Stellantis : l'usine de Rennes entre inquiétudes et espoirs

Stellantis : l'usine de Rennes entre inquiétudes et espoirs En pleine mutation, le site breton de La Janais se prépare à produire un SUV de nouvelle génération, tout en faisant face à des enjeux cruciaux de compétitivité et de renouvellement des effectifs.

L'usine de Rennes, emblématique du paysage industriel français, est aujourd'hui à un tournant. Désignée pour accueillir la production du futur C5 Aircross, cette usine du groupe Stellantis doit relever un double défi : assurer sa compétitivité tout en répondant aux attentes des salariés et des syndicats. Entre modernisation des infrastructures, stratégie industrielle frugale et incertitudes sur l'avenir, le site breton cristallise les enjeux d'une industrie automobile en pleine transformation.

Une modernisation tournée vers la compétitivité

Pour accueillir la production du nouveau C5 Aircross, Stellantis a investi 160 millions d'euros dans l'usine de Rennes. Ce SUV familial, présenté au Mondial de l'Automobile, sera produit sur une plateforme "multi-énergies", capable d'assembler des véhicules électriques, hybrides et thermiques. Cela donne de la flexibilité pour "s'adapter au rythme du marché", a affirmé Carlos Tavares, PDG de Stellantis, lors de sa visite au site le 18 novembre, cité par Le Monde.

Les investissements incluent notamment deux nouveaux ateliers, l'un dédié à l'injection plastique et l'autre au ferrage, où des robots soudent les structures métalliques des véhicules. L'atelier d'injection plastique est équipé de machines récupérées en Italie, témoignant de la stratégie de frugalité du groupe.

Cependant, la superficie de l'usine a été drastiquement réduite : elle est passée de 229 hectares en 2015 à 121 hectares aujourd'hui. Une réduction qui illustre l'effort du groupe pour optimiser ses coûts dans un contexte de surcapacité industrielle en Europe.

Les craintes des salariés face à l'avenir du site

Malgré ces efforts, les salariés expriment leurs inquiétudes quant à l'avenir du site. L'usine, qui ne produira plus que le C5 Aircross, repose entièrement sur le succès commercial de ce modèle. "Tous les œufs dans le même panier", déplorent les syndicats, relayés par France Bleu Armorique.

L'âge moyen élevé des salariés alimente également les préoccupations. "Faute de recrutements, notre usine à cheveux gris devient une usine à cheveux blancs", a déclaré Didier Picard, délégué CFE-CGC. La moyenne d'âge des ouvriers s'élève à 52 ans, et plus de 800 sur les 1 000 salariés ont 58 ans ou plus. Les syndicats demandent l'attribution d'un second modèle pour sécuriser l'avenir de l'usine et réduire les risques liés à une production unitaire.

Un pari industriel sous pression

L'objectif pour rentabiliser le site est ambitieux : vendre entre 50 000 et 80 000 C5 Aircross par an. "Maintenant, connaitra-t-elle le succès ? Je l'espère, je pense que oui, a-t-il poursuivi. Mais en fait nous n'en savons rien", a admis Carlos Tavares, cité par La Tribune.

Cette pression est renforcée par les suppressions d'emplois prévues à court terme. À la fin de 2024, 200 intérimaires quitteront l'usine, et leur retour n'est prévu qu'en septembre 2025.

Dans un contexte de restructuration de l'industrie automobile, où les fermetures de sites se multiplient en Europe, Stellantis a cependant promis qu'il n'y aurait pas de fermeture en France avant 2028. Au-delà de cette date, aucune garantie n'a été donnée.