L'industrie européenne pénalisée par les prix de l'énergie

L'industrie européenne pénalisée par les prix de l'énergie En perte de compétitivité, l'industrie européenne est pénalisée par les prix de l'énergie, beaucoup plus élevés qu'ailleurs.

Le patron de l'Agence internationale de l'Énergie lance l'alerte : l'industrie européenne est pénalisée par les prix de l'énergie élevé, alors que le gaz est plus cher qu'aux États-Unis et l'électricité plus onéreuse qu'en Chine. "Le prix du gaz naturel en Europe est cinq fois plus élevé que celui des États-Unis et le prix de l'électricité en Europe est trois fois plus élevé qu'en Chine", a déclaré Fatih Birol, directeur exécutif de l'Agence internationale de l'Énergie (AIE), lors du colloque de l'Union française de l'électricité (UFE). 

L'Europe doit établir une "stratégie claire" 

"Comment les fabricants européens, en particulier ceux pour lesquels le coût de l'énergie représente une part importante de leur coût global, peuvent rivaliser avec les autres pays ? […] L'industrie européenne, ou plus précisément l'industrie manufacturière, entre dans une période décisive qui pourrait avoir des conséquences importantes pour l'économie européenne, le poids de l'Europe dans les affaires étrangères et la sécurité de l'Europe", a précisé le Dr Birol. 

En ce qui concerne les "technologies propres" — panneaux solaires, éolien, batteries, électrolyseurs —, "l'Europe est nettement en retard par rapport à de nombreuses autres puissances économiques telles que la Chine, les États-Unis et, dans certains cas, même l'Inde et d'autres pays", a précisé le patron de l'AIE, évoquant la difficulté pour l'Union européenne d'établir une "stratégie claire". "L'Europe doit se pencher d'urgence sur ces questions et élaborer un nouveau plan directeur pour l'industrie", a-t-il ajouté, en écho au rapport sur la perte de compétitivité de l'industrie européenne de Mario Draghi, Premier ministre italien et ex-président de la BCE. 

Des erreurs stratégiques 

Pour le Dr Birol, il faut s'interroger sur le soutien aux "industries existantes, le fer, l'acier, la pétrochimie, l'aluminium" et la façon de "combler l'écart de coût entre elles et leurs concurrents". Selon lui, "il est peut-être nécessaire d'avoir une politique commerciale plus musclée de l'Europe", puisque celle-ci a commis "trois erreurs stratégiques" dans le passé : une trop grande dépendance au gaz russe, un désintérêt pour l'énergie nucléaire et l'abandon du solaire qui a profité à la Chine. "La Chine fabrique aujourd'hui 80% des panneaux solaires, il y a 20 ans, la France était le leader" grâce à des subventions, a-t-il souligné.