La smart city aide les villes à se réorganiser pendant le confinement

La smart city aide les villes à se réorganiser pendant le confinement Du vote électronique à la téléconsultation en passant par les plateformes de mise en relation, le numérique permet aux villes d'exercer leurs prérogatives et de proposer de nouveaux services.

Si avec la crise du coronavirus, les collectivités n'ont pas de chute de chiffre d'affaires à endiguer comme les entreprises, elles ont aussi leur lot de problèmes à traiter. Et dans cette gestion de crise, le numérique et la smart city leur ont permis de se réorganiser et de continuer à assurer leurs missions essentielles de service public, voire d'en réaliser de nouvelles.

Avant même d'en arriver à la smart city, il a d'abord fallu s'adapter aux nouvelles exigences de distanciation sociale. Pas facile dans des collectivités, où le télétravail est très peu répandu. "Chez nous, le télétravail n'existait absolument pas", raconte Philippe Berthaut, directeur général des services de Dijon Métropole. Il lui a fallu passer 800 agents en télétravail en partant de zéro. "Au bout de 8 à 10 jours, les fonctions essentielles étaient assurées", se satisfait-il.

Conseils virtuels

Outre le télétravail, les collectivités doivent aussi se réunir pour délibérer. La métropole lyonnaise a tenu son premier conseil métropolitain entièrement dématérialisé avec 165 élus, via la plateforme Webex de Cisco. "C'est l'une des rares solutions à pouvoir gérer autant de monde, et elle intègre des outils de sondage qui nous permettent d'organiser des votes électroniques", détaille Hervé Groleas, directeur de l'innovation numérique et des systèmes d'information à la métropole de Lyon. Une ordonnance datant du 1er avril permet en effet aux conseils municipaux, métropolitains, départementaux et régionaux de se réunir et voter à distance, tout en abaissant le quorum requis pour ces réunions à 30% des effectifs totaux d'une assemblée. Cette organisation sera répliquée pour d'autres réunions qui doivent continuer à se tenir, comme les commissions d'appels d'offres ou les rencontres avec les représentants du personnel. 

Au-delà de cette organisation interne, des collectivités cherchent aussi à utiliser le numérique pour accompagner leurs administrés avec de nouveaux services dans cette période difficile. Lyon a par exemple mis en place une plateforme qui recense l'ensemble des initiatives d'entraide disponibles sur son territoire en termes d'alimentation, de gestion des enfants, d'aide aux devoirs, de culture ou encore d'activité physique, classées selon leur proximité du domicile.  La métropole a aussi prêté des tablettes à tous les élèves de son territoire ne disposant pas de matériel informatique pour suivre les cours à distance. 

Téléconsultation et e-remontrances

Nice est aussi très active en la matière. La métropole méditerranéenne a mis en place une plateforme de téléconsultation médicale avec une équipe de médecins installée dans la mairie de Nice. Elle a également déployé des systèmes de visioconférence dans les quatre Ephad qu'elle gère, afin de permettre aux familles de maintenir un lien avec leurs parents sans mettre en danger ce public fragile. La métropole s'appuie également sur son application citoyenne Allo Mairie lancée en juin 2019, pour diffuser des alertes d'information et bonnes pratiques en lien avec le coronavirus. On y retrouve en plus un annuaire des commerces alimentaires ouverts pendant le confinement, ainsi que ceux proposant des livraisons dans les 49 communes de la métropole. La ville a enfin installé 25 haut-parleurs, reliés à son réseau de vidéosurveillance, afin de rappeler à l'ordre les passants qui sembleraient faire fi du confinement ou s'attrouperaient. "Pour votre santé et la santé de vos proches, évitez les déplacements et restez confinés", enjoignent les haut-parleurs. 

"Nous étions en train de préparer un plan de transformation numérique, mais avons dû lever le pied car notre DSI était submergée"

Sur le plus long terme, le coronavirus devrait laisser des traces dans l'organisation des collectivités. Avant l'épidémie, les services numériques des villes phosphoraient sur des propositions à présenter aux prochaines équipes qui accéderaient aux responsabilités après les municipales. "Nous étions en train de préparer un plan de transformation numérique, mais avons dû lever le pied car notre DSI était submergée", explique Sabine Romon, responsable du pôle innovation de la mairie de Paris. "En fonction de la date de tenue du deuxième tour, nous allons nous adapter : si c'est en juin, nous attendrons le nouvel exécutif, mais si les élections sont reportées plus longtemps, nous proposerons de commencer à avancer."

Le contenu de ces propositions va aussi changer, estime Hervé Groleas. "La crise amène des prises de conscience qui pourraient changer les décisions politiques, notamment sur l'organisation de l'entraide, et surtout sur la résilience : comment fait-on pour supporter un tel choc et comment le numérique peut-il aider ? L'idée sera d'avoir un plan que nous serons prêts à redéclencher un jour". Larguées au début du confinement, les collectivités s'arment pour le reconfinement.