Transformation digitale dans l'industrie pharmaceutique : la gouvernance comme clé d'une accélération réussie

Jamais l'industrie pharmaceutique et le secteur de la santé n'ont été l'objet d'autant d'attention de la part des professionnels, des médias, des non-professionnels, malades ou non malades. Le monde entier a les yeux rivés sur chaque publication, innovation, ou (fake) news.

Sur la façon de produire un vaccin, à l’usage controversé d’un médicament pour sauver des vies, au protocole pour ralentir la propagation du virus, tout le monde semble avoir un avis et veut le faire savoir.

Au-delà de ces débats du quotidien, une transformation est en train de s'opérer dans l’industrie pharmaceutique. En effet, il n’a jamais été aussi "urgent" d’innover pour absorber les changements d’usage, comme la hausse considérable de vaccinations contre la grippe à l’automne 2020, pour éviter les ruptures dans les chaînes d’approvisionnement au niveau mondial, ou encore pour collecter et analyser plus rapidement les données des essais cliniques et accélérer la découverte de nouveaux vaccins. Sur le plan organisationnel également une page se tourne.

Et si la pandémie était le super accélérateur de la transformation digitale des industriels pharmaceutiques ?

Distanciation sociale, fermeture des espaces de travail, saturation de la médecine de ville et hospitalière, risques sanitaires, limitations des visites dans le milieu médical : Il est nécessaire de trouver des alternatives pour recréer du lien, tout en apportant des solutions aux personnels soignants, en première ligne de ce combat. Pour cela, il est plus que jamais critique d’avoir un réseau d’information digitalisé, sécurisé et accessible partout dans le monde à n’importe quel moment. La digitalisation du secteur a déjà dépassé le stade de la vision. De la télémédecine en passant par l’IA, l’IoT ou encore la blockchain et la cybersécurité, en 2020, la transformation digitale du secteur de la Santé est une réalité.

Si le mouvement est déjà lancé, il faut désormais acquérir une maturité digitale, un chemin long et semé d'embûches. Si certains acteurs sont de réels fers de lance, d’autres se cherchent encore une réelle stratégie digitale et font davantage office de ‘followers digitaux’.

Dans le vaste monde des programmes digitaux, les expérimentations en mode "start-up" – preuves de concept, expérimentations, pilotes – foisonnent. Le passage à l’échelle et en production l’est considérablement moins. Ainsi le cabinet de conseil McKinsey estime que 90% des investissements en data science restent au stade expérimental. Pourtant l’industrialisation et la mise en production ne doivent pas être réservées qu’aux géants de la tech.

Dès lors, comment opérationnaliser sa stratégie digitale sur le long terme ?

Qui dit "digitalisation" dit "donnée" et sur ce point le secteur de la santé n’en manque pas. Même si la conformité est de mise, les données sont là, complexes, variées et comme souvent sous-exploitées. C’est le cas notamment de la donnée textuelle : publications médicales, brevets, avis patients, emails, posts et commentaires sur les réseaux sociaux qui sont souvent analysés de manière artisanale mais peu finissent par intégrer les CRMs opérationnels pour une prise de décision rapide.

Mais posséder ou récupérer la donnée seule ne suffit plus. Pour lui rendre ses lettres de noblesse, il faut en tirer la substantifique moelle : des décisions opérationnelles qui en découlent. Il est urgent de démocratiser l’usage des méthodes analytiques : intelligence artificielle, machine learning, computer vision, natural language processing, forecasting, deep learning, agents conversationnels ... et de tirer parti de la grande diversité des données à disposition : temps réel, numérique, textes multilingues, images, sons.

Seules les organisations, capables de diffuser, l’usage et la culture de la data et de l’analytique, à tous les étages pourront tirer leur épingle du jeu.

Les bénéfices de s’appuyer sur une plateforme analytique d’entreprise pérenne sont nombreux, à commencer par la gestion de toute la chaîne opérationnelle depuis la transformation de chaque donnée brute individuelle en connaissances opérationnelles, jusqu’au support de chaque décision.

Flexibilité et gouvernance : les clés du succès

Dès lors quelles sont les étapes à ne pas manquer ? Les entreprises devront rester flexibles dans le choix de leurs actifs : algorithmes propriétaires alliés à l’open source, cloud computing … Imagination et innovation seront de mise pour démarrer en mode expérimental et produire des MVPs -Minimum Viable Product- via des cycles courts.

Ensuite, il convient de mettre en place une gouvernance pour opérer les projets à grande échelle. Pour mener à bien cette mission, il est nécessaire de donner aux équipes IT les outils nécessaires pour déployer les projets de manière agile et en toute sécurité, d’implémenter des modèles analytiques et de gérer de manière centralisée le cycle de vie de ces modèles.

Si la pandémie a fortement accéléré l’adoption des technologies digitales dans le secteur des biotechnologies et de l’industrie pharmaceutique, cette tendance devrait perdurer au-delà de la crise sanitaire.

De l’optimisation des procédés industriels, à la gestion des essais cliniques, en passant par le lancement de nouveaux programmes marketing, l’industrie pharmaceutique a besoin urgent de tirer parti de l’intelligence contenue dans la donnée. Une approche en deux étapes : l’expérimentation puis le passage à l’échelle, sera la clé du succès à condition d’y associer flexibilité et gouvernance.