôles de compétitivité les successeurs des technopôles (1980-1990) et des incubateurs (1990-2000). 

De l'équité à l'efficacité

Enfin, en France, en matière d’aménagement, la politique des pôles marque une vision nouvelle de l’intervention de l’État dans le territoire. Longtemps dominées par un principe d’équilibre, d’équité, les politiques d’aménagement du territoire se sont employées à rééquilibrer les inégalités via une planification territoriale et industrielle caractéristique des 30 glorieuses. 

Or, en 2004, la politique des pôles a pour objectif de favoriser la compétitivité. Gilles Duranton parle d’un tournant : « On est passé d’une situation où l’intervention publique semblait présumer que la géographie économique ne pouvait être que trop concentrée à une situation où la spécialisation et le regroupement d’activités sur des territoires dynamiques – des clusters – sont encouragés par l’État. D’un objectif affiché d’équité, on est passé à un objectif d’efficacité. » 

Il y a glissement d’une « conception égalitaire, voire égalitariste, du territoire » vers une logique de « développement des territoires ». L’évolution de la dénomination de la Délégation à l’Aménagement du Territoire et à l’Action Régionale, qui devient en 2005 Délégation Interministérielle à l’Aménagement et à la Compétitivité des Territoires, l’illustre.

Soutenir l'innovation de manière endogène

Depuis quelques décennies, l’action publique française promeut la compétitivité des territoires, de l’industrie, de la recherche et de l’innovation. Elle ne se résout plus à organiser un système industriel ou de recherche national via l’implantation planifiée de grands équipements technologiques, mais mise sur le développement endogène , en s’inspirant des travaux sur les clusters et systèmes régionaux d’innovation : les pôles de compétitivité jouent un rôle décisif dans cette ambition.