Pour éviter la panne de chauffeurs, Uber se convertit aux véhicules électriques

Pour éviter la panne de chauffeurs, Uber se convertit aux véhicules électriques En finançant l'achat de véhicules électriques, Uber s'assure la fidélité de ses chauffeurs jusqu'en 2024, tout en anticipant la future interdiction du diesel à Paris.

Uber le sait, la pression des régulateurs va s'accentuer sur les véhicules thermiques dans les grandes villes. Et la firme préfère anticiper, en ne faisant pas les choses à moitié : elle a annoncé ce 8 septembre un ambitieux plan de transition vers les véhicules électriques, qui doit lui permettre d'atteindre la neutralité carbone en 2040. En France, le groupe de VTC se donne comme objectif d'équiper 50% de ses chauffeurs en véhicules électriques d'ici 2025, contre 17% aujourd'hui. A partir de 2021, aucun nouveau chauffeur ne pourra s'inscrire chez Uber avec un véhicule diesel neuf. A partir de 2022, aucun véhicule diesel ne pourra être enregistré sur la plateforme par un chauffeur travaillant déjà sur Uber. Enfin, en 2024, les véhicules diesels seront bannis d'Uber.

Pour accompagner cette transition, Uber sort le chéquier. En France, le prix des courses augmentera de trois centimes par kilomètre début 2021. L'argent provenant de cette augmentation de prix ne sera pas soumis à la commission d'Uber et ira alimenter un fonds qui permettra aux chauffeurs de financer l'achat d'un véhicule électrique. Les fonds débloqués seront propres à chaque chauffeur en fonction des kilomètres parcourus et seront doublés par Uber au moment de leur utilisation.

75 millions d'euros investis

Ce sont donc 6 centimes d'euros par kilomètres qui seront générés par tous les chauffeurs Uber jusqu'en 2024, financés à moitié par les clients et à moitié par Uber, pour une enveloppe totale estimée par l'entreprise à environ 75 millions d'euros en France, et 800 millions d'euros dans le monde. Car ce plan est d'envergure mondiale mais avec différents niveaux d'ambition, selon la maturité des pays sur ces questions. Ainsi, l'entreprise souhaite arriver à 100% de véhicules électriques en 2025 au Royaume-Uni (contre 50% en France), où se sont développés d'onéreux péages urbains taxant les véhicules thermiques.

Uber a également noué des partenariats en France pour faciliter le passage à l'électrique. D'abord avec Renault et Nissan, qui doivent proposer des facilités de paiement pour l'achat de véhicules électriques via leur financière commune. Mais les deux entreprises sont pour l'instant incapables de dire dans quelle mesure, les négociations étant toujours en cours. EDF s'est de son côté engagé à proposer des poses de bornes de recharge électriques chez les chauffeurs à prix réduit, tandis que la société Power Dot mettra en place quatre stations de recharge rapide réservées aux VTC et avec tarifs préférentiels à Paris.

Le diesel déjà interdit par Paris en 2024

En France, cet engagement d'Uber relève à la fois d'une nécessité réglementaire et d'une opportunité économique. Car l'interdiction du diesel en 2024 sur la plateforme ne fait que suivre l'interdiction décidée par la ville de Paris à partir de la même année. Paris et sa banlieue représentant la très grande majorité des chauffeurs et clients français, Uber n'avait guère le choix. L'entreprise ne veut pas revivre l'époque de la loi Grandguillaume (2018), après laquelle elle avait dû désactiver des milliers de chauffeurs qui ne s'étaient pas mis en conformité avec la nouvelle réglementation, provoquant une augmentation des temps d'attente et des prix.

Par ailleurs, cette initiative renforce l'incitation des chauffeurs à travailler pour Uber. Puisque la loi les oblige à changer de véhicule tous les six ans et que le diesel sera interdit à Paris en 2024, nombre d'entre eux devront racheter une voiture dans les prochaines années. Et en roulant pour Uber, ils se constitueront à chaque course un pécule qui viendra financer l'achat de ce futur véhicule, ce qu'aucune autre plateforme ne propose en France. Renforcer sa part de marché et éviter l'effondrement de son offre, le tout en verdissant son image, cela vaut bien 75 millions d'euros.