Chez Volkswagen, l'automobile appelle à l'aide

Face à la concurrence chinoise, à des hausses de coûts de l'énergie et à une baisse de la demande sur l'électrique, Volskwagen demande à l'État allemand de prendre des mesures de soutien.

Alors que le secteur automobile allemand fait face à un effondrement de la demande pour les véhicules électriques, le ministre allemand de l'Économie a réuni ce lundi les principaux acteurs du secteur automobile national. Comme Volkswagen, cette industrie emblématique en Allemagne réclame des aides rapides afin de sortir de cette crise sans précédent. À tel point que Volkswagen, industrie emblématique implantée notamment en Basse-Saxe qui emploie 120 000 personnes, a annoncé une cure d'austérité et pourrait voir des fermetures d'usines, une première en plus de 80 ans. 

Début des négociations 

Ce mercredi à Hanovre débutent des négociations entre le PDG Oliver Blume, le comité d'entreprise et le syndicat IG Metall. Les employés espèrent échapper au pire, alors que deux fermetures d'usines et des nombreux licenciements sont attendus : ces sites, bien loin de leur taux d'utilisation maximale, représentent une capacité de production de 500 000 à 750 000 voitures et engouffrent beaucoup plus d'argent qu'ils n'en génèrent. Il s'agit du plan d'économies le plus important de l'histoire du groupe, bien que Daniela Cavallo, principale représentante des salariés, ait promis une "résistance acharnée" face aux possibles fermetures d'usines et aux menaces sur l'emploi. 

Virage mal contrôlé 

Herbert Diess, précédent patron du groupe remercié en 2022, avait anticipé le virage vers le zéro émission à partir de 2019 ainsi qu'expérimenté la voiture centrée sur le logiciel, technologie défrichée par Tesla, qui permet des mises à jour à distance et donc d'améliorer le véhicule des années après l'achat. Problème : l'ID.3, censée prendre la relève de la Golf, a vu son lancement retardé de dix mois à cause de bugs de logiciel. Pour remédier à ce problème, Herbert Diess a décidé d'investir plus d'argent et de créer en 2020 Cariad, une filiale de 5000 ingénieurs à l'époque, 6500 aujourd'hui. Cette initiative a viré à la catastrophe en générant des retards de lancement de plusieurs années et contribué à son éviction. 

La concurrence de la Chine se fait aussi fortement ressentir : les ventes mondiales restent inférieures de 15% au pic atteint en 2019, concurrence qui se fait ressentir partout sur le continent européen. De plus, "dans les usines d'assemblage, [le coût du travail] est 60% plus élevé qu'en France" indique Bernard Jullien, spécialiste du secteur, aux Echos. Si les marges d'Audi et Porsche leur permettent de s'en sortir, ce n'est plus le cas pour Volkswagen. Pour tirer son épingle du jeu, Oliver Blume s'est allié à de nombreux constructeurs à travers le monde, moyennant de nombreux investissements : 650 millions d'euros pour Xpeng en Chine pour ses plateformes et logiciels ; 5 milliards d'euros via une prise de participation au capital de l'américain Rivian, rival de Tesla. Pour Arno Antlitz, le directeur financier, la marque n'a plus qu'"un an, peut-être deux", pour redresser la barre.