Vivendi choisit Amsterdam et Londres pour ses filiales, la place de Paris s'inquiète
La décision de Vivendi de coter Canal+ à Londres et Havas à Amsterdam suscite de vives réactions. Alors que la France a récemment mis en place des réformes pour renforcer l'attractivité de sa place financière, cette annonce met en lumière les défis auxquels Paris est confrontée pour conserver ses fleurons et attirer de nouveaux investisseurs.
En mai dernier, le Parlement français a en effet adopté une série de mesures pour renforcer l'attractivité de la Bourse de Paris. Ces réformes incluent l'autorisation pour les entreprises d'émettre des actions à droits de vote multiples lors des introductions en Bourse. Cette initiative visait à rassurer les dirigeants soucieux de perdre le contrôle de leurs entreprises, les incitant ainsi à choisir Paris pour leur cotation.
L'Autorité des marchés financiers (AMF) a également contribué à ces efforts en rendant facultative la tranche réservée aux particuliers dans les introductions en Bourse réalisées sur le marché réglementé d'Euronext Paris. Cette mesure vise à réduire le risque d'exécution et à rendre la place parisienne plus compétitive face à ses rivales européennes.
La décision de Vivendi de coter Canal+ à Londres et Havas à Amsterdam s'explique par plusieurs facteurs. Canal+ recherche un environnement anglo-saxon pour bénéficier d'un marché de capitaux plus profond et d'une meilleure visibilité internationale. En effet, le groupe s'est fortement développé en Afrique et envisage même une seconde cotation à la Bourse de Johannesburg. Un banquier d'affaires cité par Les Echos explique : "La Bourse de Londres a été très active pour développer un partenariat avec les Bourses africaines. Pas la Bourse de Paris".
Pour Havas, le choix d'Amsterdam est principalement motivé par des considérations d'image et de stabilité des droits de vote multiples. Les Pays-Bas offrent un système bien établi pour ce type de structure, contrairement à la France où cela reste relativement nouveau.
Cette annonce intervient peu après que Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies, ait évoqué la possibilité d'une double cotation à Paris et New York, soulevant des préoccupations similaires concernant la valorisation et l'attractivité de la place de Paris. Cette proposition de double cotation avait déjà suscité un tollé général parmi les politiques et les milieux d'affaires. Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, avait jugé l'idée "très grave".