Antonio Filosa hérite d'un Stellantis en crise et amorce le changement
Stellantis a annoncé ce 28 mai la nomination d'Antonio Filosa au poste de directeur général. Il succède à Carlos Tavares, parti en décembre 2024. Le conseil d'administration s'est accordé à l'unanimité sur ce choix, validé lors d'une réunion convoquée la veille.
Une nomination interne après six mois de transition
Antonio Filosa prendra officiellement ses fonctions le 23 juin. Son élection au conseil d'administration fera l'objet d'une assemblée générale extraordinaire convoquée dans les prochains jours. Ce choix met fin à une vacance de six mois à la tête du groupe, durant laquelle John Elkann, président exécutif de Stellantis, a assuré l'intérim.
Âgé de 52 ans, Antonio Filosa est un ancien de Fiat. Entré dans le groupe en 1999, il a exercé des fonctions de direction en Amérique du Sud, puis aux États-Unis, où il dirigeait jusqu'à présent la région Amériques et supervisait la qualité au niveau mondial. Il est également détenteur de la double nationalité italienne et brésilienne.
"Son leadership fort et efficace, en Amérique du Nord et en Amérique du Sud, à un moment de défi sans précédent, a confirmé qu'il possède les qualités indispensables pour le poste de CEO", a déclaré John Elkann dans un communiqué cité par Les Échos.
Le nom d'Antonio Filosa circulait depuis plusieurs mois comme successeur potentiel. D'après Le Monde, d'autres candidatures externes avaient été envisagées, comme celle de José Muñoz, dirigeant de Hyundai, mais n'ont pas abouti.
Recul des résultats et modification de l'organisation
Le nouveau directeur général prend la tête d'un groupe dont les performances financières sont en baisse. Le bénéfice net de Stellantis a reculé de 70% en 2024 pour s'établir à 5,5 milliards d'euros, contre 18,6 milliards l'année précédente. La marge opérationnelle a également chuté, passant de 12,8% à 5,5% du chiffre d'affaires. Selon Le Figaro, le chiffre d'affaires du premier trimestre 2025 a reculé de 14% à 35,8 milliards d'euros, tandis que les livraisons baissaient de 9%, atteignant 1,2 million d'unités.
Dans le même temps, plusieurs mesures ont été prises par la direction intérimaire. Aux États-Unis, Stellantis a relancé la production du moteur V8 Hemi, abandonné sous l'ère Tavares. En Europe, le groupe défend désormais auprès des autorités un calcul des émissions de CO₂ basé sur le cycle de vie complet des véhicules, et non uniquement sur les émissions à l'échappement.
Le groupe a également modifié sa politique de télétravail. Initié sous Carlos Tavares, le modèle "tout distanciel" a été partiellement abandonné. Le programme "back together" impose désormais deux à trois jours de présence hebdomadaire sur site.
Une direction plus ancrée dans l'héritage Fiat-Chrysler
La nomination d'Antonio Filosa, issu de la branche Fiat-Chrysler, renforce le poids des composantes italienne et américaine dans la gouvernance du groupe. Elle modifie l'équilibre installé après la fusion avec PSA, qui avait vu Carlos Tavares, ancien dirigeant de Peugeot, prendre les commandes opérationnelles.
Ce réalignement suscite des préoccupations en France. Le site de Poissy, dans les Yvelines, pourrait être concerné par des arbitrages industriels.
Antonio Filosa est présenté comme un cadre ayant l'appui de longue date de Sergio Marchionne, ancien PDG de Fiat-Chrysler et mentor de John Elkann. "Nous saluons à l'unanimité la nomination d'Antonio en tant que nouveau CEO", a souligné Robert Peugeot, vice-président du conseil d'administration.
Plusieurs cadres limogés par l'équipe précédente ont été rappelés. Tim Kuniskis, ex-patron de RAM, et Richard Palmer, ancien directeur financier, ont été réintégrés. À l'inverse, certains membres de la direction PSA, dont Thierry Koskas, pourraient quitter leurs fonctions prochainement.