Airbus ajuste sa stratégie pour sécuriser ses objectifs de livraison
L'avionneur européen réagit aux tensions croissantes sur ses chaînes de production avec un plan de restructuration ciblant la montée en cadence et l'efficacité opérationnelle.
Airbus, leader mondial de l'aéronautique, fait face à des défis majeurs liés à sa chaîne d'approvisionnement, retardant ses objectifs de production. Pour y remédier, le groupe a dévoilé son plan stratégique LEAD, visant à renforcer son efficacité tout en maintenant la montée en cadence de ses livraisons d'avions. Ce plan exclut toute réduction d'effectifs, malgré un gel des recrutements de cols blancs.
Pallier les retards de production et sécuriser les livraisons
Airbus fait face à des retards de production dus à des problèmes d'approvisionnement, notamment en moteurs et équipements de cabines. Cette situation a contraint l'avionneur à revoir ses objectifs de livraison pour 2024, passant de 800 à 770 appareils.
Le directeur général d'Airbus avions commerciaux, Christian Scherer, a souligné la gravité de la situation lors de la présentation du plan LEAD devant le comité européen. Relayé par La Tribune, il a déclaré : "Notre trajectoire est en danger". Selon lui, il est crucial d'agir rapidement pour préserver le leadership d'Airbus sur le marché mondial.
L'objectif principal du plan LEAD est d'atteindre 770 livraisons d'avions en 2024, malgré les difficultés actuelles liées aux fournisseurs, et de maintenir la montée en cadence vers 2027. Ce plan concerne l'ensemble des activités commerciales d'Airbus, sans pour autant faire appel à des cabinets de consultants externes.
Réactions des syndicats et ajustements internes
Airbus affiche de grandes ambitions avec son plan LEAD, mais l'entreprise a tenu à rassurer ses employés : aucun plan social n'est prévu. Selon la direction, ce n'est pas une réduction d'effectifs, mais bien une réorganisation. L'objectif est de simplifier le fonctionnement interne pour améliorer l'efficacité et mieux répondre à la demande des clients.
Florent Veletchy, coordinateur CFTC d'Airbus, cité dans Les Échos, a réagi positivement à cette annonce : "On nous parle de former les salariés et de simplifier la grosse machine et non pas de dégraissage. C'est plutôt positif".
Airbus a gelé les recrutements de "cols blancs" pour 2024 et prévoit de recentrer les efforts sur la formation des "cols bleus", notamment ceux qui ont été embauchés récemment. Airbus a recruté 13 000 personnes en 2023, mais certains secteurs, comme la production, restent en tension.
"On a beaucoup embauché ces dernières années, mais pas toujours là où on en avait le plus besoin", a commenté un syndicaliste. Cette réorganisation vise à optimiser l'utilisation des effectifs tout en évitant les licenciements, avec un effort particulier sur la mobilité interne pour renforcer les équipes en fonction des besoins prioritaires.
Optimisation des coûts et maintien des objectifs à long terme
En plus des réajustements internes, le plan LEAD comprend un volet important de réduction des coûts. Airbus aurait identifié 5 500 projets non essentiels au sein de ses divisions commerciales, qui seront suspendus ou annulés. L'objectif est de concentrer les ressources sur les projets stratégiques, tout en réduisant les dépenses opérationnelles. Des coupes budgétaires ont déjà été mises en place cet été, avec une réduction de 20% des frais de déplacement et des événements d'entreprise.
Malgré ces ajustements, Airbus maintient son ambition à long terme de produire 75 monocouloirs par mois d'ici 2027. Cette montée en cadence est cruciale pour répondre à un carnet de commandes toujours en forte demande. Cependant, les retards de livraison, notamment des moteurs et des équipements de cabine, restent un obstacle majeur.
L'objectif pour Airbus est donc de stabiliser la situation à court terme tout en préparant une montée en puissance durable. L'avionneur continue de surveiller de près sa chaîne de fournisseurs et prévoit de simplifier son organisation industrielle pour réduire les goulots d'étranglement et améliorer la fluidité des opérations.