Sauvetage d'Atos : retrait de Onepoint, Kretinsky revient en force
Atos, autrefois leader incontesté de l'informatique française, traverse une crise financière profonde. Le récent retrait de Onepoint et de ses alliés a bouleversé les plans de restructuration, laissant le champ libre à Daniel Kretinsky, qui propose une nouvelle offre pour sauver le groupe.
Un retrait inattendu de Onepoint
Le 25 juin, le consortium mené par David Layani, comprenant Onepoint, Butler Industries et Econocom, a surpris tout le monde en se retirant des discussions de sauvetage d'Atos. "Les conditions n'étaient pas réunies pour conclure un accord ouvrant la voie à une solution pérenne de restructuration financière", a expliqué Onepoint dans un communiqué dans la nuit de mardi à mercredi.
Selon des sources proches du dossier, l'un des principaux soutiens financiers de Layani, le fonds Butler, a pris peur face à l'ampleur du sauvetage nécessaire, entraînant également Econocom dans son sillage.
Cette décision survient alors que le groupe était censé investir environ 170 millions d'euros pour détenir entre 20 et 30% du capital d'Atos. Les nouvelles exigences financières, liées à une baisse du financement en affacturage, ont porté ce besoin à plus de 500 millions d'euros, rendant la situation insoutenable pour le consortium. "Ils se sont pris un mur", a réagi une source du camp des créanciers auprès des Echos.
Les conséquences financières et stratégies de sauvetage
Le retrait de Onepoint a laissé Atos dans une position délicate. Le groupe, avec une dette de 4,8 milliards d'euros, doit maintenant trouver une nouvelle solution pour éviter la faillite. "L'équation financière ne fonctionnait plus", a rétorqué le camp de Layani, soulignant les besoins croissants en liquidités pour maintenir les activités du groupe.
Face à cette situation, Daniel Kretinsky, l'homme d'affaires tchèque, a renouvelé son intérêt pour la restructuration d'Atos. Il propose aux créanciers obligataires et bancaires de reprendre 49 % du capital d'Atos en échange d'un nouveau financement. Cette offre vient après que sa proposition initiale avait été écartée au profit de celle de Layani.
Les implications pour les actionnaires et l'Etat
Les actionnaires actuels d'Atos verront leurs parts drastiquement diluées, passant sous la barre des 0,1% après la restructuration. Cette dilution massive est aggravée par le besoin urgent de liquidités du groupe, estimé à 1,1 milliard d'euros pour 2024-2025.
L'Etat français, conscient des enjeux stratégiques, a négocié une convention pour protéger ses intérêts dans certaines activités d'Atos. Cela inclut les supercalculateurs utilisés pour la dissuasion nucléaire et les contrats avec l'armée française. Une offre de 700 millions d'euros a été faite pour reprendre ces activités stratégiques et sensibles, afin d'éviter qu'elles ne tombent entre les mains d'acteurs étrangers. Parallèlement, l'Etat a proposé un prêt de 50 millions d'euros pour soutenir le groupe.
Le sauvetage d'Atos reste incertain alors que les discussions continuent avec les créanciers et les banques. Daniel Kretinsky se positionne comme un acteur clé de cette nouvelle phase de négociation. La situation financière d'Atos, combinée à ses enjeux stratégiques, en fait un dossier complexe dont l'issue aura des répercussions majeures sur le paysage technologique français.