Nouvel écosystème bancaire : les géants peuvent-ils adopter l'agilité des start-ups ?
Après la crise de 2008, la confiance envers les banques est à 54%. La clé pour remonter la pente : transformation digitale, collaboration avec fintechs et alliances avec d'anciens rivaux.
Plus de dix ans après la crise financière mondiale de 2008-2009, les banques restent parmi les secteurs les moins dignes de confiance. Une récente étude indique ainsi qu’en 2022, seulement 54% de la population faisait confiance aux institutions bancaires. Bien que banques et régulateurs ont réalisé de nombreux efforts pour restaurer la confiance (cadre réglementaire pour garantir la solidité des institutions financières, meilleure protection des données, tests de résistance…), il reste encore un long chemin à parcourir.
Pour montrer patte blanche, les banques doivent continuer à se transformer et délaisser l’ancien modèle, aujourd’hui manifestement obsolète. Cette transformation implique de changer en profondeur les modèles économiques. Dans un avenir proche, les sources de revenu traditionnel (les frais de taux d’intérêt et les commissions) pourraient se voir menacés par la croissance des banques digitales et les leaders de la Tech. Et si, au lieu de concurrencer ces nouveaux acteurs, les grandes banques s’y associaient ?
Une meilleure collaboration de l’écosystème au service du consommateur
Certaines banques ont d’ores et déjà commencé à tisser des partenariats avec des fintechs et des institutions non bancaires pour développer des expériences client alignées sur un écosystème digital. En 2019, la Société générale faisait l’acquisition de la fintech Treezor dans le cadre de son plan stratégique “Transform to Grow”. Ce partenariat permet à la banque française de gagner en capacité d’innovation et de créer des offres plus agiles, conçues spécialement pour les start-up. Quatre ans après, Treezor et la Société Générale développent des offres de “banking-as-a-service”, pensées pour offrir plus de flexibilité et une meilleure expérience à leurs clients.
Les banques traditionnelles ont une carte à jouer en trouvant des partenariats pour fournir une large gamme, autrefois impensable, de services et de produits à forte valeur ajoutée. Au fur et à mesure de sa digitalisation et de son intégration de fournisseurs de services tiers, le secteur fera évoluer sa mission et son modèle économique pour générer de la valeur pour leurs clients, leurs actionnaires et leurs écosystèmes.
Inventer de nouveaux modèles économiques
La transformation digitale représente une opportunité unique pour le secteur bancaire, qui doit en profiter pour surfer sur la vague de nouveaux modèles économiques. Le banking-as-a-service, axé sur la génération de données qualitatives et quantitatives rassemblées tout au long du parcours client repose sur la récurrence des interactions clients et des revenus. La création de nouvelles plateformes bancaires doit néanmoins être impérativement associée à une gamme de services plus large : prêts hypothécaires, assurance habitation, services de réparation de matériel, suivi personnalisé des dossiers… C’est uniquement en garantissant une palette qualitative de prestations et de produits que les banques pourront attirer davantage de clients et surtout, gagner leur confiance sur le moyen et long terme.
En parallèle, les banques, souvent décriées pour leurs frais de gestion opaques, devront mettre en place des politiques de réductions des coûts. La baisse des frais bancaires est un vrai enjeu pour les banques, qui cherchent aujourd’hui à augmenter leur base de clientèle en s’adressant à des populations non bancarisées. L’intelligence artificielle, levier d’automatisation des opérations, sera un élément central de ces nouvelles dynamiques. Capable d’analyser un nombre important de dossiers, elle fournit également aux institutions bancaires des infromations clés sur les besoins de leurs clients. Déployer une solution d’intelligence artificielle en interne permettra ainsi aux banques et aux conseillers bancaires d’adapter leurs propositions commerciales en fonction de leur cible, de leurs enjeux et de leurs moyens financiers.
Certes, les nouvelles technologies ne pourront pas sauver le monde. Néanmoins, le virage vers une banque digitalisée, agile et capable de faire preuve d’empathie envers ses clients, est un impératif. Les banques traditionnelles ont tout à gagner à créer de nouvelles synergies avec des acteurs technologiques de l’écosystème. Et à envisager leurs rivaux d’hier comme les partenaires de demain.