La dégradation de la notation de la France par Moody’s le 20 novembre 2012 : quelle crédibilité ?
J’exprime un grand scepticisme quant à la capacité d’une agence de noter un pays. Que valent les actifs d’un pays ? Comment peut-on considérer la balance entre sa dette et ses richesses ?
Rappelons que les agences se sont lourdement trompées même sur la notation de sociétés et d’organismes publics.
Cette appréciation de cette agence qui avec S&P et Fitch s'accaparent 95% du marché du Rating vient dans un contexte de remise en cause par le patronat français et le gouvernement allemand de ce qu'ils appellent de la politique économique du gouvernement français
"La décision de Moody's d'abaisser la note de la France et de maintenir la perspective négative reflète les facteurs-clés suivants, qui sont interdépendants:
1. "Perte graduelle et soutenue de
compétitivité et les rigidités anciennes de ses marchés du travail, des biens
et des services".
Commentaire :
c’est plutôt la mauvaise spécialisation de la France consécutive à sa
désindustrialisation qui est le vrai problème. Les sociétés françaises et leurs
organisations professionnelles sont autant responsables que les gouvernements
successifs d’abandons de secteurs productifs comme la machine-outil à commande
numérique, les biens d’équipements, la chimie et parachimie, la pharmacie et
parapharmacie, l’industrie lourde. ..
La substitution excessive du capital au travail
est un facteur aggravant de la dégradation de la rentabilité des
investissements. Enfin l’internationalisation des groupes français,
contrairement à leurs homologues allemands s’est faite sur le simple critère du gain à
court terme et le low cost, sans tenir compte des intérêts de l’économie du
pays d’origine, qui devait rester leur base
2. "Les perspectives budgétaires de la
France sont incertaines"
Commentaire :
c’est évident que la généralisation des politiques d’austérité appliquées simultanément
par des pays faisant partie de la même zone et échangeant plus de 55% des biens
et services entre eux, ne peuvent engendrer que des effets récessifs.
3. "L'exposition de la France à la
périphérie de l'Europe par le biais de ses relations commerciales et de son
système bancaire est disproportionnée et ses engagements à soutenir d'autres
membres de la zone euro ont augmenté".
Commentaire :
il est nécessaire de mettre en place des politiques européennes de relance industrielle
par une intégration par la production et des coopérations avec les pays du sud
de la méditerrané
Le communiqué de Moody’s ajoute :
I- "A la différence d'autres Etats souverains
extérieurs à la zone euro qui affichent des notes également élevées, la France
n'a pas accès à une banque centrale nationale pour le financement de sa dette
dans le cas d'un dérèglement des marchés."
Commentaire :
C’est pourquoi il convient de modifier les statuts et les missions de la BCE
afin qu’elle puisse racheter les titres des Etats de la zone euro directement
comme le font ses consœurs américaine, japonaise, britannique…
Moody's explique cependant que la France conserve
une note extrêmement élevée, à Aa1, en raison "des atouts importants dont
dispose le pays en terme de crédit, qui incluent une économie large et
diversifiée qui soutient la résistance économique de la France et un engagement
fort envers des réformes structurelles et la consolidation budgétaire, que
reflètent les récentes annonces gouvernementales qui pourraient, à moyen terme,
atténuer certaines des rigidités structurelles et améliorer la dynamique de la
dette française".
II- "Le marché français du travail se caractérise par une protection de l'emploi
importante aux contrats permanents. De plus, la définition du licenciement
économique en France exclut son utilisation pour améliorer la compétitivité et
la rentabilité d'une entreprise."
Commentaire :
Le capitalisme sauvage n’existe pas dans les pays nordiques, cela ne les a pas empêché
de se développer. Le code du travail français n’a jamais été un obstacle face
aux licenciements boursiers qui se sont développés ces dernières décennies. Les
entreprises innovantes, ayant opté pour une bonne spécialisation se sont
développées dans le cadre législatif incriminé depuis 40 ans par les économistes
américains dont j'ai consacré plusieurs travaux dès 1987.