Le Transport routier aussi doit être accompagné dans sa transition !

La menace de grève qu'ont fait planer les professionnels du transport routier de marchandises (TRM) à la rentrée, associées aux craintes de ce nouveau confinement, témoignent d'une inquiétude réelle du secteur.

Et pour cause, dévoilé par le Premier ministre au début du mois de septembre, le plan de relance de l’économie a promis une enveloppe colossale de 100 Mds € sur 3 ans pour sauver les secteurs les plus gravement touchés par la crise. Le secteur des transports n’est certes pas en reste, s’étant vu promettre 11,5 Mds, mais tous les segments ne profiteront pas de la même manière des largesses de l’État. Le ferroviaire se taille ainsi la part du lion avec pas moins de 4,7 Mds promis, suivi par l’aérien avec 1,9. Et le TRM ? Rien, ou presque. Du moins aucune mesure notable véritablement dédiée au TRM, en dehors de promesses d’aide à la conversion ou la refonte des infrastructures routières. La belle affaire. Les organisations professionnelles s’en sont d’ailleurs fortement émues dernièrement, sans suite pour l’heure. De fait, le secteur du TRM fait aujourd’hui figure de grand oublié d’un plan de relance consacré, et de manière tout à fait louable à l’émergence et au développement d’initiatives plus "green" pour entrer dans ce nouveau monde post-crise. Si l’affaire semble injuste en premier lieu, elle tient surtout à une méconnaissance réelle de ce marché, ses acteurs, ses réalisations et ses ambitions plus que jamais tournées vers une transformation durable.

Entre autres enseignements, la crise aura su nous rappeler le rôle fondamental joué par le TRM pour assurer la continuité du fonctionnement de notre société. 97% des Français sont ainsi convaincus qu’il a joué un rôle important durant le confinement[1]. En approvisionnant les hôpitaux, les commerces ou encore en soutenant le e-commerce via l’acheminement continu des livraisons à travers le pays, ses professionnels ont assuré leur mission avec détermination et confiance, et ce malgré le risque sanitaire. Une constance qui ne l’a pourtant pas empêché d’être fortement impacté, lui aussi, par le ralentissement économique : 1 camion sur 2 n’a pas roulé durant le confinement, 30% des entreprises ont stoppé leur activité en mars et avril, et 85% ont eu au moins un arrêt partiel[2]. Au début du printemps, on estimait ainsi les pertes à hauteur de 25% du CA pour plus de ¾ d’entre elles. Au premier rang des victimes, les petites entreprises : 36% d’entre elles étant totalement à l’arrêt. Bref, si l’on associe à cela les surcoûts provoqués par les kilomètres à vide, les réorganisations de personnels, d’itinéraires et les heures supplémentaires, les comptes n’y sont plus.

Or, si les ambitions du Gouvernement portent essentiellement, pour accompagner le rebond économique, sur la durabilité de l’ensemble des industries à soutenir, alors le TRM n’a aujourd’hui pas à rougir de ses efforts et rien à prouver pour obtenir sa part du gâteau. Conscient également de son grand rôle à jouer dans la transition écologique et énergétique, il s’engage en effet depuis plusieurs années maintenant dans la construction et la mise en œuvre d’initiatives allant dans le sens d’une réduction de son impact sur l’environnement. EVcom, Fret21 ou encore Objectif CO2, dispositifs du programme d’Engagements Volontaires pour l’Environnement destinés aux chargeurs comme aux transporteurs, témoignent des actions concrètes engagées par les professionnels français du secteur pour réduire leur production de gaz à effet de serre. Ainsi, à lui seul, Objectif CO2 aurait permis d’éviter plus de 15 millions de tonnes de CO2 depuis 2008, et on estime à 60% la part des poids lourds circulant en France aux normes européennes d’émissions les plus restrictives. Sans oublier le projet européen Lean&Green destiné aux acteurs de la Supply Chain et qui a déjà réuni l’engagement de près de 500 entreprises engagées à réduire leurs émissions d’au moins 20% d’ici 2022. La transition numérique en cours de la profession, en permettant de réduire les kilomètres à vides, mutualiser les chargements et optimiser les trajets, soutient la démarche de transformation.

A n’en pas douter donc, le secteur a pris la mesure du défi qui se pose à l’ensemble des industries aujourd’hui appelées à se transformer pour tous nous protéger. Une mesure légitimant aujourd’hui son appel, non pas au secours mais au soutien et à la reconnaissance de ses actions engagées jusqu’alors dans la course mondiale contre le réchauffement climatique. Le TRM est à la hauteur, les pouvoirs publics doivent également l’être !

[1] Sondage Odoxa réalisé pour la FNTR, Le transport routier de marchandises durant la crise sanitaire, juin 2020

[2] Syndex, Crise du Covid-19 : impacts et enjeux pour le transport routier de marchandises, septembre 2020