Hervé Parent (Rent) "En immobilier, 2017 sera l'année de l'image et de la digitalisation de la relation client"

La 4e édition du salon immobilier BtoB RENT aura lieu des 8 et 9 novembre prochains à la Grande Halle de La Villette, à Paris. Entretien avec l'organisateur de cet événement dédié à l'innovation.

Le salon RENT, pour Real Estate & New Tech, est l'occasion, pour les professionnels de l'immobilier de découvrir les dernières innovations du secteur. Organisé par Hervé Parent, ex-président et désormais trésorier de la Fédération française de l'Internet immobilier (FF2I), ce rendez-vous réunira plus de 3 000 participants les 8 et 9 novembre prochains à la Grande Halle de La Villette, à Paris.

JDN. Quelle est la spécificité du salon RENT par rapport aux autres salons immobiliers ?

Hervé Parent, fondateur du salon RENT. © DR

Hervé Parent. La spécificité de ce rendez-vous, c'est justement de ne pas être un salon immobilier, mais un salon des nouvelles technologies. Parler d'immobilier au sens large, d'autres le font très bien – je pense en particulier à la FNAIM – donc nous n'avons rien à apporter de plus. En revanche, sur les innovations, sur la technologie, sur Internet, nous sommes très légitimes. Pourtant, le concept n'était pas évident au début. Quand j'ai eu l'idée de ce salon, beaucoup de gens m'ont dit : "C'est un sujet intéressant, mais il n'y a pas assez de choses à dire, tu n'auras pas assez d'exposants, ça ne marchera pas". Finalement, ça a fonctionné. Sûrement parce qu'on fait les choses bien, mais aussi parce que c'est un créneau très porteur. La preuve, c'est que pour le concours de start-up que nous organisons sur le salon, nous n'avons sélectionné que celles qui ont été créées depuis début 2015 et nous en avons 45. On n'imagine pas qu'il puisse y avoir 45 start-up qui se créent en un an et demi dans l'immobilier ! Contrairement à ce qu'on peut imaginer, les entreprises françaises sont bien plus innovantes que d'autres.

L'autre raison du succès du salon, c'est que les professionnels de l'immobilier, qu'on pense réfractaires à Internet, ont pris les innovations à leur compte et ont compris que c'était important. Beaucoup font l'effort d'essayer de comprendre ce qui se passe. Il y a trois ans, lorsque Criteo est venu parler de retargeting sur le salon, je me suis dit qu'on aurait certes l'air avant-gardiste mais qu'il n'y aurait pas grand monde qui comprendrait de quoi on parle. Et bien pas du tout : un an après, beaucoup d'agents immobiliers faisaient du retargeting.

Quelles sont les technologies qui vont marquer l'année 2017 dans le secteur ?

"On n'imagine pas qu'il puisse y avoir 45 start-up qui se créent en un an et demi dans l'immobilier !"

Je vois deux grands mouvements de fond se profiler. D'abord, il y a tout ce qui touche à l'image. L'image, c'est ce qui va véhiculer l'émotion et l'émotion, c'est ce qui déclenche l'achat. Bien plus que tout le reste. Sur Internet, qu'on ait un smartphone ou un écran plus grand entre les mains, c'est l'image qu'on regarde en premier. L'image, sous toutes ses déclinaisons, devient de plus en plus importante. Longtemps, les photos des annonces immobilières ont laissé à désirer. C'est de moins en moins le cas. Beaucoup d'agents immobiliers ont compris qu'il fallait faire appel à des professionnels. D'ailleurs, et c'est une première, cette année, cinq réseaux de photographes professionnels pour l'immobilier seront présents sur RENT.

Il existe aussi des systèmes de retouche automatique qui sont très spectaculaires. On peut aussi faire du home staging virtuel. C'est important selon moi. Ça permet non pas de mentir sur le bien mais de montrer le potentiel du bien. La technologie est au point et les coûts sont raisonnables. On voit arriver aussi un peu de vidéo et beaucoup de 3D, pour le neuf comme pour l'ancien. Ce qui est intéressant avec la 3D, c'est que ce qu'on peut faire avec la photo – réaménager, redécorer – on le fait en trois dimensions donc on peut se projeter complètement. Et on peut visiter. Sur les vidéos et la 3D, il y a un acteur américain que peu de gens connaissent mais qui est leader, et de loin, aux Etats-Unis. Il s'appelle Matterport et sera présent sur le salon. Nous sommes d'autant plus contents qu'il s'agira de sa première venue en Europe.

Il y a aussi Parrot qui lance un service dédié pour les professionnels de l'immobilier et qui vient le montrer pour la première fois au salon, avec des démonstrations de drones. Le drone tourne autour des maisons, donc ça fait de très belles vidéos qui mettent la maison en avant, mais ça génère aussi un fichier 3D de la maison qui contient beaucoup d'informations, comme la surface du toit, par exemple, ce qui est pratique quand on veut changer les tuiles ou faire installer des panneaux solaires. Ça c'est vraiment intéressant. On va également de plus en plus vers les visites immersives, généralement avec un casque, mais il y a aussi des pièces dédiées qui évitent d'avoir le mal de tête. Là-dessus, on est en train de passer du laboratoire à la phase d'après.

Et le deuxième grand mouvement de fond que vous évoquiez, de quoi s'agit-il ?

"En matière de home staging virtuel, la technologie est au point et les coûts sont raisonnables"

Il concerne moins les particuliers mais plus les professionnels : c'est tout ce qui concerne la digitalisation totale de la relation client et de la transaction. L'immobilier, c'est beaucoup de contrats, beaucoup de papiers, ce qui est source de délais, d'erreurs… De maux de tête, parfois ! Aujourd'hui, on fait des états des lieux sur tablette. Il y a un vrai gain de qualité. Un des acteurs positionnés sur ce marché propose des images de très haute définition. Vous scannez la pièce et vous pouvez agrandir l'image pour voir s'il y a quelque chose qui cloche. Et cet état des lieux, on le signe grâce à la signature électronique sur la tablette. Il y a donc un gain de temps énorme. On va faire la même chose avec les bons de visite, les compromis de vente, le recueil de l'ensemble des informations… Finalement, le négociateur a très peu de raisons d'aller à l'agence. S'il y va, c'est pour discuter avec son patron, et pas pour travailler. Tout le logiciel, il l'a sur son smartphone. Les agents immobiliers s'approprient ces technologies, surtout lorsqu'ils ont des négociateurs jeunes. C'est un bouleversement de l'organisation de la profession : le fait qu'on travaille beaucoup sans papier, qu'on aille beaucoup plus vite, qu'on ait ce gain de qualité parce qu'il y a moins d'erreurs etc. C'est moins spectaculaire que la visite immersive mais ça transforme durablement la profession.