Datakalab, la start-up qui détecte le port du masque pour la RATP

Datakalab, la start-up qui détecte le port du masque pour la RATP Spécialiste des technologies de vision par ordinateur, cette start-up française est passée de l'analyse des émotions à des fins publicitaires à des applications smart city de sa technologie.

Pour certaines start-up, le RGPD fut une occasion, voire une obligation, de pivoter. Fondée en 2017, la start-up Datakalab en fait partie. Au départ solution d'analyse des émotions sur les visages à des fins publicitaires, la start-up applique aujourd'hui son savoir-faire dans l'analyse vidéo et l'intelligence artificielle à des problématiques smart city. "Nous avons vu le RGPD arriver et nous sommes rendus compte que nous pouvions faire bien plus que de l'analyse publicitaire", raconte Xavier Fischer, cofondateur et PDG de Datakalab. Entre 2018 et 2019, la start-up s'est rapprochée de l'Institut des systèmes informatiques et robotiques de la Sorbonne pour développer de nouvelles applications. Plusieurs chercheurs ont rejoint l'entreprise, qui compte aujourd'hui 14 employés.

Pour se conformer au RGPD, Datakalab a développé des méthodes de compression des réseaux neuronaux d'analyse vidéo. Ce qui lui permet d'effectuer un traitement en edge computing, c'est-à-dire que le flux vidéo est analysé en local. Ainsi, aucune image n'est stockée sur des serveurs, assure l'entreprise. Seules les données provenant de ces analyses sont remontées. "C'est un garde-fou technique", explique Xavier Fischer. "Même si nous nous faisons hacker, il n'y a rien à voler à part des statistiques."

Pas de vidéos stockées

Les impératifs liés au coronavirus ont donné à Datakalab l'occasion de travailler sur une nouvelle application, la détection de port du masque. A la station de métro Châtelet à Paris, l'entreprise a branché sa technologie sur les caméras de la RATP pour évaluer la part des usagers portant un masque. Même chose à Cannes sur trois marchés et dans un bus. "Lorsque nous avons commencé nos mesures, le taux de port du masque était autour de 75%, il dépasse à présent les 95%", précise Xavier Fischer. Il assure que le système ne permet pas de détecter puis suivre quelqu'un qui ne porterait pas de masque. "Si vous passez devant une caméra sans masque alors qu'il n'y a personne d'autre, nous attendrons 15 minutes pour vous compter, afin de vous inclure dans un groupe avec d'autres personnes".

Outre le port du masque, Datakalab détecte aussi la distance entre les personnes, la formation de groupes, l'âge, le sexe, et le niveau de fréquentation d'un lieu. Elle peut aussi déduire le temps d'attente dans une file. Des solutions utilisées par l'Institut Raphaël, un centre de suivi post-cancer à Paris, mais aussi par le groupe Carrefour pour analyser les flux dans ses magasins. 

Compter tout ce qui bouge

Pour utiliser ses technologies, Datakalab fait commander à ses clients des ordinateurs qui sont ensuite paramétrés avec son code informatique puis connectés à leur réseau de caméras de surveillance. Si les caméras sont éloignées les unes des autres, un ordinateur est nécessaire pour chaque caméra. Dans le cadre d'opérateurs de transport, des machines sont installées directement dans leurs centres de données pour gérer une multitude de flux. Pour chaque flux de caméra analysé, Datakalab facture 100 euros par mois, avec des économies d'échelle pour les gros clients. 

Une fois la pandémie passée, la start-up, réfléchira à d'autres applications de sa technologie pour développer son activité, qui lui permet déjà de s'autofinancer (elle touche également des subventions et prêts de la région Ile-de-France). Par exemple le comptage de véhicules pour produire des analyses de trafic. "Nous pourrions le faire pour 300 euros par mois, il suffit d'entraîner nos algorithmes', affirme Xavier Fischer. Aujourd'hui, on peut remonter de données pour beaucoup moins cher qu'avant car le coût des caméras a baissé, et que le fonctionnement en edge computing évite un onéreux stockage cloud des vidéos." Tous filmés, tous comptés.