Pour des JOP 2024 emblématiques, faisons le pari du vélo !

L'organisation durable de l'édition 2024, qui se tiendra à Paris, est ainsi devenue un défi et une priorité pour le comité olympique. Le transport représente une part importante des émissions de gaz à effet de serre de ce type de rendez-vous, quelles solutions ?

Alors que l’Euro de football était réparti entre plusieurs pays hôtes, le sujet de l’empreinte carbone des compétitions sportives est plus que jamais sous le feu des projecteurs. Bien que les Jeux Olympiques et Paralympiques de Tokyo, ont débuté exceptionnellement « sans spectateur », les JOP – plus grands événements sportifs au monde – ont en la matière un rôle modèle à tenir. L’organisation durable de l’édition 2024, qui se tiendra à Paris, est ainsi devenue un défi et une priorité pour le comité olympique comme pour les différents acteurs du territoire. Alors que le transport représente une part importante des émissions de gaz à effet de serre de ce type de rendez-vous, la compétition pourrait être une occasion unique de permettre à la France de remporter la médaille d’or des mobilités douces et actives (avec le vélo comme porte-drapeau !) mais aussi et surtout d’accélérer les politiques publiques pour laisser un véritable héritage cyclo aux franciliens.

Le vélo à l’épreuve des JOP bas carbone

3,5 millions de tonnes, c’est en moyenne le (lourd) poids du carbone émis dans le cadre des derniers Jeux Olympiques et Paralympiques (Londres en 2012 et Rio en 2016)[1]. Si l’édition de Tokyo, à venir cet été, se veut un peu plus sobre -grâce notamment à la mise en place de programmes de compensation carbone - Paris souhaite organiser en 2024 les Jeux les plus durables de tous les temps. Or, outre les constructions de sites et leurs approvisionnements énergétiques, les déplacements générés par les JOP constituent un levier d’action majeur pour réduire l’impact environnemental de l’événement, et ainsi remplir son objectif de neutralité carbone.

Avec entre 15 et 20 millions de visiteurs attendus, le sujet de la mobilité sera crucial pour le bon déroulement de ce rendez-vous sportif mondial. Un enjeu de taille sur un territoire très dense (Paris étant la 6ème ville la plus dense au monde, juste derrière Bombay ![2]) et majoritairement urbain, où le réseau de transports en commun est d’ores et déjà saturé. Quand on sait par ailleurs que 5% de fréquentation en plus sur la ligne 13 du métro parisien aux heures de pointe équivaut à 4 voies de circulation, il semble tout bonnement impossible - tant d’un point de vue écologique que pratique - d’imaginer reporter la hausse des voyageurs durant la période des Jeux sur le réseau routier. Le vélo, mode doux par excellence, a ainsi tous les atouts pour être le moyen de transport emblématique des JOP de 2024.

La préparation pour des JOP à vélo performant

Organisateur du Tour de France, marque vélo la plus connue au monde, l’Hexagone a de longue date une image forte autour du deux-roues cyclable. Axer la stratégie mobilité des Jeux de 2024 autour du vélo permettrait ainsi à la France de faire de ce dernier un véritable vecteur de soft power à l’international, à l’instar de la stratégie menée par les Pays-Bas depuis quelques années, grâce aux travaux d’aménagements initiés dès 1970. Mais pour permettre à la petite reine de rejoindre la première place du podium de la mobilité en 2024, le chemin est encore long.

Cela tient en premier lieu à la création de nouvelles infrastructures cyclables, à travers la mise en œuvre des engagements politiques municipaux et régionaux sur le sujet et le suivi des projets portés par les associations vélos locales (Plan Vélo, RER V à l’échelle métropolitaine avec liaison francilienne, Vélopolitain…). Il est également essentiel de penser - via un système de cartographie très fin - la création de parking vélo à quelques centaines de mètres des sites olympiques. Il s’agit enfin de garder à l’esprit que nous ferons majoritairement face à un public étranger, qu’il s’agira de guider, aussi bien via une signalétique précise que par des applications GPS dédiées.

Si 2024 peut sembler loin, c’est dès à présent que ces projets doivent se concrétiser, de sorte à permettre le temps de l’analyse. Nous avons la chance d’avoir, pendant 3 ans encore, un terrain de jeu grandeur nature pour comprendre - grâce à la mise en place de compteurs vélo et de solutions analysant par exemples les axes les plus empruntés ou les origines-destinations pour réaliser des prédictions - comment seront utilisés ces nouveaux aménagements cyclables et comment ils peuvent être améliorés, pour répondre aussi bien aux flux supplémentaires générés par les JOP qu’à un usage quotidien et multimodal.

Aux JOP comme à vélo, l’important c’est de participer

Si accélérer la création d’aménagements cyclables reste le moyen le plus efficace de développer l’usage du vélo, ce dernier n’est pas le mode de transport le plus spontanément emprunté par les visiteurs pour se rendre sur les différents sites sportifs. Preuve en est : en France, lors de l’Euro 2016, seul 10% des supporters se sont rendus dans les stades en vélo ou à pied[3]. Il convient donc de mettre en place divers mécanismes d’incitation à la pratique, par exemple via un système de gamification encourageant à enfourcher un vélo et prolongeant l’expérience olympique même en dehors des épreuves sportives. Ce type d’activations digitales, outre l’aspect incitatif, a un énorme potentiel de mise en avant des valeurs et objectifs du territoire autour du deux-roues. 

Mais aujourd’hui encore, notamment en France, le vélo souffre d’un manque de représentation et d’une image parfois militante, freinant le développement d’un usage massif et pérenne. La voiture reste, elle, malheureusement liée à l’impression de pouvoir et de confort. C’est donc désormais à nos dirigeants et aux personnalités publiques d’incarner ces modèles, et ainsi de permettre de banaliser la pratique du vélo… jusqu’à en faire le moyen de transport phare des JOP 2024 comme du quotidien des citadins !

[1] Direction Générale du Trésor, Ministère de l’Économie et des Finances

[2] INSEE

[3] UEFA