Avec Catalogue, Transdev veut unifier l'open data du transport mondial

Avec Catalogue, Transdev veut unifier l'open data du transport mondial La multinationale française invite tous les acteurs de la mobilité de la planète à partager leurs données sur un portail universel pour faire naître de nouveaux services.

Créer un Wikipédia de la mobilité. Telle est l'ambition de Transdev, qui, face à la multiplicité des démarches open data, a créé Catalogue : "Des villes, des géants du secteur et même des start-up collectent et réutilisent les données chacun de leur côté et y dépensent beaucoup d'argent. Nous sommes convaincus que si nous mutualisons nos efforts sur une seule et même plateforme où les data sont mises en forme de la même manière et proposées gratuitement alors nous pourrons nous concentrer sur la création de services", explique Yann Leriche, directeur de la performance chez Transdev.

"Catalogue est un projet open source et a donc vocation à être amélioré par ses utilisateurs"

Ce projet mené dans le cadre de La Fabrique des Mobilités et lancé en octobre dernier à l'occasion du festival Autonomy se veut totalement ouvert : "Les API sont accessibles à tous et gratuites. Catalogue est un projet open source et a donc vocation à être amélioré par ses utilisateurs. Il n'y a pas de logique commerciale mais plutôt l'envie de créer une communauté de gens intéressés", précise-t-il.

Transdev vise un budget à l'équilibre pour Catalogue et travaille actuellement sur sa gouvernance pour permettre un financement par des dons. "Nous pourrions aussi proposer un service premium payant pour les gros consommateurs de data si cela nous oblige à un effort de développement informatique trop conséquent. Si cela devient une base de référence pour Google ou Apple, par exemple, il nous faudra des serveurs ultra-puissants et donc très coûteux", avance Yann Leriche.

"Nous pourrions aussi proposer un service premium payant pour les gros consommateurs de data"

L'entreprise veut aussi s'assurer que tout le monde joue le jeu de l'open data : "Nous envisageons de créer une licence de repartage de type ODbL pour obliger les utilisateurs des données de Catalogue à les repartager une fois qu'ils les ont enrichies. Une autre licence pourrait aussi leur permettre de payer pour ne pas se plier à cette règle", imagine Isadora Verderesi, directrice adjointe de la digital factory de Transdev.

En ce qui concerne les données, Transdev veut laisser une entière liberté aux contributeurs : "Nous les accompagnons en leur faisant un retour sur les data qu'ils apportent, pour s'assurer qu'elles soient conformes au cadre défini, mais nous n'avons pas vocation à aller chercher les données nous-même", explique Yann Leriche. Le transporteur s'est contenté de déposer une vingtaine de jeux de données statiques, notamment de plusieurs villes françaises et de New York, pour mettre en route le projet.

Depuis le lancement de Catalogue, seuls trois jeux ont été ajoutés par d'autres transporteurs. Mais le directeur de la performance de Transdev se montre confiant quant à l'avenir de la plateforme : "Nous sommes allés voir tous les professionnels du secteur, y compris nos concurrents directs, pour leur expliquer la démarche et les pousser à rejoindre le mouvement. La SNCF, la RATP ou même Keolis finiront par s'y mettre à court ou à moyen terme quand ils verront que la gouvernance est bel et bien ouverte."

"Fournir les data gratuites et uniformisées de tous les pays du globe favorisera l'émergence de trip planners efficaces et universels"

Tous ont selon lui un intérêt à y trouver : "Il n'existe aujourd'hui pas de calculateur d'itinéraire multimodal qui soit utilisable partout dans le monde. Fournir les data gratuites et uniformisées de tous les pays du globe favorisera l'émergence de trip planners efficaces et universels", affirme-t-il. "Nous imaginons aussi des outils comme une carte interactive qui puisse permettre aux transporteurs de simuler l'impact de la construction d'un nouvel arrêt de bus sur les temps de trajet et les coûts de fonctionnement, par exemple", poursuit Yann Leriche.

Et c'est selon lui tout le secteur du transport en commun et des nouvelles mobilités qui pourrait y gagner : "Il s'agit d'un acte militant qui vise à favoriser et à faciliter l'utilisation des alternatives à l'autosolisme."