Heex fait le tri dans les montagnes de données du véhicule autonome

Heex fait le tri dans les montagnes de données du véhicule autonome Cette société française a développé une API qui se connecte aux systèmes de détection des véhicules autonomes pour extraire les séquences utiles des teraoctets de vidéos enregistrées toutes les heures.

Le véhicule autonome est un gouffre à données. Avec ses caméras qui filment et enregistrent en permanence tout son environnement, afin d'analyser a posteriori son comportement et ses erreurs pour les corriger, il produit plusieurs teraoctets d'images par heure. A tel point qu'à la fin de la journée, le volume de données est si massif que les connexions Internet actuelles montrent leurs limites. "Il est plus rapide de retirer les disques durs des véhicules et de les envoyer par UPS au data center qui les recevra quelques jours plus tard que de les envoyer par Internet. Et à mesure que la flotte de véhicules autonomes grossit, le problème s'aggrave de façon exponentielle", explique Bruno Mendes Da Silva, co-fondateur de la start-up française Heex.

Ce dernier a commencé à développer en 2018 une technologie, qui, espère-t-il, aidera les acteurs du véhicule autonome à régler ce problème. Car il ne s'agit pas seulement de contourner l'hérésie technologique d'expédier des disques durs par la poste, mais aussi de permettre aux équipes de détecter plus rapidement une défaillance de leur programme pour éviter des accidents. Heex a conçu une API qui se branche aux véhicules autonomes et à leurs systèmes de perceptions. Lorsqu'ils détectent les situations auxquelles le véhicule n'a pas bien réagi, ou de nouveaux objets non identifiés (par exemple un changement de panneau), "la séquence vidéo d'une dizaine de secondes est envoyée sur le cloud et distribuée aux équipes de développement pour qu'elles puissent l'analyser immédiatement", détaille Bruno Mendes Da Silva. Ces séquences sont ensuite regroupées sur une plateforme qui les classe en fonction de leur nature.

Tiers de confiance

La start-up travaille avec Stanley Robotics, une autre jeune pousse française qui développe un robot autonome capable de garer des véhicules traditionnels, actuellement en test à l'aéroport de Lyon Saint-Exupéry, ainsi que le constructeur de véhicules électriques chinois Nio, qui planche sur un programme de véhicules autonomes avec Mobileye. Elle est en discussions avec plusieurs autres acteurs européens, ainsi qu'un Américain. Heex a également rejoint le programme dédié aux start-up du véhicule autonome de Microsoft, qui propose aux grands du secteur de nombreux services cloud dédiés. Le géant américain proposera ainsi à ses clients d'intégrer l'API de Heex à ses solutions pour véhicule autonomes basées sur le cloud Azure. Ses client paient un abonnement mensuel ou annuel par véhicule.

Dans un deuxième temps, Heex imagine d'autres applications à sa technologie. Elle pourrait par exemple servir de tiers de confiance entre une société de véhicule autonome et son client (par exemple un opérateur de transport), pour remonter de manière transparente les problèmes rencontrés et éviter ainsi les cachotteries. Elle souhaite aussi se rapprocher des producteurs de systèmes d'assistance à la conduite (ADAS), des versions plus rudimentaires de véhicules autonomes déjà commercialisées, et qui permettent le freinage d'urgence ou le maintien dans la voie. Heex pourrait offrir une fonctionnalité supplémentaire à ces systèmes, en téléchargeant automatiquement la séquence d'un accident, par exemple pour permettre à un conducteur de prouver qu'il n'est pas en tort. Fini de s'écharper sur le constat !