Taxis/VTC : la volte-face spectaculaire et scandaleuse du gouvernement, au détriment du consommateur
Le gouvernement se couche face aux revendications des taxis, au détriment de l'intérêt du consommateur, et de la création de dizaines de milliers d'emplois. Il clarifie ainsi sa vision d'une économie innovante et créatrice de valeur.
Lorsque nous (la Fédération Française de
Transport de Personnes sur Réservation – FFTPR) avons été invités il y 9 mois
pour entamer les discussions sur la professionnalisation de l’activité
récemment créée de VTC, il s’agissait de défendre des intentions parfaitement louables. Certaines revendications taxis étaient parfaitement légitimes, et
nous étions heureux de contribuer à l’évolution du cadre réglementaire :
mise en place de formations obligatoires, augmentation de la signalétique sur
les VTC, clarification des politiques tarifaires, renforcement des contrôles et
des sanctions contre les VTC exerçant la maraude…
Nous avons soutenu ces mesures car elles
allaient dans le bon sens.
Des démarches que nous avions parfois anticipées de
nous-même, comme la formation des chauffeurs ; si nous proposons à nos
clients des chauffeurs mal formés, ces clients ne reviendront pas, et dans un
business ou la récurrence d’utilisation est fondamentale, la pérennité du
modèle serait sévèrement remise en cause.
Alors que début juin 2013 les conclusions des ces
travaux allaient être rendues, les taxis ont menacé de prendre en otage la
Capitale encore une fois le 27 juin si le gouvernement ne cédait pas à leurs nouvelles recommandations, avec entre autres : un délai de prise en charge
de 2h (sic) et un augmentation de la TVA de 7 % à 19,6 % (alors que taxis et VTC
partagent la même fiscalité puisqu’ils exercent dans le même secteur d’activité).
Volte-face
Bien que la question du délai ait été suggérée
dès le début des négociations par certains taxis, elle avait été balayée d’un
revers de la main par les représentants du gouvernement lors des tables rondes
(« inapplicable, injuste, absurde »… en effet).
Après de nouvelles
rencontres en haut lieu, le gouvernement nous convoqua jeudi dernier pour nous
annoncer un nouveau décret : 15 minutes, sauf pour les clients abonnés/inscrits
depuis plus de 24h (ce qui de facto prouverait qu’ils ne prennent pas le VTC en
situation de maraude). Ils prirent même le soin d’appeler plusieurs
journalistes pour leur annoncer la nouvelle. Mais voilà que le lendemain à
22h58 (sic), le gouvernement publiait un communiqué lapidaire : plus
question d’abonnement, mais une exception uniquement pour les hôtels de luxe et
les congrès…
Et le consommateur dans tout ça ?
Il est au final le grand perdant. En protégeant une industrie qui fait peu pour se renouveler, mais beaucoup pour
protéger ses avantages acquis (parfois gratuitement – car la France est un des
rares pays où l’on donne les nouvelles plaques de taxis au lieu de les vendre)
le gouvernement pénalise le consommateur.
Étant donné que les temps moyens
d’approche sont de l’ordre de 7-8min environ, les conséquences sont les
suivantes :
- Disponibilité réduite (chaque course prendra plus de temps)
- Service dégradé (avec en moyenne, une attente ubuesque sur place avec le client de 7-8min)
- Prix des courses en hausse (si un chauffeur VTC peu faire moins de course à l’heure en moyenne, car il « gaspille » 7-8min sur place, il est obligé de gagner plus par course…)
Concurrence (dé)loyale ?
Mesure supplémentaire proposée par le
communiqué de vendredi : la création de 1000 licences supplémentaires à
Paris, mais avec une obligation de s’engager à travailler “lorsque la demande de transport est la
plus difficile à satisfaire, notamment la nuit, le vendredi et le samedi.”
Ce à
quoi Christian Delomel de la CSAT (Chambre Syndical des Artisans du Taxi) rétorque
qu’il ne faut pas « obliger les taxis à travailler le soir ou le week-end. »
Et qu’il « est préférable de les inciter à travailler sur ces
horaires afin d'optimiser l'offre des taxis”. Il propose plutôt « la
circulation de plus de VTC aux heures où la demande est la plus élevée.”
Les VTC
n’ont pas attendu une énième régulation pour se connecter principalement sur
ces créneaux horaires là. Parce que c’est à ce moment qu’il y a le plus de
courses…
C’est
donc ça la définition d’une concurrence loyale : on nous laisserait
travailler quand les taxis ne le veulent pas. Pourquoi ne pas l’avoir dit plus
tôt ? C’est parfaitement clair à présent.