Puces IA : pourquoi Nvidia mise gros sur Intel malgré ses difficultés

Puces IA : pourquoi Nvidia mise gros sur Intel malgré ses difficultés Le fabricant de cartes graphiques injecte 5 milliards de dollars dans son ancien concurrent, devenant ainsi l'un de ses principaux actionnaires. Une collaboration technique est également prévue pour concevoir de nouveaux composants destinés aux centres de données et ordinateurs personnels.

Le 18 septembre 2025, Intel a officialisé un partenariat majeur avec Nvidia. Le géant des cartes graphiques va investir 5 milliards de dollars dans l'entreprise, avec l'objectif de développer ensemble une nouvelle génération de puces. Ce rapprochement marque un tournant pour Intel, qui traverse une période difficile depuis plusieurs années.

Nvidia entre au capital d'Intel après le soutien de Washington et Softbank

Avec cet investissement, Nvidia obtient environ 4 % du capital d'Intel, à un prix fixé à 23,28 dollars par action. Ce montant est supérieur à celui payé par l'État américain quelques semaines plus tôt (20,47 dollars), mais inférieur au cours de clôture de l'action Intel la veille de l'annonce (24,90 dollars).

Ce soutien s'ajoute à d'autres : en août, l'administration américaine a converti une aide publique en une prise de participation de 10 %, pour un total de 9 milliards de dollars. SoftBank a également annoncé vouloir injecter 2 milliards de dollars dans Intel.

Résultat immédiat : le jour de l'annonce, l'action Intel a bondi de 23 %, atteignant environ 31 dollars. En comparaison, la valorisation d'Intel s'élève à 150 milliards de dollars, loin derrière Nvidia, désormais estimée à 4 280 milliards de dollars.

Dan Ives, analyste chez Wedbush Securities, note que "ces dernières semaines ont été fastes pour Intel, après des années de souffrance et de frustration pour les investisseurs", selon des propos rapportés par Le Monde.

Des puces codéveloppées pour les PC et les datacenters

Ce partenariat ne concerne pas les GPU les plus avancés de Nvidia, mais se concentre sur la conception de puces destinées aux ordinateurs et aux centres de données. Intel doit fournir les processeurs (CPU) ainsi que l'assemblage technique, tandis que Nvidia apportera sa technologie pour améliorer la vitesse de communication entre les composants.

Selon Le Monde, cette collaboration n'est pas liée à une pression politique, même si des discussions avec l'administration Trump avaient eu lieu en amont. Jensen Huang, PDG de Nvidia, a déclaré : "L'administration Trump n'a absolument aucune implication dans ce partenariat. Elle aurait bien sûr apporté son soutien. J'en ai parlé aujourd'hui au secrétaire au Commerce, Howard Lutnick, et il était très enthousiaste à l'idée que deux entreprises américaines collaborent."

Les deux groupes prévoient de concevoir plusieurs générations de produits, sans préciser encore de calendrier. Leurs projets individuels restent inchangés pour l'instant.

Un effet domino possible sur TSMC, AMD et Broadcom

Nvidia travaille actuellement avec TSMC pour produire ses puces. Ce nouveau partenariat pourrait à terme modifier ses habitudes de production. Jensen Huang a toutefois souligné "la magie de TSMC", saluant la qualité du fabricant taïwanais, toujours selon Le Monde.

Mais les analystes estiment que les répercussions pourraient concerner d'autres acteurs. David Wagner, gestionnaire de portefeuille chez Aptus Capital Advisors, cité par Reuters, indique : "AMD a été en train de gagner des parts de marché sur les ordinateurs de bureau et portables depuis un certain temps… mais je pense que TSMC pourrait courir un plus grand risque sur le long terme."

AMD et Broadcom, qui fournissent également des solutions pour les centres de données, pourraient voir cette alliance comme un signal fort. Rien n'a encore été annoncé concernant une production directe chez Intel, mais l'accord renforce clairement les liens entre les deux entreprises.