L'industrie française sous pression face à l'augmentation des fermetures d'usines
La réindustrialisation amorcée après la crise sanitaire peine à se maintenir, le solde net des créations de sites industriels en France étant négatif pour la première fois depuis plusieurs années.
Entre avril et août 2024, la dynamique de réindustrialisation en France a subi un sérieux coup d'arrêt. Selon le cabinet Trendeo, le pays a perdu 10 usines au cours de cette période, avec 47 fermetures contre 37 ouvertures. Ce retournement marque une rupture notable dans la tendance positive observée depuis 2016, exception faite de l'année 2020, marquée par la pandémie. Le rythme de création de nouveaux sites industriels ralentit fortement, et le climat d'incertitude politique et économique accentue ce phénomène.
Baisse des ouvertures et hausse des fermetures
Sur les six premiers mois de 2024, seulement 18 nouvelles usines ont vu le jour en France, un chiffre en baisse de 30% par rapport à la même période l'année précédente. Ce recul s'accompagne d'une augmentation de 9% des fermetures de sites, selon les chiffres de Trendeo relayés par Les Echos.
Parmi les usines ayant cessé leur activité figure notamment le site de Bosh à Marignier (Haute-Savoie), spécialisé dans l'assemblage de produits pour l'automobile. D'autres entreprises, comme Mischler en Haute-Saône, n'ont pas réussi à trouver de repreneurs et ont dû fermer leurs portes.
Le solde net des créations d'emplois dans l'industrie reste positif, mais en forte baisse. Au premier semestre 2024, environ 10 950 emplois ont été créés, soit une chute de 44% par rapport à la même période l'année précédente. Depuis le 1er juin, 1 640 emplois ont même été perdus, notamment dans des secteurs clés comme l'aéronautique et l'électronique, victimes de plans sociaux.
Un environnement international et politique défavorable
Plusieurs facteurs expliquent cette inversion de tendance. L'inflation persistante et la hausse des taux d'intérêt ont rendu les investissements dans l'industrie plus coûteux, freinant les projets de création de nouveaux sites.
À cela s'ajoute la concurrence internationale, avec des pays comme les États-Unis et la Chine qui bénéficient d'avantages compétitifs importants. Aux États-Unis, par exemple, l'Inflation Reduction Act permet de soutenir massivement l'industrie, notamment via des subventions et une énergie moins chère.
Par ailleurs, le plan France Relance, qui avait permis de soutenir la réindustrialisation avec un budget de 100 milliards d'euros, dont un tiers consacré à l'industrie, est arrivé à son terme, laissant place à une incertitude politique qui n'aide pas à stabiliser l'économie.
Antoine Armand, le ministre de l'Économie, a récemment déclaré vouloir intensifier les efforts pour soutenir la création de nouvelles usines, mais le contexte actuel ne permet pas encore d'inverser la tendance.